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lequel ris 'écrivoient en caractères hiéroglyphiques,
du fabricant de toiles , du teinturier, &c.
Le s preuves de l’antique existence de tous..ces
arts se trouvent encore à présent dans les palais ,
dans les temples, et sur-tout dans les hypogées
de cette ville : on y voit, ainsi qu’il est dit dans
la description de ces monumens, de petits tubes
d émail colorés , les uns en b leu , les autres . en
rou g e ; des poteries émaillées de diverses couleurs,
des vases , des statues en faïence et même e'n
porcelaine plus ou moins d u r e , des verres, des
pâtes de verre colorées et non colorées , un stuc
composé vraisemblablement, comme' le nôtre , de
plâtre et de colle, fo r te ,, ou , comme celui des
Romains, de marbre blanc et de chau x, et sur ce
s tu c , sculpté en r e lie f, des figures diversement
peintes et qui ont conservé leurs vives couleurs :
on y voit des momies d’hommes et d’animaux,
dont l ’enveloppe et les membres sont couverts de
feuilles d’o r ; des statues de bois et de bronze
dorées; des toiles de lin , de co to n , les unes sans
couleur , les autres teintes ou en bleu par l ’indigo,
ou en rouge , vraisemblablement, par la garance ;
enfin des papyrus écrits avec une encre noire.
O n trouve aussi maintenant, dans plusieurs villes
de l’E g y p t e , des édifices construits en briques
émaillées, disposées en -compartimens agréables ,
et des appartemens décorés de carreaux de faïence
recueillis dans les ruines des villes A rab e s , e t q u i,
à cause de leur beauté , sont préférés par les riches
au x carreaux que fournit à présent fa r t du faïencier,
dégénéré dans ce pays comme les autres arts. Mais
les anciens Egyptiens avoient-ils bien à leur disposition
l’étain, dont I’oxide forme fémail blanc qui
sert de couverte à la faïence ! Avoient - ils I’oxide
de co b a lt, qui colore l’émail en bleu magnifique!
Sans d o u te , puisqu’ils fàisoient ces deux émaux,
et qu’ils pouvaient tirer et l ’étain et le safre de
l’In d e , pays qui encore à présent fournit au commerce
une certaine quantité de ces deux substances.
En effet, relativement à i ’é ta in, nous voyons que
son usage est très-ancien , que les Israélites le
trouvèrent dans le butin qu’ils firent sur les Madia-
nites ( Àurum, et argentuin, et tes, et ferrum, et
plumbum, et stannum, et omne quodpotest transite per
flammas, igne purgabilur ; Num. cap. xxxi, v . 22);
que les G re c s , qui le recevoiënt par les Egyptiens
ou par les Phéniciens, i’empioy oient, lors du siège
de T ro ie , à orner les armes de leurs guerriers; q ue,
dans des temps postérieurs et au. siège de Tro ie et
au règne brillant de Salomon, les Cartha g inois ,
parvenus à sortir de la Méditerranée, alloient
chercher l’étain en Angleterre et l’apportoiem en
très-grande quantité aux Israélites ( Carthaginenses
negotiatores tui à multitudine cunctarum divitiarum,
argento,ferro, stannoplumboque, repleverunt nundinas
tuas ; Ezech. cap. x x v i i , v. 1 2 ) ; que les Romains,
après la conquête de l’Angleterre par C é sa r , le
firent venir directement de cette î l e , et remployèrent
non-seulement aux usages auxquels il étoit destiné
chez les Egyptiens et chez les G r e c s , mais encore
à ceux que lui -avoient trouvés les Bretons et les
Gaulois ou Belges ou C e lte s , comme l’étamage des
vaisseaux de cuivre et les divers alliages qu’il
pouvoit former. Stannum illitum oeneis vasis com-
pescit ceruginis virus ; mirumque, pondus non auge t.
( Plin. lib. x x x i v , cap. 17 . )
Quant à lo x id e de cobalt, qu’on nomme safre,
lors de la première lecture de notre mémoire à la
Commission d’E g yp te , nous l’avions annoncé comme
une production de l’Inde fournie aux Egyptiens par
le commerce, non-sèulement d’après P om e t , qui
assure qu’on en tire encore à présent de S u rate ,
mais aussi d’après la conviction où nous sommes
q ue la beauté des verres antiques trouvés en Egypte
a dû nécessairement exiger l’emploi du safre ; e t ,
pour prévenir cette objection qu’on pouvoit nous
faire, que, suivant Fourcroy, le cobalt étoit inconnu
aux anciens, qu’ils fàisoient leurs émaux avec certaines
préparations de f e r , que le cobalt n ’a été
connu et employé pour la vitrification en bleu que
vers la fin du x v i . e siè c le , qu’il n’a été reconnu
comme métal particulier qu’en 1 7 3 2 par Brand t,
chimiste Suédois , nous avions dit que les anciens
ont p u , coipme l’ont fait depuis les modernes,
employer pour leur verre bleu le safre, sans soupçonner
un métal dans cette substance; qu’ils ont
p u , outre ce la , comme l ’ont prouvé M M . Chaptal
et Descostils, préparer, sinon avec le for, au moins
avec le cuivre, les couleurs bleues qu’ils destinoient
à la peinture : mais maintenant nous avons à opposer
à l’opinion de Fourcroy celle que M . Humphry
Da vy vient d’émettre dans le tome X C V I des
Annales de chimie, et qui est fondée sur l ’analyse,
tant des couleurs recueillies dans les ruines de Rome
et de P om p é ia, que des verres bleus antiques.
M . D a v y , par la comparaison des descriptions
que V itru v e , P lin e , Théophraste, nous ont laissées
des substances colorantes usitées de leur temp s ,
démontre d’abord qu’elles étoient les mêmes tant
à Rome qu’à Athènes; p u is , par l’analyse chimique
de ces substances retrouvées, il en indique la nature
et la composition.
Parmi ces couleurs, il croit avoir rencontré le
bleu décrit par Théophraste, découvert par un roi
d’E g y p te , fabriqué en grand dans ce pays, consif
déré par Pline comme le plus beau bleu factice,
imité à Pouzzoli par Nestorius, et il donne ainsi,
d’après ses expériences, la composition de cet azur:
Carbonate de soude;: 15 parties.
Caillou siliceux. ................... 20 parties.
Limaille de cuivre................... 3 parties. '
L e mélange, chauffé fortement ^pendant deux
heures, lui a donné une fritte q u i , pulvérisée,
étoit fl’un beau bleu-de-ciel foncé. O n mettoit cette
fritte en poudre de la même manière que celle qui
nous donne l’azur. E x coeruleo fit quod vocatur loinen-
tum :perficitur id lavando terendove, et hoc est coeruleo
candidius. ( Plin. lib. XXXIV, cap. 1 3. )
Les E g yp tiens , e t , après eux e t d’après leurs
procédés, les Grecs et les Romains , ont donc pu
obtenir une belle couleur bleue métallique, sans
employer le cobalt dans, sa composition : mais se
sont-ils aussi, sans i’oxide de ce métal, procuré
un verre bleu parfaitement transparent ! M. Da vy
va répondre à cette question.
Théophraste, dit- il, parle, comme par ouï-dire,
du cuivre dont on se servoit pour donner une belle
couleur, au verre ; et il est extrêmement probable
que les Grecs prenoient le cobalt pour une espèce
de cuivre. Nous ajouterons q ue, dans cette phrase
de P lin e , Vitrum devibus aridisque lignis coquitur,
addito Cyprio ac nitro, maxime Ophirio (lib. x x x v i ,
cap. 2.6 ) , il existe peut-être la même erreur ; e t,
pour prouver q u e , même du temps de C a rd a n ,
on employoit le safre sans trop savoir ce que c’étoit
au juste, nous citerons cette phrase de lui : Syderea,
quam man ganen sem Jtali vacant, terra est repur-
gando vitro aptissima, illu d tingens coeruleo colori. E s t
alia etiamquoe sic vitrum tingit, coerulei coloris, quam
zapheram quidam appellant.
J ’ai examiné, dit encore M . Da vy , quelques
pâtes Egyptiennes qui sont toutes teintes en bleu
et en vert par le cuivré: mais, quoique j’aie fait des
expériences sur n e u f échantillons différens d’anciens
verres bleus transparens, je n’ai trouvé de cuivre
dans au cu n , mais du cobalt dans tous ; et si
M M . Hachette et Klaproth ont découvert du cuivre
dans quelques verres bleus anciens , j’imagine que
ces verres étoient opaques.
Les E g yp tien s , possédant les différens émaux,
les appliquoient-ils sur les métaux ! P line dit bien
que les Égyptiens émailloient l ’arg ent, peignoient
leur dieu Anubis sur leurs coupe s, et que les
Romains, à leur exemple , émaillèrent toutes les
statues d’argent qu’on portoit en triomphe : mais,,,
comme il s’étonne de la fantaisie qu’on a eue de
faire perdre au métal son é clàt, et comme un des
■f. T O M E I I .
procédés qu’il décrit et qui étoient employés pour
obtenir ce résultat, ne consistoit qu’à frotter l’argent
avec des jaunes d’oeuf cuit dur, broyés et délayés
dans le vinaigre, et , par conséquent, ne pouvoit
que sulfurer la surface de l’argent, nous n’assurerons
pas que les Égyptiens et les Romains savoient
couvrir les métaux comme leur poterie d’un véritable
émail. Nous observerons cependant qu’on a
trouvé dans le temple de Diane à Éphèse plusieurs
pièces dorées, couvertes, pour la conservation dé
■la dorure, d’une petite lame de verre; ce qui est une
sorte d’émail.
[0 ] A u x renseignemens déjà présentés dans cette
n otice , nous en ajouterons d’autres plus particulièrement
relatifs aux produits obtenus maintenant dans
les manufactures Européennes.
VERRE OU CRISTAL FACTICE.
Q n fabriqùoit jadis, e n 'É g y p te , dans l’In d e , à
R om e , & c ., de fort beau verre; mais, depuis que
nos chimistes ont fait ajouter du minium aux matières
très-pures qui constituoient le verre des anciens
, nous pouvons dire avec plus de vérité qu’eux :
«N o u s faisons du cristal. »
Nos hodie commuai ter aliqua vas a ex vitro puris-
simo et clarissimo] vocamus crystallina, ob similitu-
dinem quam habent cum crystallo, cbn sint aliéna J
materia verte crystalli. ( A n g . Barthofom. )
y I T R E S .
I l est certain que les anciens garnissoient ordinairement
les fonêtres de leurs maisons e t les fenêtres
des litières de leurs dames avec des feuillets
4 ’une pierre transparente qu’ils nommoient spêcu-
/laire, et q u i, vraisemblablement, étoit un mica à
grandes lames, mica membranacea, pellucida, f ie x i-
l i s , a lb q , semblable à celui qui, sous le nom de
verre de Moscovie, remplace le véritable verre, non-
seulement dans ce p a y s , mais encore sur lès vaisseaux
de guer re, où nos carreaux de vitre ordinaires
seroient bientôt brisés par l’explosion de l’artillerie.
I l est certain qu’ils fàisoient avec des fouilles, ou
de cette même pierre, ou de co rn e , des ruches transparentes,
afin de pouvoir considérer l'intéressant
travail des abeilles ; ils en fàisoient aussi des lanternes,
dont ces fouilles défendoient la lumière
contre le vent et la rendoient plus brillante que celle
qui émanoit des lanternes faites avec la vessie.
LATERNA CORNEA.
Dux laterna vioe, clausis feror aurea fiammis,
E t tuta est gremio parva lucerna meo. (A'art.)
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