
III.°
P L A N C H E S G R A N D F O R M A T , R E L A T I V E S À L A G É O G R A P H I E C O M P A R É E .
Carte ancienne et comparée de l’Egypte ;
Carte générale à l ’échelle de i pour rjooooo et Carte particulière de la
basse Egypte, à / pour jooooo.
L ’ e s p a c e représenté sur la première de ces cartes comprend les lieux suivans :
i.° vallée du Nil, partie située entre la mer et l’ancienne Talmis, au-dessus
de la dernière cataracte; z.° la portion adjacente du désert de Libye jusqu’au
27.c degré à l’est du méridien de Paris; 3.° le pays compris entre le Nil et
la mer Rouge; 4-° péninsule du mont Sinaï, et l’isthme de Soueys jusqu’à
la Méditerranée; 5.0 une partie de la Palestine jusqu’à Jérusalem, et une portion
de l’Arabie jusqu’au 33.' degré et demi de longitude est. Ce travail repose
presque en entier, soit sur les opérations topographiques faites par les ingénieurs
de l’armée Française pendant le cours de l’expédition, soit sur la carte générale
en trois feuilles, rédigée par le colonel Jacotin dès l’année 1803 (2). De là vient
que l’on y a conservé, comme dans la carte de d’An ville, les deux branches du
golfe d’el-Aqabah, l’ancien Ælanites sinus. Toutes les autres parties de la carte
sont également restées telles qu’elles avoient été construites et rédigées, à l’exception
de deux , savoir : les positions de la petite et de la grande Oasis, et une
bande du désert à l’est du Nil, comprise entre les 24 ° et 25.' parallèles (3 ). Il
seroit inutile d’entrer dans d’autres détails sur les matériaux ou sur la construction
de la carte, puisqu’on auroit à répéter ce que le colonel Jacotin a développé
dans son Mémoire sur la construction de la carte d’Egypte; mais nous devons
expliquer la cause de l’omission d’un grand nombre de lieux qui sont connus pour
exister dans cet espace. En général, on n’a inscrit parmi les noms des lieux actuels
que ceux qui correspondent à d’anciennes positions; les autres ont été élagués.
Sans cette condition, la nomenclature de la carte auroit été beaucoup plus étendue ;
mais elle auroit fait double emploi avec la grande carte d’Egypte (4)-
Le but qu’on s’est proposé a été, 1 d’indiquer quelles furent autrefois dans la
vallée du Nil, et à différentes époques, la place des villes et des autres lieux
occupés par la population Egyptienne, et celle des canaux, branches et embouchures
du fleuve; de montrer les grandes divisions du pays et les circonscriptions
des nomes ou provinces, et, dans les parties adjacentes, l’emplacement des principales
positions connues des anciens, ainsi que des stations, des montagnes,
des lacs, de? ports, des golfes, des îles; 2.0 de rassembler toutes les distances
( i ) Le rapport de cette échelle est de 2 à 3 avec la 1814 , e t les cartes terminées, à l’Institut de France ,
carte d’Egypte en trois feuilles, e t de 1 à 1 5 avec la quelques années après.
grande carte topographique en quarante-sept feuilles ; (3 ) P o u r ces deux parties on s’est servi des .observations
la carte particulière est à une échelle trois fois plus faites par M. Frédéric Cailliaud en 1819, qu’on a eu
grande. le temps d’introduire dans la carte avant l’impression.
(2 ) Le travail sur lequel reposent cette carte et la sui- (4 ) Voyez la carte topographique en quarante sept
vante a été présenté à la Commission d’Egypte le 22 août feuilles e t la carte en trois feuilles.
appelées itinéraires, et les autres intervalles exprimés par des mesures de diverses
espèces et que nous ont transmis les auteurs Grecs et Romains: en conséquence,
on a tracé des lignes d’un point à l’autre, et au milieu de ces lignes on a inscrit
la mesure en milles, en schoenes ou en stades ( i).
Plusieurs échelles ont été gravées au bas de la carte, pour servir à comparer les
longueurs des intervalles, et à les évaluer en mesures des différentes espèces, c’est-
à-dire qu’en portant le compas sur deux points dont la distance est exprimée en
milles, par exemple, ou bien n’a pas été inscrite, on voit aisément combien il y a
entre eux de mètres ou de lieues, ou de stades et de schoenes de différens modules.
Les noms des villes et stations anciennes, des anciens noms et bras du fleuve, &c.
sont en lettres capitales ou romaines ;
Les noms des lieux modernes, en lettres italiques ;
Les accidens du sol, les vallées, montagnes, lacs, îles, &c., en lettres dites
anglaises. Quelquefois on a placé des villages modernes sans nom antique au-
dessus ; c’est lorsque celui-ci est ignoré, mais que le lieu renferme des ruines.
Les nombres inscrits entre parenthèses sur les lignes ou bases qu’on a tracées d’un
lieu à l’autre, sont des corrections des nombres placés les premiers (ou à la gauche),
corrections expliquées et justifiées dans le mémoire général ( 2 ).
Avant d’entrer dans d autres développemens sur la carte ancienne, nous devons
prévenir l’objection qu’on pourroit élever contre l’utilité d’un pareil travail,
venant après celui de d’Anville, qui est si justement estimé. On demandera peut-
être aussi pourquoi nos cartes présentent la géographie de plusieurs époques; ce
qui pourroit amener de la confusion, sur-tout dans un pays qui a tant de fois
changé de maîtres. Enfin l’on remarquera peut-être que plusieurs des noms mentionnés
dans les auteurs ne figurent pas sur ces cartes.
Il est vrai que les cartes de d’Anville et ses mémoires géographiques sur
l’Egypte jouissent, et à juste titre, d’une haute réputation ; il n’est pas un voyageur,
pas un érudit, à qui ces travaux n’aient été du plus grand secours. Sa carte a été
un guide presque toujours sûr pour l’expédition Française ; elle a servi au général,
à l’astronome, à l’ingénieur, à l’artiste, à l’antiquaire: aussi nous avons toujours
payé un tribut d’admiration au mérite de cette production , que l’auteur affection-
noit d’une manière particulière. Malgré les changemens considérables que les observations
astronomiques, et les opérations des ingénieurs Français, ont apportés
à la carte d’Egypte de d’Anville, n’est-ce pas en effet un sujet d’étonnement qu’il
ait pu, de son cabinet, démêler si bien la vérité, malgré les contradictions des
(1 ) Les chiffres romains, sans autre indication, indiquent
toujours des milles romains.
(2) Le Mémoire sur la géographie ancienne de l’Egypte
n’a pu trouver placé dans cette collection, à cause de
son étendue et du temps qu’aüroit demandé l’impression,
temps qu’il n’a pas été possible d’y consacrer après celui
qui a été donné à la publication de la Description de
l ’Egypte. Si le public approuvoit ces cartes et l’exposition
succincte qu’il a sous les yeux, son suffrage nous
décideroit à mettre la dernière main à ce mémoire, et à
le publier séparément. La même observation s’applique à
plusieurs écrits annoncés dans les volumes précédens sur
les bas-reliefs astronomiques e t sur différens sujets d’antiquité
et d e géographie. Ces recherches seroient suivies du
compte rendu de l’exécution de l’ouvrage, et j’y ajoute-
roisles notices biographiques qu’on devoit joindre d’abord
aux portraits de MM. C o n té , Lancret, Monge e t Ber-'
th o lle t, comme un tribut payé à leur mémoire, comme
un juste hommage rendu à d’éminens services. .
L’Index géographique imprimé dans l’Etat Moderne
complète l’indication des lieux ruinés.