mettre qu’une méditerranée , parce que, jusqu’ic i, les géographes
n’écrivirent ce nom qu’en une seule partie de leurs cartes,
mais qui, par l’analogie qu’offre leur détroit unique, eonsenti-
ront à regarder comme des méditerranées les mers intérieures
dont il vient d’être question sous les n° 2, 3 et 4 , répugneront
peut-être à nous voir placer au même rang des étendues d’eau
(|ue plus d’un détroit met en communication avec f[uelque
océan. Cependant, s’il est prouvé que, fermées d’un côté par
une suite de côtes continentales, ces étendues ne tarderont
point à l’être entièrement d’un autre côté par la réunion prochaine
d’îles latérales, il faudra bien admettre ([uelques méditerranées
de plus qu’on n’était dans l’usage d’en compter.
La méditerranée qui va nous occuper s’étend assez exactement
du Nord-Est au Sud-Ouest, dejiuis la ligne équinoxiale à
peu près, jusque vers le cinquante-quatrième degré de latitude
Nord. Notre espèce sinique du genre humain ‘ en habite les
bords sans interruption au couchant, depuis l’extrémité
boréale de la manche de Tartarie, où file Séghalien touche
presque au continent non loin de rcmbouchure du fleuve
de ce nom, jusqu’à l’extrémité de la presqu’île de Malaca.
Elle finit vers le Nord en pointe aigiié comme les cornes de
la mer Rouge. La Corée et la pénmsvde Cochinchinoise s’avancent
dans sa largeur, ainsi que l’Ralie et la Grèce le font dans la
Méditerranée proprement dite. Sumatra, Bornéo et les basses
lies de Carémata, qui ne tarderont pas à disparaitre par l’allongement
de leurs côtes madréporiques, bornent la Méditerranée
Sinique vers le Sud; ses limites orientales sont tracées par les
revers occidentaux de Palawan, de Mindoro, de Luçon, appartenant
à l’archipel des Philippines, par ces des nombreuses de
‘ V oyez notre Dictionnaire classique d ’histoire naturelle, loin. V I l ï , pag, 297»
ou notre Essai zoologique sur l ’homme, tom. I, pag. tÌ\C).
Babouyanes et de Bashée entre Luçon et Formose, par cette
même Formose, par les archipels de Madjicosemab, de Lieukieu
et d’Oufou, liés à l’emjjire du Japon, enfin par cet empire même,
qui est formé d’une chaîne de sommités séparées par des canaux
marins, et qui, par Jesso, se lie à l’Ile de Séghalien, vers
la pointe méridionale de celle-ci. Le détroit de Malaca établit
une communication entre cette méditerranée et l’Océan Indien;
d’autres détroits, très-nombreux, que des polypiers ne tarderont
pas à faire disparaitre, la mettent en rapport avec la petite
mer de Mindanao, qui n’en sera bientôt qu’un golfe. Parmi
les communications nombreuses qui existent encore entre elle
et l’Océan Pacifique, le détroit de Diémen au Sud de Riusin, de
Matsumai au Nord de Niphon, et celui de la Peyrouse entre
Jesso et la longue île de Séghalien, sont les jdus profonds. Mer
|ieu orageuse, les vents et les courants y sont cependant fort
variables; l’immensité des fleuves qui s’y jettent par le côté
continental, et la multitude des écueils dont elle est semée,
étant des causes perjjétuelles de perturbation; poui- peu que les
gros temps y fussent fréquents, cette mer serait impraticable.
Son étendue en latitude est cause que ses productions varient
beaucoup du Sud au Nord, mais eu conservant cependant d’une
extrémité à l’autre cet air chinois, qu’on nous passe le terme,
dont le caractère bizarre n’échappe à personne; caractère (|ue
nous rendent assez bien ees peintures des peuples siniques,
qu’on supposa long-temps n’avoir pas de modèle dans la nature,
parce qu’elles représentaient des objets fort différents de ce que
nous voyons habituellement autour de nous.
Quoique prolongée vers le Septentrion, l'extrémité supérieure
de la Méditerranée Sinique est loin d’étre aussi froide
(¡ne les mers qui se trouvent sous les mêmes latitudes dans le
reste du. globe. Jamais on n’y voit d’amas de glaces menaçantes,
comme il arrive par le travers de l’embouchure du fleuve Saint-
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