Russes; cette réunion sera d’autant plus prompte, que, de toutes
les mers, la Baltique paraît être celle dont rabaissement continuel
de niveau est le plus sensible. En 1743, Celsius, de l’académie
de Stockholm, fit remarquer les traces évidentes de cet
abaissement sur des rochers qu’on se rappelait fort bien avoir
été couverts jjar la mer, et qui déjà s’élevaient de plusieurs pieds
au-dessus de sa surface. Les côtes y présentent d’ailleurs, vers
le Midi, de grands étangs qui ne communiquent presque plus
avec le reste de la mer, ou qui ne participent à sa suture, très-
taible, que par des passes tellement étroites, qu’on peut prévoir
à quelle époque toute communication doit demeurer inter-
ce])tée. La végétation de ces lieux, soit au fond des eaux, soit
sur les rivages, se ressent en quelque sorte de la petitesse d’un
bassin, où la nature est comme appauvrie. L’éclat des couleurs
n’y revêt guère aucune production, et la Faune ainsi que la
Flore marine y sont composées de peu d’espèces dont aucune
n’est considérable par ses dimensions; tandis que la Faune et
la Flore, sur les rives arctiques et adossées de Norwège, ne
laissent pas que d’étre encore variées à travers une physionomie
toujours austère.
3“ M é d i t e r r a . n é e E r y t h r é e n n e ou M e r R o u g e , séparant
f Afrique, ou ancien continent austral, de l’Asie, qui n’est pour
nous quune partie de l’ancien continent boréal^ est l’une des
méditerranées les plus étroites. Elle n’a guère que soixante-dix
lieues de l'Est à l’Ouest, sous le tropique du Cancer qui la traverse,
et quatre-vingts lieues dans sa largeur la plus considérable,
entre fAémen et les confins septentrionaux de l’Abyssinie,
Sa longueur, prise du Nord-Ouest et du fond de la corne de
Suez jusqu’au détroit de. Babel-Mandel, par le Sud-Est, se trouve
d environ dix - huit degrés en latitude. La température de ses
eaux est très-élevée, parce qu’elle s’étend entre des plages brûlantes,
(jue ne mettent à l’abri des Vents du désert ni hantes
montagnes ni forêts épaisses, et que ne rafraichit le tribut
d’aucun fleuve. Cette absence de tout affluent d’eau douce
pourrait faire présumer que la salure y doit être plus considérable
qu’en toute autre mer ; ce fait cependant n’a [joint été
établi. Son peu de ¡»rofondeur est encore une cause de tiédeur.
Des récilÈ et des brisans nombreux y rendent la navigation fort
difficile; et quoique, de tem|js immémorial, on n’y ait pas
observé une diminution visible, elle doit s obstruer néanmoins
d’une manière assez prompte par la succession des familles ma-
dréporiques qu’elle nourrit en très-grande abondance. Le nombre
des productions hydropbytologifpies qui nous en est connu,
et qui ne laisse pas que d’être considérable, nous a prouvé que la
mer Rouge, déjà remplie de caulerpes , de sargasses et de polypiers,
identiques avec des productions pareilles venues des
mers de Corée, de Chine et de la Polynésie, avait [jlus de
rap[Jort par ses productions naturelles avec la cinquième
méditerranée dont il sera parlé tou t -à -l’heure, et qui en est
cependant séparée par toute la largeur de l’Asie, qu’avec la
Méditerranée proprement dite, qui n’en est pas à vingt lieues,
en comptant de Suez au fond du lac Menzaleh ; éloignement
que semble encore diminuer- la présence des lacs amers de
Temsali, qu’on trouve aux deux tiers ou à moitié de la distance
de l’un à l’autre de ces points. Ce que nous venons d’établir ici
nous [larait mériter la plus sérieuse attention, et nous engageons
les naturalistes géographes à y réfléchir. En effet, la Méditerranée
proprement dite, ayant évidemment, comme nous
l’avons prouvé dans nos'précédents ouvrages, et lorsque le détroit
de Gibraltar n’existait pas, eu son niveau beaucoup plus
élevé qu'il ne l’est aujourd’hui, la Méditerranée devait originairement
communiquer avec la mer Rouge, puisque f isthme de Suez,
selon le nivellement des ingénieurs français de l’immortelle et
glorieuse expédition d’Égypte, n’a que très-peu d'élévation par