X X X I I . Spongodie , Spongodium.
Ce genre est l’un des plus nature ls; et quelles que soient
les formes très-différentes des espèces dont il se com p o s e , ces
espèces p r é s en ten t, par leu r cou leu r d’un v er t som b re , par
leur consistance pa rticu liè re au to u ch e r , ainsi que pa r la mucosité
qui les en v iron n e , des analogies frappantes qui ne perm
ettent i>as plus de les é lo ign e r les unes des autre s , que d’in troduire
parmi elles des v ég étau x q u i n ’auraient pas leu r consistance,
leu r m uco s ité, ou leu r teinte lu isan te , qu oiqu e sur un
tissu d’apparence spongieuse. On soupçonna d’abord de l ’animalité
dans celle des Spongodies qui fu t décrite la jiremière, et
Linné en fit &o\\ AIcjonium Bursa. En a yant rapproché le Fucus
tomentosus de plusieurs a u te u r s , O liv i forma de ces deux
plantes un genre Lamarckia, qui fut adopté par L amo uroux ,
mais dont le nom dut être changé, pa rce qu’il existait déjà dans
la pbanérogamie un g enre dédié au Linn é français, M. A g a rd h ,
sans avoir éga rd à l ’antérior ité de la dés ign ation très-significative
imposée pa r le savant [irofesseur de C a e n , et sans donner
la moindre raison p o u r ju s tifie r les motifs de son in n o v a tion ,
a vo u lu substituer le nom de Codium à ce lu i que nous ré ta blissons
ici. Mal inspiré en tou t ce qui concerne le genre Spongodium,
il a essayé d’y introduire les Flabellaires de M. Lamo u rou
x , qui n’y ont pas plus de ra|iport [lar leu r organisation
que par leu r consistance. On ne pouv ait im ag ine r une chose
[dus malheureuse qu’un tel ra|)[irochement, si ce n’est la des-
eri[)tion donnée [lar M. Ag a rd b des caractères attribués à
son g en re factice. T u rn e r avait cejiendant pub lié d’excellents
détails sur l ’o rg anisatiou des Spongodies dans la Pl. C X X X V ,
où il représenta l’une des pr incipales espèces du genre avec
sa fructification en L. Nous a vons, après le savant algologue
a n g la is , étudié avec soin l’organisation des espèces du genre
(|ui nous oc cu p e ; nous en avons dessiné de n ouveau les détails
avec tout le soin p o s s ib le , et les figures que nous en
avons faites ont été communiquées à M. T u rp iu , q u i, en citant
la source d ’oti elles lu i v enaient, les a ju g é e s dignes d’être gravées
dans son m agn ifique Atlas du Dictionnaire des Sciences naturelles,
oiieWesyew/eut étveconiViltées par qui voudra se former une
idée des ca ractères du genre Spongodie. Ces ca ractères furent
très-mal établis en ces termes [lar le fon dateur du genre : Graines
éparses dans tou te la substance de la p lan te , pr incipalement à
l’extrémité des filaments qui cou v ren t sa su r fa ce ; et Terreur
est d’autant moins facile à con c e vo ir , que, Lam o u ro u x n ’eiit-il
jamais examiné une Spongodie pa r lui-même, la figure D citée
ci-dessus de T u rn e r e x is ta it, et devait lu i servir de règ le. Q u o i
qu ’il en soit, M. A g a rd h n’a pas été plus h eureu x dans l’imposition
de ses caractères ; nous établirons autrement les nô tre s,
qui consistent dans des u tricules simples en forme de massues
jnxta-posées et pressées les unes con tre les a u tre s , formant
[lar leu r extrémité obtuse la surface muc[ueuse des expansions,
réunies pa r leu r extrémité inférieure en un tissu spongieux,
au m oy en des filaments simples ou ramifiés qui eu émanent.
La fructification consiste en gon g yle s opaques, très-apparents,
ovo ïde s, amincis en p o in te , extérieurs aux u tr icu le s , au dos
des([uelles ils sont fixés pa r leu r partie in fé rieu re rétrécie
en pédoncule. Les u tricules sont tan tô t remplies d’une m a tière
mo lé culaire co lo ran te , tan tô t h yalin e s e t v itré es daus
leur partie inférieure qui est fin te rn e ; ce n ’est q u ’à leu r
extrémité obtuse et externe qu’elles restent vertes. Elles ra yon n
ent, pou r ainsi d ire , du centre à la circonférence. La pression
qu'elles exercent les unes sni' les autres est la cause de
cette élasticité [larticulière que présentent les S p on god ie s ,
élasticité au mo y en de la q u e lle , lo r squ ’on coupe u n de leurs
ram e au x , ou lorsqu'on entame la substance de celles qui ne
Voyage de la Coquille.— Botanique. 27