et (|u’elles pouvaient vivre plus long-temps hors des vagues,
soit sur un fond de rochers marins, soit au voisinage de l’embouchure
de rivières dont le tribut adoucissait la salure de l’eau.
On note ces diverses circonstances sur les paquets qu’on forme,
avec les productions de chaque localité; et comme l’iiumidité
peut, en dépit des [>lus minutieuses précautions, compromettre
le résidtat d'herborisations périlleuses dans la zone torride, où
les côtes sont généralement insalubres, on entremêlera le tout
de filasse ou d’étoupes bien sèches ; pour peu que les hydrophites
ainsi disposés soient mis à l’abri de la dent des rats durant
la traversée, on leur rendra facilement leur soviplesse avec
leurs brillantes nuances, quand il 'sera question d’en parer
l’herbier au retour. C’est de la sorte que les récoltes marines
lie MM. Durville et Lesson nous sont arrivées : aussi avons-
nous eu la facilité d’en observer la prest[ue totalité, comme
nous l’eussions pu faire sur les rivages où ces savants les avaient
faites.
Il est cependant des espèces filamenteuses, capillaires, délicates
ou très-mncilagineuses, dont on obtiendrait difficilement,
après quelques mois d’entassement, le retour aux formes premières,
et surtout aux teintes naturelles. On doit donc conserver
au moins un échantillon de ces espèces dans une fiole d’eau
fortement muriatée, bouchée hermétiquement, sans vide, pour
éviter tout balancement destructeur; il faut jjlacer ces fioles
à l'aliri de la lumière, (|ui en ferait disparaître les teintes, et
noter celles-ci avec le plus grand soin sur des étiquettes collées
aux parois. L’observateur, armé du microscope, retrouvera toujours
les moyens de reconnaître et de décrire les objets ainsi
conservés. Mais, jjour avoir des échantillons charmants de pareilles
espèces, on aura recours au procédé suivant, avec la
certitude que leur beauté dédommagera amidcment l’amateur
des peines qu’il se sera données pour les obtenir.
Ou place sur un plat le végétal capillaire qu’il est question
de conserver avec son jxort gracieux et ses nuances suaves; on
l’y fait flotter dans l’eau douce, en étendant les rameaux par le
secours de quelque épine, de l’extrémité d’une plume, on mieux
avec un pinceau; on en retranche avec des ciseaux fins, on en
enlève avec des pinces les parties surabondantes qui pourraient
causer de la confusion ; on glisse au-dessous et ai.i fond du vase
un carré de bon papier collé, et, lorsque la plante s y trouve
convenablement étalée, on retire doucement l’eau au moyen
d’une petite seringue, ayant soin de réjiarer avec le pinceau les
désordres qu’apporteraient les petits courants déterminés par
la retraite du liquide. Le papier sur lequel on dépose ainsi l’espèce
délicate doit être très-blanc pour que cette espèce y ressorte
, bien collé pour qu’elle y adhère aussi étroitement que
[jossible, et passablement fort pour qu’il ne se crispe point en
perdant toute humidité. On fait sécher ensuite réchaxitillon
ainsi préparé, en le posant sur un carton ou sur des feuilles de
papier-gris légèrement inclinées; et il faut attendre, ])Our le mettre
sous presse afin d’achever le dessèchement complet, ([ue le
gros de l’humidité en ait disparu; si l’on se hâtait trop, la [liante
courrait risque d’adhérer aux feuilles de papier-brouillard, entre
lesquelles on en opérerait la compression. Si le papier blanc
où l’échantillon demeure applitjué, se séchant plus vite que la
plante, venait à se froncer avant que celle-ci fût en état d’étre
mise en presse, il faudrait avoir soin de le mouiller par-dessous
avec un pinceau, afin d’y entretenir une humidité qui soit proportionnée
à celle qui s’éva[)ore lentement dans la plante. L’usage
de ce genre de pré[)aration donnera bientôt l’ex[)érience de
divers procédés pins minutieux, qui sont nécessaires pour obtenir
des échantillons aussi beaux ([ue le sont les hydrophites
vivants, et siqjérieurs aux plus élégantes gravures. Il est certaines
espèces charnues et épaisses, telles que des alcyonidies,