mesure qui approche de la vérité, que la somme est un peu au-dessus du tiers; mais
bien au-dessous de la moitié de l’étendue totale de l’Ëgypte. En voici le calcul :
Limes carrées
de i j au degrc.
Territoire aujourd’hui cultivé............................................ p6 5,85.
Terres incultes cultivables....................................... 224,87.
Iles du fleu ve, également cultivables............................................. 10,9p.
Eaux du N i l e t de ses branches, et digues des canaux 83,90.
Emplacemens des habitations e t des ruines............................... 26 ,8 2 .
13 1 2 ,4 3 .
Sables intérieurs ou dans les limites actuelles du pays cultivé. 6 8 ,18 .
E tangs, lacs et marais; en to ta lité .. . . . ' ......................... 330.
Territoire frontière envahi par les sables dans la haute et la
basse E g y p te , évalué à ................................................................... 4p 0.
T o t a l , indépendamment des oasis................... 2 2 0 0 ,6 1 .
E n nombre ro n d ..................................................... .. 2200
dont environ 70 0 dans la haute E g yp te , et 15 00 dans la basse.
Dans cette superficie, je comprends les eaux courantes et les lacs d’eau douce,
(jui, sans doute, ne peuvent etre compares d une manière absolue au terrain cultive,
soit pour les produits du sol, soit pour le nombre des lieux habités, mais <jui
cependantparticipoient jadis aces deux genres d’utilité. Nous en avons des preuves
qu on me dispensera d enumerer : je me bornerai ici à rappeler la multitude immense
de barques et de navires dont le Nil et les canaux étoient couverts, au rapport
d Herodote, dAthenee, de Diodore de Sicile; et encore le produit de la
peche du lac de Moeris, qui montoit seul à 2^0 talens (1): j’ajouterai qu’en outre
de la peche les canaux fournissoient abondamment plusieurs substances* nourricières,
telles que les bulbes de lotus, dont 1 usage alimentaire n’est pas encore perdu.
On retrouve encore aujourdhui une partie de l’ancien état des choses. Les lacs
renferment des îles habitées, et beaucoup de marakbyeh [ou mariniers] habitent
sur leurs -barques. Les sables intérieurs renferment aussi plusieurs villages ; ceux
des Arabes, sur-tout dans la haute Égypte, sont établis hors de la limite cultivée,
au milieu des sables. Des 888 lieues de sable et de lacs, on peut en regarder 700
comme ne contribuant en rien a la population ni à la culture. De là nous conclurons
un nombre total de 1 y 00 lieues habitées ou cultivées à l’époque présente.
A R T IC L E . II.
Nombre des Lieux habités.
C o n n o i t r e exactement le nombre des lieux habités, exige de notre part la même
attention que 1 examen de la superficie du sol. Pour ceux qui ne connoissent pas
(x) Selon l’évaluation de Paucton, ce revenu repré- la parure de la reine. ( Voyez mon Mémoire sur le lac de
sente 1800000 francs : Diodore dit qu’il servoit à payer Moeris , A , tom. I .n , page92.)
bien le pays, ce serait un chaos à débrouiller que les listes de villages en arabe Bien
loin d’y puiser des lumières sur l’état des choses dans l’antiquité, ils n’en pourront
meme tirer rien de positif sur le nombre réel des bourgs, villages et hameaux
Tantôt, sur leurs registres, les Qobtes donnent un nom collectif et unique à plusieurs
villages séparés d’une demi-lieue ou plus éloignés; tantôt un seul village
porte deux noms, ce qui a donné lieu de les compter deux fois. Ce n’est pas tout;
là où le sol n est pas assujetti à l’impôt territorial, soit à cause des ouâqf ou fondations
religieuses, soit à cause des prétentions des cheykhs Arabes, soit parce que
certains Mamlouks moultezim (i) abusoient du pouvoir, il n’est fait nulle mention
de lieux peuplés et fertiles qui existent réellement; en outre, plusieurs villages
Arabes n’ont jamais été portés sur les registres (2). Enfin l’impôt du myry est
assis sur des terres dont les dénominations ont été prises pour des noms de lieux
peuples et habités. Plusieurs villages, dont les maisons subsistent encore en partie,
ont été abandonnés par diverses causes; ils figurent encore dans les registres et sur
les cartes : il faut en faire abstraction pour connoitre le nombre effectif des lieux
habités. Ainsi faire de ces villages un catalogue bien complet et dépouillé de toute
méprisé n est pas une opération aussi simple et aussi facile qu’on pourroit le
croire, en consideranf ia chose trop superficiellement.
Nous avons donc consulté les registres des intendans, non comme base de notre
travail, mais comme un moyen de vérification. Ce n’est pas moins une publication
bien importante que celle de la liste des villages que M. le baron Silvestre de Sacy
a donnée (d’après le cadastre de Melik el-Naser, dressé en 1 3 1 ; ) , à la suite de sa
version d Abd-el-latyf (3). Si cetteliste ne présente pas l’état actuel du pays, elle
le fait connoitre du moins avec exactitude à une époque antérieure, et donne des
moyens de comparaison, soit pour la division des provinces, soit pour le nombre
des habitations ou groupes de villages; en faisant le relevé de ceux-ci, on ne trouve
que 2259 noms. A la vérité, plusieurs villages sont compris sous une dénomination
commune avec les hameaux [ koufour] qui en dépendent. Dans un des registres
Qobtes qui ont servi à l’administration Française, on en compte 2967; mais les
agens des provinces ont formé une liste de 3447 villages, et la grande carte topographique
en renferme 3754. Ce dernier nombre, qui est le plus fort, pèche encore
par défaut, puisque les ingénieurs n’ont pas séjourné aussi long-temps dans un
canton que dans l’autre, et qu’il a nécessairement échappé à quelques-uns d’entre
eux plusieurs positions. Les borner à 46 seulement, c’est faire une part bien petite
à la chance des omissions : mais, comme tous les lieux marqués sur 1a carte ont été
vus et déterminés par des opérations géométriques, on ne peut douter de la réalité
du nombre des 3554 villages; et par conséquent celui de 3600 en totalité, non
compris les grandes villes ou chefs-lieux, présente un résultat qui ne peut visiblement
pécher par excès.
D Anville cite un catalogue portant 2696 noms, qui lui avoit été remis par le
(1) Propriétaires.
(2) Sur cent soixante-un villages dans la seule province de Minyeh, j’en ai trouvé soixante-seize de plus que le '
nombre inscrit aux registres. *
(3) Voyez, à la fin de ce Mémoire, les Notes et Éclaircissement (A ).