du Nord; mais, comme il n’y existe pas de plages hospitalières
sur lesquelles ces oiseaux singuliers éprouvent la nécessité de se
transporter alternativement, que tout y demeure monotone et
pareil autour d’un désert glacé, sans plantes et presque sans
poissons, les manchots, demi-poissons eux-mêmes, n’ayant pas
besoin d’ailes pour entreprendre de longues migrations, la nature
économe ne leur en a point donné,
Coojc le premier, et divers navigateurs hardis sur ses traces,
ont essayé de trouver quelques points abordables a travers les
éternels frimas de ces parages, où le ciel n’a guère qu’un jour
et qu’une nuit, où la surface du globe présente moins d’eau <jue
de glaçons. Ces tentatives n’ont produit aucun résultat; et, lors
même qu’on eût, à travers mille périls, découvert enfin des ports
sur quelques terres antarctiques, de quelle utilité eussent été
de pareilles rencontres ? quelle colonie d Esquimaux ou de
Lapons eùt-il été bon d’y transplanter? Quoi qu’il en soit, si
nulle côte ne borne, à proprement parler, l’océan qui nous
occupe, si nvdle ligne de bas-fonds ou autres accidents terrestres
n’en indiquent géographiquement les marges qui ne s’arrêtent
pas au cercle polaire, quelques hydrojthites et diverses cohortes
vivantes établissent ses limites naturelles ; (;es limites se propagent,
toujours en suivant une ligne sinueuse dans son pourtour, et
ne s’en éloignent guère vers le Nord que ])0ur chercher des climats
plus doux. Nous avons vu l’albatros avertir les matelots
([u’ils quittaient l’Océan Atlantique [jour voguer sur les confins
(le l’Océan Antarctique ; les pingoins et toujours les manchots
se reproduisent sur la plupart des côtes qui regardent celui-ci.
Une multitude de phoques y viennent, avec les callorynques,
[jaitre des macrocystes et le feuillage d’autres arbres marins,
(jui s’élèvent du fond à la surface (les mers au point d arrêter
les rames de l’esquif. \jeDurviUoe utilis, le laininalaria buccinaris,
les Lessonies, sont encore [jropres à la ligne de démarcation
qui vient d’être tracée; mais de telles productions s’avancent
parfois le long des côtes occidentales des points du nouveau
et de fancien Monde ; fait de géographie aquatique des plus remarquables
, que personne n’annota et qu’on retrouve dans la
botanique des continents, où l’on voit diverses productions
végétales s’égarer, le long de certaines côtes ou chaînes de montagnes,
hors de la zone où elles croissent habituellement.
4° UOcÉ-AN I n d i e n . Cette partie de l’O céan, appelée simjjle-
ment M e r d e s I n d e s sur ces map|iemondes où les noms d’océan
grand et petit furent si prodigués, confine vers le Sud avec
l’océan qui vient de nous occuper, en suivant la courbe qu’on
tirerait du Midi de l’Afrique à la terre de Leuwin [lar les côtes
septentrionales de la terre de Rerguelen ; les rives africaines de
l’Est le bornent à l’Occident; les rives occidentales de l’Austra-
lasie au Levant ; et les îles de la Sonde, les plages de l’Inde, de
la Perse avec celles de l’Arabie, le contiennent au Septentrion.
Madagascar et Ceylan y sont comme des fragments de continent
détachés; les îles Trials, des Co(tos, de Nicobar, d’Andaman,
de Chagos, Maldives, Laquedives, Rodrigue, de France, Mas-
careigue, des Séchelles, de Comore et Socotora, y forment des
archipels ou des terres isolées, sur lesquels la végétation et les
animaux présentent, outre la physionomie commune aux climats
chauds, un aspect particulier qui tient à la fois de l’africaine
, de l’asiatique et de l’australasienne. Ici, le calme est l’état
habituel des flots, la plupart du temps si tranquilles, que leur
surface paresseuse, unie comme un miroir, mérita à l’Océan
Indien le nom de mer d’huile, que lui donnèrent les matelots
de tous les pays. Lorsque des ouragans épouvantables, mais
très-rares, n’y viennent [jas troubler la sérénité habituelle, ce
sont des vents réglés appelés moussons qui y régnent. Les côtes
de ce vaste bassin prodiguent ou peuvent donner les plus précieuses
productions qui soient au monde ; car la mer y nourrit