
» 2.° Les terres cultivées et cultivables ;
» 3.° La superficie des terres incultes et qui pourroient être rendues à la
« culture;
» 4 ° Celle des îles du fleuve, que l’on doit considérer en général comme terres
» cultivées et cultivables, et qui varient aussi selon les crues du Nil;
» 5.0 Celle des canaux, de leurs berges, digues, chemins, et tout ce qui y a
» rapport;
» 6 ° Celle de l’emplacement des ruines et décombres des villes et monumens
» anciens;
» y.° Celle du fleuve dans les hautes eaux;
» 8.° Celle des lacs, étangs et marais également dans les hautes eaux ;
» 9.0 Enfin la superficie des sables, plages, dunes, renfermés dans la partie de
» l’Egypte susceptible detre inondée par le fleuve, et qui ne tiennent pas au
» désert. »
L’étendue respective de chacune de ces neuf superficies est comprise dans le
tableau suivant; l’approximation y est poussée jusqu’à la précision d’un hectare, et
1 on ne peut guère desirer plus. Dans le tableau original que m’a communiqué
M. Jacotin, l’on a distingué les seize provinces actuelles de la haute, de la moyenne
et de la basse Egypte, et même les deux rives du Nil; enfin la surface y est calculée
en hectares, en myriamètres carrés, en arpens, en lieues et en feddân. Mais
je me borne à rapporter le tableau qui suit, et qui exprime Je résultat principal :
EN
H E C T A R E S .
EN L IE U E S
carrées
de 25 au degré.
EN
F ED D Â N .
II. I. f.
Villes, villages, habitations............... 43316. 21,93. 73 058.
Terres cultivées et cultivables. 1 907 757. 965,85. 3 217 671.
Terres incultes...................................... 444165. 224,87. 749 »4°*
Iles du fleuve.........................................
10
S
O CO
IO»99- 36613.
Canaux ei digues.............................. .. 71 484. 36, ! 9. 120 567.
Ruines et décombres............................ 9674. 4,89/ 16 316.
Eaux du fleuve......... .......................... 94 236. 47.Í7U
Os
00
Etangs et lacs......................................... 558 992. 283. 942 810.
Sables............................. ...................... .. 134 668. 68,18. 227134.
3 286 000. 1663,61. 5 542 250.
D après ce tableau, 963',85 seulement sont habituellement en état de culture.
Une quantité aussi foibleade quoi étonner au premier abord : mais, si la surprise
ne cédoit pas à 1 évidence géométrique, ilfàudroit se rendre au calcul tout-à-fait
concordant fourni par les percepteurs de l’impôt; et l’on n’accusera le fisc dans
aucun pays de réduire l’étendue du territoire imposable : or les intendans Qobtes, qui
tenoient avec beaucoup de soin les registres d’arpentage destinés à asseoir le myry
ou impôt territorial, ont fourni des états qui se montent à 3163618 feddân (1).
L e feddân est un carré de 20 qasab en tout sens; le qasab, une perche de 6 coudées
du pays [pyk belady^el f ; le pyk est de om,jyy^ : ainsi le feddân est de
5929 mètres carrés, et les 3163618 feddân font 1875709 hectares ou 949',63.
Voilà donc un nombre encore inférieur d’environ 16 lieues carrées au compte précédent;
en adoptant celui-ci, on ne craint donc pas de se tromper en moins. Enfin
le cadastre de Melik el-Naser, publié par M. le baron Silvestre de Sacy à la suite
de la version d’A ’bd-el-latyf, présente un total de 3 1 7 2 1 3 6 / ^ » ou 952 lieues
carrées un dixième.
Mais il ne faudroit pas borner là l’espace réellement susceptible d’être mis en
culture. Beaucoup de parties du territoire ont été envahies par les sables, depuis
qu avec ses lois et ses anciens usages le pays a perdu sans retour cette police vigilante
qui protégeoit le territoire contre toute espèce d’ennemis. Par les afïïuens de
la vallée, les vents apportent incessamment des nuées de sable fin, tantôt des déserts
de la Libye, tantôt de ceux de la mer Rouge ou de l’Arabie. Cette cause d’empiétement
a toujours existé; les anciens savoient s’eñ défendre par des canaux et par
des plantations d arbres épineux. Depuis que ces barrières n’existent plus, le pays
perd de plus en plus de son territoire fertile, et le fleuve, quoique son niveau
s exhausse de plus en plus, n’arrive pas à une assez grande hauteur pour recouvrir
les sables de son limon fécondant. On peut estimer à près du quart l’étendue stérilisée
par cette cause.
Les des sont toutes cultivables; leur position a sans doute changé, mais leur superficie
beaucoup moins. Le Nil ne fait que les déplacer, selon que sa pente et les
variations de son cours le portent plus vers la rive droite ou vers la rive gauche :
aussi sont-elles réclamées tantôt par un village, tantôt par un autre.
Beaucoup de canaux abandonnés, comme l’observe judicieusement M. le colonel
Jacotin, ont ete remplacés par de nouveaux; les berges des uns et des autres couvrent
un grand espace : voila une nouvelle cause de terrain perdu pour la culture.
Enfin, depuis que l’équilibre est rompu entre les branches du Nil, la mer a fait
des irruptions fréquentes. Des lacs salés occupent maintenant toutes les anciennes
embouchures, à l’exception des seules branches Phatmétique et Bolbitine, et encore
le Nil est resserré de près à ces deux points par les lacs d’Edkoû, de Bourlos
et de Menzaleh.
La vaste etendue que ces lacs ont couverte est d’environ la septième partie de
tout le pays; mais il existoit aussi des lacs dans l’antiquité.
Ainsi les sables et la mer, qui etoient jadis un des plus sûrs boulevarts du pays,
ont a leur tour conquis les frontières de l’Egypte, et sont devenus ses plus cruels
ennemis. Si 1 on a égard a 1 une et à l’autre de ces invasions, on trouve, par une
(1) Voyez le Compte rendu par M. Estève de l'administration des finances pendant l'établissement des Français en
Egypte, 1 vol. in-4.0, page 357.