deviennent, avec les clios, la pâture des baleines. Les mollus-
c|ues et les conchylifères n’y sont jamais diaprés de brillantes
couleurs ; les poissons eux-mêmes s’y montrent ternes ; ce sont
des gades , des clupes, la chimère, et quelques espèces d’autres
genres, la plupart sans beauté; mais jamais, ou rarement, on
n’y rencontre de ces balistes bizarrement conformées, de ces
squammij.ennes élégants, de ces tétrodons cuirassés, de ces labres
peints de mille couleurs et resplendissants de l’éclat des métaux
ou des pierres précieuses. Pour les oiseaux, ils sont tristes autant
|)ar les moeurs que par le plumage; un grand nombre appartient
à la famille disgracieuse des canards. Presque tous sont obligés
de fuir vers des climats moins durs, ])endant la longueur des
nuits et d'un hiver où le mercure descend au degré qui le congèle.
Les hydrophites surtout portent, dans 1 Océan Arctique,
un caractère particulier; destinés à résister a de rudes tempêtes
très-fréquentes, où souffle en tout sens l’impétueux aquilon,
leur tissu y est des plus solides : ce sont en général des fucacées
ou de ces jmissantes laminariées, jamais rameuses, et ressemblant
à des lanières de cuir. On doit remarquer combien, a
mesure qu’on s’éloigne de l'Océan Arctique, ees hydi'opbites
deviennent moins coriaces et moins résistants. Enfin, les plages
de tous ces lieux, où la mer, obstruée par les glaçons accumulés
dans les golfes,gèle chaque année, présentent une végétationpar-
ticnlière, avec des animaux terrestres subordonnés à la nature
de cette végétation misérable. Les arbres y sont peu nombreux,
et pres(|ue tous rabougris ou nains; ils consistent dans quelques
espèces de pins et de bouleaux. Des lichens y revetent les
landes dont se couronnent des monticules sauvages. Les sjibai-
gnes et autres mousses y jiréparent ces vastes tourbières jtar
l’épaississement des([nelles s’encombrent des vallons peu profonds
e t , durant huit ou dix mois sur douze, ensevelis sous la
neige. Les végétaux aromatiques ou parés de fleurs éclatantes
n’y pourraient orner un sol ingrat, dont la baie de l’airelle est
le fruit le moins acerbe. Les rennes, jiarmi les ruminants,
l’isatis, divers renards, et autres races ou espèces du genre
chien, des martes, quelques rongeurs, le glouton, qui fait la
guerre aux rennes, encore tourmentés par des oestres, sont les
mammifères aborigènes qu’y apjirivoisèrent les hommes, ou
ceux auxquels on voit les chasseurs faire une guerre active
pour se procurer leurs fourrures ; et les hommes même de ces
horribles bords appartiennent à l’une des espèces de leur genre
les moins favorisées au physique comme au moral. Ce sont les
Hyperboréens, hideux, attachés à leur affreuse patrie au point
de ne se jamais éloigner des plages mornes où la pêche alimente
leur monotone existence, et fécorchement des bêtes, leur
pauvre commerce ;. où le vin n’égaie jamais les banquets de
familles taciturnes ; où fivresse, causée jiar une bière grossière
ou par du suc de champignons fermentes, succède seule au
sale plaisir de boire de l’huile de poisson sous une tanière
enfumée.
2 ° L ’O c é a n A t l a n t i q u e . Celui-ci, borné au Nord par le précédent,
dans la direction d’une ligne qu’on peut tirer des côtes
Nord«Est du Labrador jusque vers les Hébrides bien au-dessous
du cercle polaire arctif[ue, est contenu entre l’ancien Monde,
fAmérique septentrionale, les Antilles et l’Amérique du Sud.
Il finit au Midi obliquement dans une ligne qui s’étendrait de
la pointe méridionale de l’Afrique au détroit de Magellan, en
passant par les Malouines. L’équateur le partage en deux parties
a peu près égales, de sorte qu’on, peut admettre sa subdivision
en B o r é a l au dehors du tropique du Cancer, É q u i n o x i a l entre
les deux lignes solsticiales, et M é r i d i o n a l en dehors du tropique
du Capricorne. Les îles de la première subdivision sont,
lerre-Neuve, les Bermudes, les Açores, Madère et les Canaries;
celles de la partie équatoréale sont, l’Archipel du Cap-Vert,