
telle est du moins l’opinion que nous avons conçue sur les lieux. Cette opinion
ne fut pas celle de d’Anville et d’autres savans académiciens ( i ) ; mais, par une
étude attentive du local, on parvient à reconnoître dans le Fayoum presque tous
les traits des descriptions laissées par les anciens auteurs, et à concilier leurs contradictions
apparentes.
Le lac Mareotis, les lacs Amers, le lac. Sirbon, le lac Menzaleh, le lac d’Edkou,
celui d’Abouqyr, et le lac Bourlos, sont les principaux de la basse Egypte. Le lac
Mareotis est le seul qui paroisse avoir existé, dès les temps les plus anciens, avec
son étendue actuelle ; de grands canaux, qui s’écartent des branches du fleuve,
n’ont cessé de conduire les eaux de l’inondation dans ce grand réceptacle d’eau
douce, récemment converti en lac salé par suite d’événemens militaires. Les lacs
Amers recevoient jadis leurs eaux de la mer Rouge, au temps où un canal faisoit
communiquer cette mer avec le Nil ; le lac Sirbon tire toujours les siennes de la
Méditerranée : ces trois lacs sont les seuls qui appartiennent proprement à 1 an
tiquité. Les autres, jadis de simples marécages, ou des terres basses et humides
servant aussi de pacages \bucoüa\, ont acquis une proportion considérable par l’irruption
de la mer; cette irruption fut l’effet de la rupture de l’équilibre entre la
mer et le fleuve, à des époques sur lesquelles l’histoire garde le silence. Ils reçoivent
toujours des eaux du N il, mais en trop petite quantité pour que l’eau salée n’y
soit pas dominante. Tout ce qui regarde la position et l’étendue de ces eaux, considérées
dans leurs rapports avec- l’état antique de l’Égypte, doit être renvoyé aux
mémoires sur la géographie comparée (2).
Nous terminons cette courte explication des deux cartes anciennes, en répétant
que la description laissée par chacun des anciens auteurs peut sans doute prêter
matière à une carte spéciale, et qu’on pourroit ainsi tracer l’Egypte dHérodote et
de Diodore, celle de Strabon et celle de Pline, enfin celle de Ptolémée; et c’est
en effet le travail que nous avons fait dès le commencement de nos recherches.
Mais bientôt nous avons reconnu que tous ces tracés, modifiés et corrigés l’un
par l’autre de leurs erreurs respectives, pouvoient se fondre dans un seul, et
qu’il étoit superflu de les produire séparément. A quoi d’ailleurs pouvoit servir
de figurer des positions entièrement inexactes! Ne valoit-il pas mieux se borner
à discuter dans le mémoire les passages obscurs , erronés ou contradictoires ! Les
cartes que le lecteur a sous les yeux, étant le résultat de tous les rapprochemens,
et de la discussion des passages, nous ont paru suffire pour tout lecteur qui voudra
suivre l’histoire d’Egypte sur une carte ; quant aux géographes, ils discerneront
sans peine la part de matériaux que chacun des historiens et des écrivains de
l’antiquité a fournie à ce résultat (3).
( 1) MM. Gibert, Le Roy , &c. Voye^ le Mémoire la haute Egypte à côté de Touneh el-Gebel [ Touneh de
sur le lac de Moeris, A . M . t. I .n , pag. /02 et 107. la montagne ou du désert ] , sur la rive gauche du Bahr-
(2 ) Consultez aussi le Mémoire de M. Gratien Le Père Yousef et à l’ouest d’Hermopolis; lieu où j’ai trouvé des
sur les lacs de l’Egypte , Ê . M . t. I I . restes d’antiquité. II a écrit Koum Kachaouyn dans le lac
(3 ) graveur a oublié de placer dans le nome Bourlos, au lieu de Koum JVachaouyn.
Hennopolites de l’Heptanomide la ville de Tanis de
E. J.
REMARQUES ET RECHERCHES
S U R
LES PYRAMIDES D’ÉGYPTE,
P a r M. J O M A R D ( i ),
Pyramidum sumptus ad sidera ducti.
P r o p . lib . 111, c le g . 1.
Regalique situ Pyramidum altius.
Ho r a t . l ib . 111, od . 30,
P a u s a n i a s reprochoit aux Grecs d’admirer bien plus les ouvrages des étrangers
que ceux de leurs compatriotes, et il remarquoit à cette occasion que des historiens
célèbres avoient décrit avec le plus grand soin les pyramides d Egypte,
tandis qu’ils avoient négligé des monumens non moins dignes d etre admires (2).
Quelque fondé que puisse paraître ce reproche d’un écrivain si recommandable,
combien il est à regretter que les descriptions qu’il avoit en vue ne soient pas
parvenues jusqu’à nous|§ï Leurs écrits seuls auraient pu nous diriger et nous
éclairer dans l’océan de conjectures où l’on est jeté par l’incertitude de l’histoire.
De tous les écrivains que cite Pline , et qui avoient traité spécialement des
pyramides, Hérodote, Évhémère, Duris de Samos, Aristagoras, et huit autres
avec eux, nous ne possédons que le premier: mais, en outre, nous avons les passages
de Diodore, Strabon, Pline, Philon de Byzance, et quelques mots de Mêla,
Solin, Ammien Marcellin, &c. Tous nous laissent dans l’obscurité sur l’origine et
la destination des pyramides. Ces récits sur leur époque et les noms de leurs
auteurs impliquent contradiction, et ils ne sont pas plus d’accord sur 1 étendue
des monumens.
Vouloir les concilier seroit une tâche plus que difficile, et je dois m’en abstenir.
Je n’établirai donc point, comme on l’a tenté souvent, un parallèle entre ces
écrivains, et, à plus forte raison, entre les auteurs modernes ; mais je citerai et je
discuterai les passages des principaux historiens anciens et Arabes, pour que le
lecteur ait le moyen de faire lui-même les comparaisons et d’en tirer les consé-
( i ) Voyez la Description générale de Memphis et * exornantes, in majori eas quàm suas ipsorum miraculo
des pyramides , A . D . chap. X V I I I , sect. i l et i l l . posuere : quandoquidem clarissimi historiarum scriptores
(12) ^Emhkéç Si açtf. îlot Jlivoi ià èv 9a.ûjua1i ij0t- Ægyptiorum pyramidas accuratius extulerunt, cum de
aU Ü ià oiWa- ototï yt cLvtyàmy «V ovy- Minyæ ærario, et Tirynthis mûris, operibus nihilo mi-
X«pnY, tw&iaIM p-ù toV A¡ynSniç imx&v tfyynm&ti nore dignis admiratione, perbrevem fecerint mentionem.
TTQyç TB 'a'xpj&WJo», 3*<muQfv <iï riv Mivvov k, m n/%i itt ( Pausan. Bceotic. lib. IX, cap. XXXVI, ed. Kuhn ,
ht T/puvO/ wSi éîiï üyay>v oùJÎ oviu ixâHovoç p- 783 ; Lipsiæ, 1696.)
Sav/MLioç.— AtGræci, exterarum gentium res accuratius