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anciennes (VIH) ne peuvent ici trouver place ; nous ne traiterons que des cinq
autres articles, et succinctement; et d’abord nous ferons l’application sur le sol de
plusieurs des distances principales rapportées par les auteurs.
(Il, III, IV.) Hérodote cite une de ces distances, quiétoit, à ce qu’il paroît, bien
connue des habitans : l'intervalle entre la mer et Thèbes; cet intervalle étoit, dit-il,
de 6120 stades ( i ). Une telle mesure n’a aucun rapport avec le contour du Nil,
d’abord de Thèbes à Memphis, puis par le Delta jusqu’au golfe Pélusiaque; et
cela, de quelque mesure qu’on fasse usage. Mais il est constant, d’après les observations
astronomiques ou géographiques faites en ces deux endroits, que l ’arc
terrestre de Thèbes à U mer (bouche Tanitique) comprend exactement 6i 20 petits
stades d’Egypte (ou de la mesure d’Hérodote) (2). Remarquons que ce n’est pas
là un nombre rond, comme si l’on eût dit 6000 stades.
Péluse est un peu moins éloignée de Thèbes, et sa distance est seulement de
6000 stades. Si l’on croyoit devoir préférer ce point de départ ( ou bien le point
de la côte où aboutit le méridien de Thèbes), cette différence ne pourroit atténuer
ce qu’il y a de frappant dans le rapprochement ; il suffirait à lui seul pour
montrer que les grandes distances rapportées à Hérodote par les indigènes ne
sont pas des mesures itinéraires. Il paroît évident que ceux qui indiquoient ces
distances aux voyageurs Grecs, les empruntoient à un plan de l’Egypte; et ce
plan devoit être d’une grande exactitude, à en juger par la conformité presque
parfaite de ces nombres avec ceux que fournit la géographie moderne.
L ’interprétation donnée par les traducteurs Français à ce passage important
n’est pas plus fondée sur les expressions mêmes de l’auteur que sur la connois-
sance du local; le sens de l’auteur y est dénaturé, et commenté en conséquence :
Hérodote dit seulement que, sur le N il, on compte d ’Héliopolis à Thèbes neuf
journées de navigation, qu’il y a 4860 stades de chemin, et que ces stades sont
des stades d’Egypte. . . . et qu’en se dirigeant à travers les terres [/aeo-¿ytiec, ou èc,
H.t<rlya.um'\, depuis la mer jusqu’à Thèbes, il y a 6120 stades. Il est manifeste
que cette dernière mesure est prise à vol d’oiseau, tant elle diffère de la distance
que supposeroit la navigation sur la branche Pélusiaque et sur le Nil jusqu’à
Thèbes, ou bien un chemin de terre voisin du cours du fleuve. On ne pourroit
d’ailleurs choisir ces lignes sans arbitraire, tandis que la distance en ligne droite
ne souffre aucune équivoque (3). Le plan de l’Ëgyp'te prouve donc, selon moi,
(1 ) Voici le texte : ’Arm Si 'Haioum\ioç iç OiiCaf tçi
àyâtihooç onia. ù/Mptav. Imfjot Sè rnç ¿Joù t%ix.ornt £ oV7«-
Kûoioi Xj Ti']pcau<r%tooi, j^oiruv iioç g oySaxotra. toviwv. Ou-ni
ownStijutroi mSici Aiyo7j\pv, 79 juir 7mpÿ- 3aAatrow , hSi1 put
StSiiKa'iai 07» ¿j'oxotnay içt çitSlav £ .■xeqyA/iar
onv Si th ^¿70 SotAaurnç pmjgi ©11 C&icov punyaia. tçl mputnto.
2 to<flot ytf tin tixon yjy tngflor x&x tjjflOw^ÎA/s/. To Si Vot
QnCatay tç ’]L\tq>ajntmr Ksc\topucvt\v n çttSloi tixon -40} ox'la-
xjooioI tin. ( Lib. i l , cap. IX, cd. Gale, Lond. 1679. )
(2) J’ai pris toutes les mesures sur la grande carte topographique
en quarante-sept feuilles.
(3 ) On pourroit objecter sans doute que la mesure de
4860 stades est exacte aussi en ligne droite, mais non pas
comptée sur le fleuve; car ce nombre est précisément égal
à la distance des parallèles de Thèbes et d’Hëliopolis,
ou à la différence en latitude; mais est-il certain que ces
deux membres de phrase, tçi ’ANA'n AOOS ivna Sptptar, et
sa Slot Sï txç OAOT tfyiKovm £ oxlaxSnoi ¡t. nT&Du^itooi. . . ,
doivent être entendus dans un même sens, ainsi que l’ont
admis les traducteurs ! Il pourroit y avoir neuf journées
de navigation sur le Nil entre Héliopolis et Thèbes, et
cela sans rapport avec les 4860 stades de chemin ou
de distance directe d’un point à l’autre. J’omets d’autres
remarques sur ce chapitre important du livre II.
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P L . R E L A T I V E S À L A G É O G R A P H I E C O M P A R É E .
que la distance directe de Thèbes à la mer étoit connue des Égyptiens avec
exactitude; en effet,les 6i20_stades expriment l’arc terrestre d’un point à l’autre,
ou à très-peu près la différence en latitude.
Il en est de même de la distance entre Thèbes et Éléphantine, qui, dans le
texte, vient immédiatement après; cette distance étoit, dit-il, de 820 (ou plutôt
de 1820 ) stades ( 1 ) : or on trouve très-exactement 1 820 stades Egyptiens entre
le parallèle cle Thèbes et celui d’Éléphantine ; ce nombre est donc encore la
différence des lieux en latitude : il n’a pas plus d’application que le précédent
au cours du Nil, quoique le fleuve ait ici moins de contours.
Il en. est encore ainsi de la distance entre Heliopolis et la mer, assignée par
Hérodote, toujours d’après les mêmes autorités. Au chapitre vu du itef livre,
il rapporte que la distance de la mer à Heliopolis est de 1 y00 stades complets,
nombre qui, suivant lui, différoit en plus, de 15 stades, de celle d’Athènes à
Pise : ‘srÀïigjf rôv cL^fjeov Touroii • or, prenant sur 1 échelle une ouverture de
compas de 1500 stades d’Egypte , et une pointe du compas étant placée sur
le centre des ruines de Péluse, l’autre pointe tombera exactement sur les ruines
d Heliopolis ( 2 ).
Citer ici toutes les grandes distances qui donnent lieu à la même observation
et en faire voir la conformité avec le plan de l’Egypte, serait s’engager dans
de trop longs cléveloppemens et anticiper sur le mémoire dont il a été parlé :
cependant je ferai encore mention de plusieurs de ces intervalles. Tandis que le
contour du fleuve et des canaux, depuis Alexandrie jusqu’à Syène, est de sept ou
huit cents milles Romains, on trouve entre ces deux villes, en ligne droite, cinq
cent soixante-et-dix milles : or ce nombre de cinq cent soixante-et-dix milles est
justement celui qui est cité dans Pline, mais donné, à la vérité, pour une longueur
itinéraire. Un arc terrestre aussi étendu est comme une base immense à l’aide
de laquelle on pourroit construire la carte ancienne de l’Egypte. En effet, on
sait que la différence de latitude entre ces deux villes étoit connue pour être de
<000 stades de 700 au degré , et cette mesure est très-exacte ; on conclut de ces
deux données une différence en longitude exactement égale à celle qui a été
observée de nos jours.
Je mentionnerai aussi une mesure de 817 stades entre Arsinoé et la bouche
Pélusiaque, c’est la mesure précise de l’isthme de Soueys en stades ; enfin les
distances de la tête du Delta à Péluse et à Alexandrie, de 25 et de 28 schoenes,
suivant Artémidore cité par Strabon. Toutes ces distances et un grand nombre
d’autres présentent la même remarque, savoir, que, comptées en ligne droite,
elles.sont rigoureusement exactes, tandis que, mesurées sur les contours des chemins
ou des canaux, elles n’ont plus d’application possible.
De là se tire cette conséquence, que les mesures citées par les auteurs Grecs
et Romains étoient des nombres empruntés à une carte antique, probablement
( 1) Après çtLSidi tïxcn £ oxtojunoi, il faut suppléer x, (2) Voyez la carte ancienne générale, ainsi que la carie
;yA/oi c’est ce qui résulte nécessairement de la carte particulière de la basse Egypte,
moderne.
A . TOM E II. V a