Si l’on révoquoit en doute l’existence du socle de la première pyramide, je
citerois l’exemple de la s e c o n d e , qui a un stylobate très-apparent, sur les faces du
nord et de l’ouest ( i ) : on aperçoit aussi celui de la t r o i s i è m e . Les sables encombrent
les bases des autres. On peut citer ici comme une imitation des pyramides
d’Égypte celle de Cestius à Rome; elle repose sur un socle. Le dé de granit
que nous avons trouvé en fouillant sous les obélisques de Louqsor, est le socle de
ces monumens (2.); toutes les fois que les obélisques sont représentés dans les
hiéroglyphes, ils sont posés sur un socle ( 3 ). Les obélisques d’Héliopolis et
d’Alexandrie ont un socle et un dé (4). On observe un socle sous les monolithes
de Thmuis et de Mehallet el-Kebyr (5 ). Il en est de même des colosses de Thèbes,
Il n’est aucun palais, temple ou monument, parmi ceux sous lesquels on a fait des
fouilles, où l’on n’ait trouvé un soubassement. En un mot, il seroit difficile de
concevoir un monument Égyptien sans un socle ou stylobate.
Au nombre des signes hiéroglyphiques, on remarque la figure d’une pyramide
posant aussi sur un socle (6).
§. II.
De l ’Abaissement de la Grande Pyramide.
J ’a i annoncé plus haut que je ferois un examen particulier de la question relative
à la plate-forme de la g r a n d e pyramide, déjà traitée sommairement dans un
mémoire sur le système métrique des Egyptiens. Cette plate-forme devoit-elle
exister dans le plan primitif de la construction!, quel a été son élargissement graduel,
et en même temps l’abaissement du sommet (7) !
Les auteurs qui ont décrit le monument ne font pas tous mention d’une plateforme.
Hérodote n’en parie pas, ni Strabon davantage. Selon Diodore de Sicile, la
largeur de cet espace étoit, de son temps, de 6 coudées [ ou (8). U paroît
que Pline lui donnoit 1 y pieds et demi [ 4“ ,30] T P l moins c’est le sens le plus
vraisemblable du passage. L’angle des faces de la pyramide sur le plan de la base
étant connu pour être de y 1 ° 19' 4". 3 est facile de calculer la différence en hauteur
qui résulte de ces deux différentes largeurs de la plate-forme; le calcul donne un
mètre :o r cette mesure équivaut à deux assises, d’après la valeur des deux assises
( 1 ) Voyez planche ¡6 , A . vol. V, fig. i etjt.
( 2) Voyez A . vol. I I I , planches n et 12.
•(3) lbid. vol. V , planche 50, n.° jje f.
•( 4} lbid. planches 26 et j j .
(5) lbid.planches 29 et20.
(6) Voyez mon tableau des hiéroglyphes, A . vol. V,
pl. yo, ti.° 66 , V. M. Hamihon, 'dans son ouvrage intitulé
Ægypliaca, pl. 2 1 , fig. 3 , a publié un sujet dessiné
d’après un monument souterrain. Cette figure n’est pas
celle d’un outil ; elle ressemble aux pentes pyramides
votives des tombeaux.
(7 ) Ces questions ont déjà été traitées par le savant
auteur du Commentaire sur DicurI ; cependant il reste
encore incertain si la plate-forme a existé de tout temps.
(8 ) Recherches géographiques et critiques sur le livre
De mensura orbis terra, pag. 00 et suiv.
(9) L’auteur du commentaire que je viens de cher a
fort bien prouvé .que la leçon x v P . S. des anciens manuscrits
et des éditions les plus anciennes est préférable à
la leçon x x v , qui se voit dans la plupart des ‘éditions.
Quant au mot altitudo» tout le monde est à peu près d’accord
qu’il faut lire latitudo: on ne pourroit laisser altitude
h cacurnine, qu’en supposantqu’un d aura disparu devant
x v P. S. ; car 515 pieds et demi de la mesure -de Pline
font i42m,85, ce qui s’éloigne peu delà hauteur totale du
monument ( 144m>19 ) : niais ce n’est là qu’une hypothèse.
supérieures actuellement existantes : voilà déjà un indice de l’exactitude des deux
mesures rapportées par Diodore de Sicile et par Pline ( t ). Un second résultat est
que le sommet du noyau de la pyramide est de niveau avec la plate-forme du temps
de Diodore, le revêtement ayant pour épaisseur, au niveau de la plate-forme
actuelle, im,46, comme on l’a vu plus haut.
A bd el-Latyf, dans sa Relation de L'Egypte, rapporte qu’il chargea un de ces
hommes accoutumés à monter au haut des pyramides de prendre avec son turban
la mesure du plan supérieur, et que cette mesure se trouva être de onze coudées,
à la mesure de la coudée naturelle : cette grandeur donne ym,o8, et, pour la différence
de hauteur avec la plate-forme du temps de Pline, un demi-mètre; c’est encore
juste une hauteur d’assise : l’accord de ce résultat avec les précédons ne laisse
rien à desirer.
Si ie revêtement avoit toujours continué de subsister malgré l’abaissement de la
pyramide, la première mesure postérieure à A’bd el-Latyf auroit été supérieure à
la sienne (2); mais c’est ce qui n’est point arrivé. Greaves, en 1638, mesura la
plate-forme avec précision ; il trouva 13^,28, ou 4mM 6 : on en conclut une différence
de hauteur, avec l’époque d’A ’bd el-Latyf en 1200, de im,2 , quantité équivalente
à 2 degrés ou assises : ainsi, en quatre cent trente-huit ans, deux assises
de la pyramide avoient ete renversees. La mesure de César Lambert, quoiqu’anté-
fieure de dix ans a celles de Greaves, est plus grande ( 20 pans, ou ym,oo8 ), et
se rapporte assez bien à 1 assise qui est au-dessous de celle dont Greaves a donné la
largeur. Il en est de même de celle de Monconnys, prise en 1647 ( ^ pieds); de
celle de Le Bruyn, effectuée en 167^ ( 16 à 17 pieds environ), et de celle du
P, Fulgence, prise en 1690 ( i6 ds 8po, ou $m,4).
En 173 8, un siecle juste après son compatriote * Richard Pococke mesura le plan
supérieur, et trouva pour la largeur 26 pieds Ainglais![7m,92] ; il paroît évident que
1 assise qu il mesura est la supérieure des deux ruinées que nous trouvâmes encore
en 1799 ver5 centre de la plate-forme. Ces deux assises étant élevées de 1 m, i 17
au-dessus de la plate-forme de cette dernière époque, il s’ensuit que le côté devoit
etre d environ 8 métrés au lieu.de ou bien le hord de l’arête étoit usé et
arrondi de quelques pouces. Ainsi, depuis Pococke jusqu’à nous, deux assises
avoient ete fortement endommagées, mais non renversées dans toute leur étendue.
On peut aisement construire une figure assujettie à toutes ces données : or il
résulté, soit de ce trace (que je crois superflu de figurer ici )., soit des remarques
précédentes , qu il a pu exister neuf assises de plus entre l’assise supérieure actuelle
et le niveau de la plate-forme qui existoit au temps de Diodore; ce qui porte le
total a 2 1 o assises sans compter le socle taillé dans le rocher.
On peut encore conclure, i.° que la largeur de im,46que nous avons attribuéeau
revetement, a la hauteur de la sommité actuelle, est conforme aux données ci-dessus^
2. que la valeur assignée par nous a la coudée de Diodore de Sicile, savoir, om,462
( 1 ) En même temps, cet «accord confirme la valeur d’indiquer, ainsi que plusieurs des citations de ce parade
om,2771 que j’ai assignée au pied de Pline. , graphe.
(2) «Cette remarque appartient à l’ouvrage que je viens