les jirofbiideurs de l’Océan, soit sur les continents on les îles,
qu’on n’en pourrait citer qui se retrouvassent d’un pôle à l’autre,
sans la moindre solution de continuité dans leur ligne de dissémination.
Toutes les productions de la nature ont leur zone plus
ou moins large ou sinueuse, dans la largeur variable de laquelle
on les voit se propager, soit comme en société, soit isolément
, mais selon diverses inclinaisons sur tous les cercles de
la sphère ; de sorte qu’il est telle créature qu’on retrouve de
Terre-Neuve aux lies Malouines, ou de Botany-Bay au Japon,
tandis que d’autres, existant au Chili, se retrouvent dans notre
Europe, en passant par les îles de la Société, les -îles de la Sonde,
le Napaul, les îles de France et de Mascareigne, le cap de Bonne-
Espérance, les côtes de Cuinée et la péninsule Ibérique; d antres,
cependant, d’ordinaire fidèles à l’équateur, font çà et Là des
pointes assez loin en dehors des lignes solsticiales ; d’autres enfin
se trouvent sur des points opposés du globe, et sont comme
antipodes les unes des autres, sans avoir leurs pareilles sur aucun
point de l’espace qui les sépare ; mais nous n’en connaissons
pas à cjui les lois sous l’influence desquelles s’opère la dissémination
aient interdit la faculté de s’écarter de quelque demi-
degré d’un parallèle ou d’un méridien quelconque. Les productions
de l’Océan étant astreintes aux mêmes règles de sinuosité
et d’éparpillement, nous trouverons, dans la manière dont les
principales sont répandues dans rimmensitë des mers, les raisons
d’après lesquelles on doit baser une nouvelle division de
la surface de ces mers; mais auparavant nous croyons utile de
montrer, par quelques exemples, combien était vicieuse la nomenclature
employée jiisc[ii’à ce jour. Ce qu’on appelait Grand-
Océan , d’où l’on avait appelé Océanie l’archipel qui s étend a
l’Est de la Polynésie, n’est pas plus grand, ni même si grand
que les autres océans. Le Grand-Océan Boréal, qui n est pas
non plus fort étendu, méridional par rapport à de vastes parties
lie l’Asie et de l’Amérique, n’était réellement boréal que par
rapport à une petite étendue du tro|)ique du Cancer, tandis que
l’Océan Atlantique, que l’on ne nommait cependant jamais
grand, était le plus grand de tous, etc., etc.
Nous admettrons seulement, d’après la nature de leurs productions
naturelles, cinq grandes régions océaniques.
j ” L ’O c é a n A r c t i q u e , boréal en réalité par rapport à l’universalité
du globe ; le pôle Arctique en sera le centre; les côtes
d’Islande , d’Ecosse, de Norwége, de Russie, de l’Asie et de
l’Amérif[uc du Nord, en seront les rivages; les îles Féroer, du
Spitzberg, de la Nouvelle-Zemble et Liakof, en composeront les
archipels.. Le Groenland serait sa plus grande terre, s’il est décidément
vrai que le détroit de Davis se prolonge au-delà de la
baie de Baffin et le sépare entièrement du continent américain.
Cet océan communiquera avec les autres par le détroit de
Béring, peut-être par la baie de Baffin, comme il vient d’être
dit, enfin par le canal plus large, qui s’étend de la mer des
Esquimaux aux rivages écossais. Des amas éternels d’eau congelée
paraissent en occuper le milieu, comme une terre ferme,
désolée , silencieuse, mais éblouissante aux rayons, sans fécondité,
d un jour de six mois, auquel succède une nuit non
moins longue, et dont ce phénomène météorique, connu
sous le nom d’Aurore boréale, ne saurait diminuer l’horreur.
Des montagnes de glace s'en détachent parfois, et flottent
jusque sur les confins des mers limitrophes. Des brumes presque
continuelles s’échappent de sa froide surface. Quelques grands
cétacés, entre lesquels se distingue le narwal, sont les mammi-
tères de ces austères parages, avec des ours blancs et des morses,
dont le froid semble être 1 élément. On n’y voit ]>oint de ces aca-
lèphes libres de forte dimension, si communs dans les zones
chaudes. Les médusaires y sont presque microscopiques, et
nombreux au point d’y épaissir les flots où ces animalcules