
Égyptiennes, je trouve qu’on peut en concevoir la coupe de la manière suivante :
qu’on se représente une pièce d’étofïè double, de im,y de long [y pieds environ]
sur im, 4 de haut, presque en forme de sac, ayant au milieu une ouverture pour
passer la tête, les deux côtés ouverts pour passer les bras, le bas ouvert près des
angles en deux endroits pour laisser passer les jambes, qu’on serroit sans doute avec
une coulisse. L ’étoffe devoit retomber en plis bouffans par-dessus, et la tunique,
remontée sur l’épaule, devoit également former de riches plis. Telles sont les
formes de la tunique des harpistes, autant qu’on peut les deviner sur des dessins
sans perspective : c’est du moins ce que m’a fait penser l’examen des tuniques aujourd’hui
en usage en Égypte. Je renvoie, au surplus, à ce que j’ai dit du costume
et des étoffes des anciens Égyptiens dans le tableau des hypogées de la ville de
Thèbes ( 1 )
( 1 ) A . D . t. /, chap. I X , sect. X , p. j j j et suiv. V oyez aussi chap. X V I I I , ï-rc sect. de la Description générale
de Memphis et des Pyramides, pag. ri et suiv.
R A P P O R T
RAPPORT FAIT A L/INSTITUT
SU R U N E T U N IQ U E É G Y P T IE N N E .
( Extrait du Procès-verbal de la séance du vendredi 28 Brumaire an x i . )
A u commencement de l’an x , le général Reynier, membre de l’Institut d’Égypte, fit
don à l’Institut national d’une tunique et de débris de vêtemens trouvés dans des fouilles
à Saqqârah. La classe des sciences mathématiques et physiques nomma, pour lui faire un
rapport sur ces objets précieux, les C .ens BerthoIIet, Monge et Mongez, présèns à sa
séance : sur son invitation, la classe des sciences morales et politiques leur adjoignit les
C .ens Gossellin et Poirier; et la classe de littérature et beaux-arts, les C .ens Ameilhon,
Moitié et Gibelin. Ainsi formée, la commission nomma pour rapporteur le C .en Mongez,
qui remplit aujourd’hui cette fonction.
La commission des fonds fut invitée à faire rerîfermer entre des glaces ces étoffes
Égyptiennes; à sa prière, le ministre de l’intérieur fit donner les glaces, et le C .cn Jacob
exécuta, sous la direction de notre confrère Peyre, le cadre élégant, porté par des griffons,
dans lequel elles sont renfermées hermétiquement. A peine le cadre fut-il achevé,
que l’état de destruction prochaine où se trou voient les étoffes fit hâter le scellement.
Ces opérations, et l’absence du général Reynier, à qui l’on s’est adressé pour obtenir
des renseignemens sur la découverte de ces antiquités, ont retardé long-temps le rapport
qui vous est fait aujourd’hui.
La tunique n’est point entière ; elle est détruite dans la partie inférieure, et sa hauteur
actuelle réduite est de om,75 : mais elle est raccourcie par un large pli qui la traverse
comme une ceinture. On l’a laissé subsister, parce qu’il paroît aussi ancien et parce qu’il
est cousu avec une substance de même nature. Ce p li, qui est double et qui a de hauteur
om, 1, doit être ajouté à la hauteur actuelle de la tunique. De là résulte une hauteur totale
de om,p 5. La largeur réduite est précisément de la même quantité.
Les manches de cette tunique ont de longueur om,4- On estimeroit difficilement leur
largeur, parce qu’elle est diminuée sur toute la longueur par un repli. Ce repli paroît
aussi ancien que la tunique; car la double broderie qui orne chaque manche, est interrompue
aux deux extrémités du repli. Une ouverture oblongue de om,3» pratiquée en
haut de la tunique et susceptible d’être resserrée par des liens qui subsistent encore,
servoit à passer la tête.
Les ornemens de cette tunique sont très-remarquables. On les voit ici développés dans
les dessins qui sont joints au rapport. Il y en a de trois sortes. Ceux qui ont une forme
rectangulaire, n.oSf i , 2, 3 et 4> ont été cousus à la tunique sur les épaules, et au bas,
par-devant et par-derrière. Les parties de la tunique sur lesquelles on les a appuyés, ont
été enlevées, peut-être pour diminuer l’épaisseur. Ces broderies ont de hauteur om, 1 , et
de largeur om,op. Les broderies de la seconde sorte, n.oS 5 et 6, descendent de chaque
côté des extrémités de l’ouverture pratiquée pour passer la tête, sur une longueur de
A. TOME II. G g