8o V O Y A G E A U T O U R D U M O N D E .
Les gongyles, au lieu de se réunir en macules sur quelque
point de la surface des frondes, y sont dispersés en petites
verrues saillantes, quelquefois si nombreuses, que les deux
pages en deviennent comme de la peau de chagrin.
Explication des Figures.
Pl. l\. Un rameau de la Lessonie h feuille de ch ên e, de grandeur naturelle.
A. Coupe transversale du tronc , à deux lignes de foyer.
B. Coupe longitudinale du même bois, au grossissement d’une ligne.
C. L a fibre prise dans la coupe transversale, à un quart de lig n e , et qui semble
consister en des filaments articulés , insctits dans un tube transpa rent, ou filament extern
e, non articulé et simple.
D . Fragment d’un lobe dentelé de la fronde, vu à la lentille d’une ligne de foyer,
pour montrer les mamelons verruceux que forment les gongyles avec un pore cra-
tériforme au sommet.
E. Coupe transversale de l’une des saillies v er ru c eu ses , où se distinguent, à la
lentille de demi-ligne, les filaments articulés dont se doit hérisser la face interne des
gongyles vésiculeux.
F. L e système filamenteux du parenchyme gélatineux et interne des frondes, à
un quart de ligne.
4. L e s s o n i e n o i r c i s s a n t e . (Pl. X>.) Laminaría (nigrescens) ,
caule ramoso elongato ; ramis linearihus compressis ; jrondihus
linearibus integris, coriaceis; N. Diet class. d’hist. nat., loc. cit.
Cette espèce nous avait été communiquée par feu M. le
professeur Lamouroux, et par M. Chauvin, très-habile botaniste
de Caen, sous le nom de laminaria ramosissima. Ces savants
en avaient reçu d’assez beaux échantillons venant du cap Horn;
nous en avons retrouvé des morceaux dans le paquet d’hydro-
pliites de M. Lesson, qui portait l’étiquette De la Concepcion
au Chili. Sa racine nous demeure inconnue ; nous n’en avons
vu que le col, représenté en A de la planche 5 : il est probable
qu’il en partait de nombreuses attaches comme dans les macrocystes.
La tige, qu’on voit ici dans ses proportions naturelles,
de la grosseur du petit doigt, longue d’un à deux pieds, infé-
rieiirement cylindrique, se comprimant de plus en ])lus vers
ses extrémités, émet des rameaux latéraux, s’aplatissant encore
au point d’insertion, et se termine par un assez grand nombre
de ramules ou plutôt de véritables pétioles dichotomes, portant
chacun une fronde linéaire, longue de deux pieds au moins, et
même de trois, d’un pouce et demi au jilus de largeur, dure
et coriace, très-entière, linéaire, quelquefois légèrement et finement
ondulée par les bords, et se partageant de bas en
haut en deux lanières d’une manière encore plus prononcée
que celles des autres espèces du même genre : les deux divisions
sont la plupart du temps si nettes, que, [lartant des pétioles, et
atteignant au vingtième, au dixième, au cinquième, enfin à la
moitié, et près de l’extrémité de la longueur, on dirait deux
frondes parallèles collées l’une à l’autre par leur partie terminale.
Ces frondes, d’un vert d’olive sombre, deviennent, ainsi que
les rameaux et la tige, d’un noir mat ou rougeâtre très-foncé
par la dessiccation ; du moins les échantillons que nous possédons
ont-ils pris cette teinte rejirésentée en D, avec des efflorescences
farineuses et blanches qui se sont dévelopjiées sur
une grande partie de sa surface. La substance efflorie est fort
sucrée, et, jiar son mélange avec le sel marin, elle rajipelle
le goût de la manne.
A la consistance, à la couleur, aux stries fines, nombreuses
et pressées qui les recouvrent, les feuilles paraissent n’être
qu’une prolongation dilatée et aplatie des jiétioles ou ramules
qu’elles terminent; ces pétioles étant, ainsi que la tige, striés
plus ou moins profondément en raison de leur grosseur, l’analogie
devient comjilète par l’analyse. Les deux lames externes,
qu on reconnaît exister dans les feuilles, sont composées d’un
Voyage de la Coquille.— Botanique. j 1