et dans lesquels l’existeace des sexes paraît être constatée, mais
dont les amours sont un mystère impénétrable ; ils sont, selon
la signification littérale du nom par le([uel on les désigne, les
ménages clandestins du règne végétal, où les phanérogames
sont les mariages publics ; mais les uns ne sont pas moins légitimes
que les autres selon la nature.
Les A g a m e s sont les eunuques de la botanique, et l’on ne
découvre chez eux nul indice de sexe.
Quelques auteurs modernes étendirent le nom d'agames à
la totalité des plantes dont se composait la xxiv" classe du
système sexuel de Linné, pensant qu’il n’existait chez elles
point d’organes générateurs; mais cette su|iposition, qui s’est
changée en certitude par rajjport à plusieurs familles maintenant
très-soigneusement étudiées, ne s’est j)oint réalisée pour
tout ce que Liimé appela cryptogamie. Ainsi, en reconnaissant
que les chaodinées et glohutinées les hydropliites, plantes
essentiellement a([uatiques, les mucédinées, les hypoxylées,
les lycoperdacées, les véritables champignons et les lichens,
ne se rej)roduisent jioint au moyen de la fécondation , selon
le sens qu’on attache à ce mot, et que les corps reproducteurs
n’y sont pas de vraies graines : dans les hépatiques, les mousses,
les lycojtodiacées, les prèles, les marciléacëes et les fougères,
on a découvert des organes générateurs de diverses sortes, dont
l’action doit être mutuellement subordonnée, et qui n’en existent
pas moins, quoiqu’<à peine visibles, on qu’ils soient de forme
très-différente de ce que nous voyons dans les phanérogames,
végétaux munis de sexes évidents.
Certains agames, des plus simples, peuvent se développer
' Il devient indispensable d’adopter ce nom imposé par le savant Turpin aux
plantes où chaque globule végétal est indépendant de tout au tre , et forme à lui
seul un ind ividu , une plante complète.
spontanément, et ne sont peut-être, dans les familles obscures
formées aux dépens de ce que les botanistes confondaient naguère
sous lavagne dénomination de champignons [Fungi),
que des maladies propres aux tissus végétaux sur lestfuels on
les voit apparaître. Lorsqu’on aura mieux examiné ces productions
presque toujours informes, véritables avortons, on
n’y trouvera jtrobablement guère (|u’un état de ce principe,
récemment ajtpelé globuline, et qui nous parait présenter la
première combinaison organique oti concourt l’introduction
de notre matière végétative
Cette globuline, qui, jusqu’à ces derniers temps, ne fut
qu’entrevue, qui avait reçu divers noms par des auteurs plus
pressés du besoin de hérisser la science de termes bizarres
que d’exposer des observations consciencieusement faites; cette
globuline, que nous avions nous-même long-temps méconnue,
et que M. Turpiu eut, avant qui que ce soit, le bonheur de bien
définir“; cette globuline, enfin, que nous croyons être la première
des plantes en raison de sa simplicité, remplit dans l’organisation
végétale le rôle que jouent les monadaires dans l’organisation
animale. Un grain de globuline et une monade sont
les premiers termes de végétation et de vie qu’il nous soit donné
de discerner : dans les amas que forment des milliards de
leurs pareils, on reconnaît autant d’individus que de petites
sphères; et de tels corjts, dont on peut opérer le développement
à volonté, selon qu’on met dans certaines conditions les substances
qui en recèlent les principes essentiels, de tels corps
doivent être nécessairement agames ; des organes générateurs,
destinés à reproduire des machines compliquées, n’étant pas
‘ V o ir l’a rticle M a x iè r e au lonie X du Dictionnaire classique d ’histoire naturelle;
chez Rey et Gra vier, quai des Augustins, Paris, 1826.
Voyez le beau travail de ce savant, inséré dans les Mémoires du Muséum
d ’histoire naturelle SOUS le titre ÿOvgo.iioi’vciphie végétcile., 182'ÿ.