donnant à quelques gentilshommes qui l’avoient suivi le soin de faire du verre
sans déroger.
Or, si. 1 on peut avoir une idée à peu près juste d’un tableau original d’après
une copie réputée fidèle, on peut de même, en voyant le verre que ces gentilshommes
fabriquent d après des renseignemens présumés avoir été pris en Egypte
par leurs ancêtres, on peut, dis-je, croire que les Arabes qui occupoient ce pays
au temps des croisades, ne faisoient, au moins dans leurs fabriques ordinaires
qu un verre blanc commun (,), qu’ils composoient de cendres du kali et de sable-
qu ils mettoient ce mélangé en fusion dans des fours de forme ronde, dont le foyer
etoit au milieu, et dont la voûte, percée à son centre, laissoit passer la flamme
pour la repandre dans un espace supérieur quiservoit à recuire les pièces fabriquées.
G est, n en doutons pas, à ce procédé, qui n’étoit que le signe de la décrépi-
ude dans laquelle 1 art de la verrerie étoit tombé en Egypte, que nous devons
la renaissance de ce meme art en Europe.
Les gentilshommes verriers se bornèrent, à la vérité, à fabriquer un verre
commun, pareil a celui que leurs pères avoient vu faire dans l’Orient, et qui déjà
avoit 1 avantage de pourvoir aux besoins de l’économie domestique : mais des
gens instruits dans les arts chimiques, qui iisoient (2) les anciens auteurs, qui
y trouvoient les indices des matières premières employées dans la composition
des differens^ verres anuques et quelques traces des procédés usités pour les
fabriquer qui y voyoient décrits les merveilleux ouvrages exécutés à Memphis, à
Sidon, a Syracuse, en Perse, dans tout l’empire Romain, et qui, en outre, rencontraient
quelquefois des pièces entières et souvent des fragmens de ces beaux
verres, ces gens, disons-nous, conçurent l’espoir de faire du verre supérieur à
celut que fabnquoient les nobles et égal à celui qu’ils admiraient; iis travaillèrent
en conséquence. Grâce à leurs efforts opiniâtres et à ceux.de leurs successeurs,
les secrets, les procédés des anciennes fabriques Égyptiennes, Grecques et
Romaines, sont maintenant dévoilés; et nous en sommes d’autant plus assurés,
que la chimie nous apprend qu’il étoit impossible aux anciens de faire, comme
ils ont fait, un verre aussi beau que le cristal de roche, et des verres colorés, semblables,
a la densité près, aux pierres précieuses, sans employer lesmêmes matières
que nous; qui! leur étoit impossible de donner à ces verres les formes que nous
leur donnons, sans avoir recours aux moyens dont nous nous servons, et que,
d ailleurs ils nous avoient plus pu moins exactement indiqués dans leurs livres.
Ainsi 1 on peut dire que maintenant nous, sommes aussi avancés dans l’art de
h verrerie quon l’étoit en Egypte sous les Ptolémées, et à Rome du temps de
L ’U n e ; que nous savons, comme on le savoit alors, ^ ;
i.° Que le sable, le cristal de roche, le quartz très-purs (3), ont besoin, pour
y H ■ Cr0iSÎS , uren.fissiles,magn,s ^plenemployé
les p r é d i t ° n‘ raPPOrtC " S K « S I B È i n J u d i
( 2 ) Les gentilshommes, comme on sait, ne dalgnoient B E i I P S É l ü P P P hwnam
pas alors apprendre à lire, et ils déclaraient nesavoîr W V « ■ » « Ü W
pas signer, attendu leur qualité de gentilhommè.
être convenís en verre, d’être mélangés ou avec d’autres substances terreuses ou
avec les alcalis;
2.0 Que la silice pure * mêlée avec la soude ou la potasse purifiées » formé Je
verre le plus blanc (1) ;
3." Que les autres matières qu’on fait souvent entrer dans la composition du
verre, ne servent, les unes, comme le borax et l’arsenic, qu’à faciliter la fonte, et
les autres, comme l’oxide de manganèse, qu’à décolorer le verre, ou, comme le
minium, qu’à lui donner du liant et de la pesanteur;
4.0 Qu’en mettant en fusion du verre très-fin avec des oxides métalliques, on
obtient des verres colorés, des pierres précieuses factices (2);
y.° Que la fonte des matières à faire le verre commence par une opération
qui les met à l’état de fritte, et qui consiste à les exposer, mélangées, à un feu
poussé au rouge et entretenu pendant douze heures (3) ;
6 ° Qu’on doit mettre la fritte, ainsi préparée, dans les pots ou creusets fortement
chauffés;.la faire fondre à un feu violent, alimenté avec du bois sec (4);
la maintenir dans une fusion très-liquide, pour l’affiner, pour la débarrasser de
ses bulles; puis diminuer un peu la chaleur pour donner au verre la consistance
qui lui convient pour être travaillé;
7.° Qu’alors l’artiste doit plonger dans le pot l’extrémité d’une canne de fer
creuse pour y cueillir la quantité de verre fondu qu’exige le vase à fabriquer,
arrondir par un mouvement imprimé à la canne cette petite masse vitreuse (y), la
pétrir sur un marbre, la distendre, en la soufflant, soit en l’air, s’il veut faire un ballon,
soit dans un moule creux, si c’est un vase cylindrique qu’on lui demande; présenter
souvent la pièce à la flamme du fourneau pour lui rendre la chaleur et
par-là la ductilité nécessaires ; se servir enfin de compas, de ciseaux, de divers autres
instrumens très-simples, pour façonner le verre, pour lui donner la forme désirée
(6) ;
8.“ Que, pour préparer ces glaces qui, polies et étamées, réfléchissent les
rayons du soleil et retracent à nos yeux l’image des objets qu’on leur présente (7),
l’artiste doit verser le verre en fusion sur une table de cuivre très-unie, promener
sur ce verre un niveau qui l’étende et lui donne une épaisseur uniforme
et convenable, puis porter les glaces ainsi coulées dans un four qui les entretient
à un degré de chaleur assez fort, jusqu’à ce qu’il en soit rempli, et ensuite, bouchant
( 1 ) Pline.connoissoit la potasse et ses propriétés;entre (3 ) Arena miscetur tribus partibus nitri pondere vel
autres, celle d’être, comme l’huile, douce au toucher. E x mensurâ, ac liquata in alias fomaces tretnsfunditur 1 ibifit
lignis combustis confiei sal. Optimum exeo,qubdoleiquttm- massa quoe vocatur ammonitrum ; atque hoec reeoquitur, et
dampinguitudinem reddit. g f i t vitrum pumm ac massa vitri candidi. (Plin.)
Dioscoride disoit de la soude i.Conficitur ad vitra iu (4) Levibusautem aridisque lignis coquitur, quoe fiantfornacibus
expurganda. mam, non fumum, emittant. (Plin.)
ç Pline connoissoit aussi la cendre gravelée. Fex vini ( 5 ) Formaturspiritu vitrum in plurimos habitue. (Sen.)
siccata recipit ignés, ac sine alimento per se fiagrat : cinis (6 ) Aliud fiatu figuratur , aliad tomo teritur, aliud
ejus nitri naturam habet, easdemque vires. Le nicre de Pline argent! modo catlatur. ( Plin. )
etoit le natrón. ( 7 ) Speculis conficiendis non est aptior alia vitro materia,
(2) Ex massis rursusfunditur in officiais : tingitur etiam Crystallus ,/uturï speculi materia , perspicua sit oportet,
multis modis, ¡ta ut hyacinthos sapphirosque virides imi- et utrimque exacti explanata» ( Plin.)
tetur etonyches, vel aliaruin geminarían colorrs. (Plin.)
A . T O M E I I . g)