ra|)port aux deux mers voisines. Ces deux méditerranées com-
innniquaient donc par la dépression, dont l’antiquité profita
pour établir un canal que la barbarie a laissé disparaitre sous des
monceaux de sables. Nous prouverons, dans un ouvrage qui
doit incessamment être livré à l’impression, que le détroit de
Babel-Mandel, au contraire, n’existait primitivement pas plus
que le détroit de Gibraltar ; c’est où se voient maintenant les
rochers à pic qui encaissent cette brisure, que se trouvait le
point de jonction de la péninsule Arabique avec le continent
Africain ; car l’Arabie faisait partie de ce continent africain,
an levant, comme la péninsule Ibérique en faisait originairement
partie vers l’extrémité opposée. Lors de cette jonction de deux
mers, aujourd’hui désunies, les productions de l’une et de l’autre
devaient être à peu près identiques. Depuis leur disjonction, quel-
cpies hydrophites, quelques polypiers, quelques poissons, sont
demeurés communs à l’une et à l’autre; mais des productions
toutes différentes s’y sont développées, et elles l’ont fait en plus
grand nombre dans celle qui demeurait nécessairement la plus
chaude ; ces productions ont imprimé à la Méditerranée Erythréenne
une physionomie nouvelle. A ce sujet, nous rappellerons
un fait important que nous avons consigné avec détails dans
l’article Ceé.vtion du Dictionnaire classique d histoire naturelle
« Ayant placé des corps organisés, propres à divers points les plus
éloignés du globe, dans des vases en cristal remplis d’eau, nous
avons vu dans leurs infusions se développer quelques micros-
co|)iques communs à toutes, outre un certain nombre d’espèces
exclusivement propres à chacune. Ayant mêlé de ces infusions,
quelques espèces de microscopiques y ont disparu, plusieurs
y ont jjersévéré, et il s’en est formé de nouvelles très-différentes
des premières. La nature ferait-elle (juelquefois en grand
Tom. V , pag. 46-
ce que nous avons fait en petit dans nos expériences? et nos
expériences seraient-elles en diminutif la répétition de ce qui
eut lieu dans le mélange de la Méditerranée Erythréenne avec
l’Océan Indien? O Jehoval quain ampla sunt tua opérai
On a beaucoup discouru sur l’étymologie du nom d’Erythrée
ou Rouge, donné à la méditerranée dont il est question; on
a cru récemment en trouver la raison dans l’abondance des
petits entomostracés vivement colorés , qu’on dit s’y multiplier
parfois en si grand nombre, que les eaux en paraissent changées
en sang comme au temps où Moïse et les magiciens de
Pharaon étendaient leurs verges également puissantes sur ces
calamiteuses contrées. Le fait n'est cependant pas complètement
prouvé, et il se pourrait que ce nom de mer Rouge n’eùt pas
de raison plus raisonnable que ceux de mer Noire, de mer
Blanche, ou de mer Vermeille, donnés à d’autres parties de
la mer.
4" M é d i t e r r a n é e ou G o i .e e P e r s i q u e . .On peut encore considérer
ce prétendu golfe comme une véritable mer intérieure,
qu’un seul détroit unit à l’Océan. Cette méditerranée dut être
originairement plus grande de toutes les plaines mésopota-
miques, formées par les transports de deux immenses fleuves
qui dépouillèrent les pentes méridionales des mots Taurus et
du Kurdistan des sédiments dont ils ont encombré leurs bassins.
A cette diminution près, qui semble continuer de nos jours,
la Méditerranée Persique présente de grands rapports avec la
précédente ; mais elle a été encore fort peu observée par les
naturalistes. Les productions, excepté ses perles, en ont été fort
peu recherchées. On doit remarquer qu’on y trouve, ainsi qu’au
voisinage de la mer Rouge, des volcans brûlants ou éteints, qui
ont pu respectivement contribuer à la formation , soit, du détroit
d’Ormutz, soit de celui de Babel-Mandel.
5° M é d i t e r r a n é e S i n i q d e . Des personnes habituées à n’ad-
Voyage de la Coquille. — Botanique. ^