CHAPITRE PREMIER.
A G AMI E .
DESCRIPTION DES VEGE TAUX DEPOURVUS DE S E X E , RECOLTES PAR
MM. D U R V IL LE ET LESSON.
HYDROPHITES.
O R D R E P R E M I E R . ---- V A R E C S , FuCi.
L e s agames de cet ordre d'hydrophites, dont les formes sont
presque phanérogamiques, se composent presque toujours de
tiges et de feuilles, ou plutôt de frondes foliacées. I.es tiges y
sont beaucoup plus compliquées dans leur organisation qu on
ne l'avait cru jusqu’à ce jour; ce que l’on verra quand il sera
question de la famille des laminariées, tant enricbie par les
voyageurs de la Coquille. Des ampoules ou vésicules remplies
d’air se trouvent ordinairement dans quelque partie de leur
étendue, soit que ces ampoules dilatent les pétioles des frondes
ou feuilles, soit qu’elles se développent dans la substance même
de celles-ci. La fructification consiste en propagules, appelés
granules par Lamouroux, et qui sont contenues dans des gongyles
enveloppés à leur tour dans une mucosité que renferme
ordinairement un prolongement des lames de la fronde. Le
tout détermine, soit aux extrémités , soit sur la surface de ees
frondes, des renflements distendus et granuleux, variant de
forme selon les genres et les espèces de varecs, et qui, venant
à se rompre à l’époque de la maturité, émettent leur mucosité
interne, d’où s’échappent, durantla dissolution, les corps
reproducteurs, lesquels, allant se fixer sur d’autres agames
aquatiques sur les rochers, ou sur les coquilles, s y développent
en formant un petit empâtement d’où, s’élèvent d’abord autant
de petites expansions membraneuses et à tissu d ul ve, qu il existait
de propagules dans le gongyle. Chacune de ces expansions peut
devenir la tige ramifiée d’un grand individu; mais ordinairement
chacun de ces individus demeure attaché au même empâtement
que tous ses pareils provenus des autres propagules
qui furent captifs avec lui. Peu de varecs sont ornés de brillantes
couleurs; le fauve ardent, le brun plus ou moins foncé,
le noir même avec quelques nuances d’un vert obscur, sont
leurs teintes ordinaires ; leur substance est coriace, faite pour
résister à la plus grande violence des vagues. Ce sont les végétaux
marins les plus répandus des tropiques jusques aux cercles
polaires, surtout depuis le quarantième degré jusqu’au soixante-
dixième environ. Les esjièces s’y multiplient princijialement sur
les rochers au-dessous des limites des basses marées, ou découverts
par celles-ci; ils donnent à ces rochers la teinte sombre
d’où résulte l’aspect si triste de la plupart des côtes pierreuses.
Presque tons nos ports en sont encombrés, et plusieurs persévèrent
assez avant dans l’embouchure des grands fleuves.
Nous en répartirons les espèces dans les trois familles suivantes
; savoir, les L a m i n a r i é e s , les F u c a c é e s et les C y l i n d r a c é e s .
Famille des L a m i n a r i é e s , Laniinariæ.
Les agames de cette famille avaient jusqu’ici été confondus