puisque nécessairement la figure étoit connue, et par conséquent devoit être
nommée, avant qu’on élevât des constructions de cette forme : mais l’adoption de
cette hypothèse ne seroit pas contraire à l’étymologie proposée , puisque, du
monument considéré comme un grand modèle de la figure de géométrie, il dé-
couloit également une foule de faits scientifiques.
Quant à l’emploi que les Grecs ont fait du mot, ils nous paroissent, en cela,
avoir imité les Egyptiens. Supposons qu’il s’agisse d’une autre figure de géométrie,
le cône, par exemple; si l’on venoit à construire de grands monumens de cette
forme, il seroit tout simple de les désigner par ce nom : en les appelant les cônes,
ce seroit sous-entendre les mots par excellence. N’avons-nous pas précisément en
France un exemple analogue dans les cônes de Cherbourg î II en seroit de même
des cubes, des sphères et des cylindres, s’il prenoit fantaisie à un peuple d’élever
des édifices construits selon ces différentes formes.
APPENDICE.
§. 1.“
Observations sur les Mesures de la grande Pyramide et sur le Socle du monument.
D a n s le cours de la Description des pyramides ( i ) , je n’ai pas cru devoir parler
des mesures prises par nos devanciers : c’eût été non-seulement tomber dans des
redites sur un sujet déjà rebattu, mais confondre 1 exposé des faits observés par
nous, avec la critique des observations antérieures. Ici je ne me livrerai point non
plus à cette discussion ; mon but est principalement de comparer celles de John
Greaves avec celles que nous avons prises : ce rapprochement ne sera point sans
utilité, parce que Greaves étoit muni de bons instrumens, et qu’il étoit versé dans
les mathématiques et la métrologie. Le résultat de ses opérations jouit, pour ce
motif, d’une réputation d’exactitude. Depuis son temps jusqu’à celui de l’expédition
Française, aucune autre mesure ne semble avoir été prise avec les mêmes
soins; c’est pourquoi il frnporte de faire cette comparaison, afin de fixer ses idées
sur les différences des résultats. Je commencerai par établir le rapport du pied
Anglais avec les mesures Françaises.
Comparant diverses mesures avec le pied de sa nation, Greaves divise celui-ci
en mille parties, et trouve que le pied Romain (de Cossutius) contient 967 de
ces parties; le pied de Paris (le pied de roi), 1068; le pied Espagnol, 920; le
pied Vénitien, io 6 2 ;le pied du Rhin, 1033, &c., et le dera’h du Kaire, 1824(2),
En donnant ces valeurs, Greaves a pour but de faire retrouver en tout temps le
pied usité chez différentes nations a 1 époque de son voyage, et même la longueur
du pied Anglais, a I aide duquel il a mesuré avec précision la chambre centrale de
la grande pyramide. « Si les anciens mathématiciens, dit-il, avoient pris la même
» précaution, nous ne serions pas si embarrassés pour découvrir les mesures des
» Hébreux, des Babyloniens, des Égyptiens, des Grecs'et dès autres nations. » Je
ne ferai remarquer qu’en passant la différence réelle du dera’h du Kaire avec la
grandeur que Greaves lui donne, puisque r 824millièmes du pied Anglais ne feroient
que 555 millimètres et demi, tandis que la mesure légale et authentique, exactement
déterminée au Kaire par M. Costaz, est de 577 millimètres et demi. A cette
observation on pourroit ajouter que la proportion de 1068 à 1000 pour le rapport
du pied Français au pied Anglais, tel que Greaves l’avoit déterminé, n’est pas conforme
à celui que l’on connoit aujourd’hui. En effet, notre pied valant 324n"“l”’,84,
le pied Anglais, d’après Greaves, équivaudroit à 304"""’"', 19, tandis qu’il vaut, en
( i ) Voyez A. D, chap. X V I I I . (2) Greaves, Pyramidogr. Lond., 1646, in-12, p. 94, note b.