
que les Grecs 1 ont puisée, soit dans ce pays, soit dans la Chaldée. Mais cette
conséquence ne résulte pas seulement de l’examen des bas-reliefs de Thèbes et
de ceux des villes voisines ; elle est démontrée d’une manière non moins manifeste
par la comparaison des propriétés du climat avec les noms et les figures des
constellations zodiacales. Cette seconde preuve sera développée dans le Mémoire
suivant.
Nous ferons remarquer auparavant que 1 identité des deux zodiaques Grec et
Égyptien a été reconnue depuis long-temps. Les Grecs, qui étoient si portés à
attribuer à leur nation les découvertes étrangères, n’ont point prétendu être les
inventeurs de leur zodiaque : ils nous ont appris, au contraire, qu’il étoit le
meme que celui de 1 Égypte et de la Chaldée. Quant aux constellations extrazodiacales,
nous savons, par divers témoignages, que quelques-unes n’étoient
point nommées de la même manière dans la sphère Égyptienne et dans la sphère
Grecque ; cela est évident d’ailleurs pour toutes celles qui se rapportent à l’histoire
et à la mythologie des Grecs : ils changèrent dans les sphères Chaldéennes
ou Égyptiennes plusieurs des constellations que l’écliptique ne traverse point;
mais ils ne firent aucun de ces changemens dans la partie du ciel où s’accomplissent
les phénomènes qui sont 1 objet spécial de l’astronomie. Les principes
de cette science leur etoient alors entièrement inconnus ; et les premiers élémens
qu ils en reçurent de la Chaldée et de l’Égypte auraient été pour eux inutiles et
inintelligibles, s ils n eussent point conservé intacte la partie de la sphère céleste
qui montrait le cours du soleil et des planètes. Cette opinion sur l’origine du
zodiaque Grec est celle des écrivains anciens ou modernes qui ont étudié avec soin
les monumens : elle n a pas été contestée dans les ouvrages où l’on attribue l’institution
du zodiaque à un peuple de l’Asie, qui a, dit-on, précédé et instruit
tous les autres, quoiqu il ait été ignoré de l’antiquité tout entière ; on y suppose
seulement que 1 Égypte et la Chaldée ont reçu leur zodiaque de cette nation
antérieure. Mais nous ne considérons point ici cette question, qui est entièrement
conjecturale et hors des bornes de l’histoire.
La seule différence que l’on remarque entre le zodiaque de l’Égypte et celui
qui faisoit partie de la sphère Grecque, consiste en ce que le signe de la balance
a souvent été remplace par les serres du scorpion : ce changement avoit été
fait par les Chaldéens, et il est facile de voir ce qui l’avoit occasionné. En effet,
la constellation du scorpion est très-apparente dans le ciel ; et les étoiles qui
marquent les deux bassins de la balance, sont disposées de manière à désigner
sensiblement les serres du scorpion. On conçoit donc que l’on a pu changer les
noms, et supposer que la forme de cet animal devoit comprendre deux divisions
entières. Le passage de Servius qui a été cité dans cette discussion, et que nous allons
rapporter, explique clairement la différence du zodiaque de l’Égypte et de celui
de la Chaldée.
« Les Égyptiens comptent douze signes, et les Chaldéens, onze seulement : car
» ces derniers forment un seul signe de la balance et du scorpion. Les Chaldéens
» supposent aussi que ces mêmes signes sont inégaux, et que chacun a une étendue
» qui lui est propre ; en sorte que l’un pourrait avoir vingt et l’autre quarante de-
» grés : mais les Égyptiens comptent précisément trente degrés dans chaque signe. »
Ægyptïi duodtcim esse asserunt signa ; Ghaldcei verb, undecim : nam seorpium et lilram
unum signum accipiunt; cheloe enim scorpii libram facinnt. Iident Ghaldoei nolunt oequales
esse partes in omnibus sig n issed , pro qualitate isuî, aliud signum XX, aliud XXXX habcre,
cùm Ægj/ptii x x x in omnibus Pelint ( i ) , ,
Les Grecs, qui eurent des rapports avec la Chaldée, remplacèrent donc la balance
pàr les serres du scorpion ; et il résulta aussi de leurs communications avec
l'Egypte, qu’ils comprirent quelquefois labalance, et non les serres, dans rémunération
des douze signes : d’autres indiquèrent à-la-fois les deux dénominations*
Au reste, les sculptures astronomiques de la Thébaïde mettent fin à toute discussion
sur la composition de l’ancien zodiaque Égyptien, et confirment pleinement
le témoignage de Macrobe, Il est manifeste, comme le rapporte cet écrivain
(2), que l’on faisoit usage depuis très-long-temps dans l’Égypte de cette
division de l’écliptique en douze parties égales, et que l’on y désignoit les constellations
par les figures et lès noms qu’elles ont encore aujourd’hui, et qui sont
devenus communs à tous les peuples, Les figures des douze constellations ont
été imitées par les Grecs, et elles ont subi quelques changemens qui rendent le
dessin plus régulier, sans faire disparaître le style Égyptien.
Cette origine semble aussi être indiquée par les Caractères dont on se sert encore
aujourd’hui pour désigner les douze parties de l’éCliptique, Ces caractères et
ceux qui se rapportent aux planètes, se trouvent, avec quelques légers change-1
mens, sur des pierres gravées et dans les plus anciens manuscrits.
On voit, dans les ruines magnifiques qui subsistent à Palmyre, les figures deS
douze constellations telles que les Romains les connoissoient : elles ornent le
plafond d’un des principaux édifices.
En général, les nations qui ont reçu de l’Égypte les élémens de la religion ou
des sciences, ont continué de sculpter dans les temples les signes du zodiaque.
L ’élégante description qu’Ovide nous a donnée du temple du Soleil, exprime ce
même usage, « On voit, dit le poëte, au-dessus de ces objets, l’image éclatante
» du ciel ; six constellations sont placées à la droite, et six à la gauche, -a La
première vue du portique de Tentyris nous a rappelé ce passage : aucun autre
ne convejioit mieux pour indiquer le sujet que nous venons de traiter.
5 , 0 R É S U M É D U P R É S E N T M É M O I R E .
L es sculptures ou les peintures zodiacales que les voyageurs Français ont découvertes
en Égypte, et dont 011 vient de donner la description précise, existent
dans les anciennes villes de Tentyris, de Latopolis, d’Hermonthis, et à Thèbes
dans un hypogée. Nous n’avons pu trouver aucun autre tableau de ce genre. De
ces six monumens, il y en a quatre dont chacun contient les douze constellations
du zodiaque. Ces figures sont évidemment celles que les Grecs ont imitées;
elles se succèdent toujours suivant l’ordre connu. Elles ne sont point seules, mai9
(1) Serv. Cominçnt. ad / Georg. vers. 33. (a) Somn. Scip. Iib. i , cap. xxi.-