que je terminerai ce Mémoire, en me bornant d’ailleurs à peu de mots, renvoyant
a d autres écrits la recherche spéciale de toutes les dénominations que ces lieux
ont reçues successivement, jusqu a Ja conquête des Arabes.
Il résulte de 1 énumération que j’en ai faite, en évitant autant que possible les
doubles emplois, que 200 noms de villes environ nous sont connus (1). Si l’on
imagine trois fois autant de bourgades , neuf fois autant de. gros villages, trente fois
autant de hameaux, ce qui est à peu près la proportion ordinaire, nous aurons un
total d’environ 8700 endroits habités, que l’on pourra distribuer ainsi qu’il suit :
3 w//m capitales : T h'èbes, Memp h is , Héliopolis.
........... 1 20P00Ó individus,
47 v ille s , chefi-lieux de nome ou d’arrondissem
en t, de 10000 habitans.......................... 4 70 0 0 0 .
4 autres chefs-iieux de nome............................... '2 0 0 0 0 .
i-4<î villes de ;0 00 habitans..................................... 7 50 0 0 0 .
600 bourgades de 1000 habitans............................ 600000.
1800 villages de 500 habitans.................................... 900000.
6000 hameaux de 250 habitans................................. 150 00 00 .
T o t a l . . 5420000.
Dans ce calcul, je crois être au-dessus plutôt qu’au-dessous de la réalité (2). En
France on compte, sur ^ y y chefs-iieux de préfecture et sous-préfecture (3), 3 Villes
au-dessus de 100000 ames, 37 de 20 à 100 mille, y6 de 10 à 20 mille, 1.43
de 4 à 10 mille, 1 16 de i à 4 mille. On pourroit, au reste, distribuer autrement
la population sans changer beaucoup le résultat final.
| Il seroit donc difficile de trouver pour l’ancienne population de l’Égypte
beaucoup au-delà de y millions et demi à 6 millions. Nous voyons sortir cette
proposition, et de la population actuelle, et de la superficie du sol exactement mesurée,
et du nombre réel des lieux habités dans l’Égypte actuelle, et enfin des
produits en grain que le sol fournit, sauf l’exportation. C’est aussi le sentiment
de ceux qui ont examiné cette matière sur les lieux mêmes, avec les moyens de
juger que peut donner l’étude attentive du pays; car telle est incontestablement la
iM É Ü É Ë É i recherÇhes de géographie ancienne. Il y a long-temps que
d Anville la posée, lorsqu’il s’exprimoit en ces termes : « Il est de nécessité
» absolue que les notions actuelles du local accompagnent l’étude de l’ancienne
- géographie, qui, privée de ce secours, demeure indéterminée, sans lumière et
» sans appui. »
Puisque les lois naturelles n’ont point changé en Egypte, on pourroit demander
ici quelle conséquence il résulte de ces lois, relativement à la population des Hébreux
pendant leur séjour en Égypte dans la terre de Gessen, aujourd’hui la vallée
de(nomeînqUant&<IUatre * ” * ^ ^ teml* de Française, es. d'environ 4oo. Voyez
/ v » , , les JVotes et Éclaircissemens ( K ).
v2/ ,-Le nombre des villes anciennes et des lieux où Ton 11 „ an , •> . , .
a trouvé des ruine« nu A»c .• i 1 on W 1 1Y e!î a 3° 3> 8 ont moins de iooo haouve
aes rumes ou des vestiges de toute espèce, au bitans.
de Saba’-byâr: mais, outre la difficulté que présente ce sujet, nous doutons qu’on
en pût tirer des conséquences pour la population même des indigènes, et nous ne
croyons pas qu’on pût judicieusement conclure de l’une à l’autre ; aussi est-ce à
dessein que nous avons négligé cette question accessoire. Par un autre motif, nous
omettrons également plusieurs passages des historiens Grecs et Latins qui ne pourront
être bien compris que quand on sera fixé sur le nombre des habitans sous les
anciens rois ; car c’est sur-tout à cette époque reculée que se rapportent nos recherches
sur les antiquités et Ja géographie du pays. Maïs nous ferons ici quelques
remarques sui un point qui touche a la question. Pourquoi, pourroit-on dire, ne
pas tenir compte des dépendances de TÉgypte, des Oasis, et sur-tout de Ja Nubie
inférieure, où ont pénétré les arts de l’Égypte! L ’étendue des terres cultivables
dans les Oasis est trop petite pour influer sensiblement sur le résultat cherché; aujourd’hui
les deux Oasis possèdent peut-être 6 à 7 mille habitans, et l’Oasis d’Am-
mon, qui ést d’ailleurs tout-à-fait étrangère à l’Égypte, environ 4 mille. On seroit
d abord porté à juger différemment de la Nubie, en considérant qu’elle se prolonge
très-loin au-delà de Syène; mais pour cela il faudroit ne pas connoître la
constitution physique du pays. Dans cette partie de son cours, le Nil est souvent
encaissé entre les montagnes; de loin à loin, le rocher s’en écarte de quelques
centaines de toises, pour laisser place à des cultures médiocres. Ce que j’ai vu de
la Nubie en remontant un peu au-dessus de Philæ, le journal de Norden, les
relations de Bruce et d’autres voyageurs, m’avoient dès longtemps fait conjecturer
que tout le pays supérieur étoit dans le même cas; le Voyage de Burckhardt
a mis pour la première fois ce fait hors de doute. Au reste, ce n’est pas dans ces
rochers stériles, où le premier besoin est de pourvoir avec grande peine aux nécessites
les plus impérieuses de la vie, que les beaux-arts, enfans de la civilisation,
fruit de 1 abondance et de la prospérité, ont pu prendre naissance et se développer.
Aussi la plupart des voyageurs Français n’ont point partagé cette opinion,
que les arts etoient descendus de proche en proche des montagnes de l’Éthiopie ;
opinion que plusieurs savans ont cependant admise comme incontestable, d’après
quelques passages d’une autorité suspecte.
A la vérité, les dessins de Norden étoient dépourvus de cette précision et de
ces développemens qui permettent d’asseoir un jugement sûr ; mais, aussitôt que
j ai eu coiinoissance du véritable caractère des antiquités de la Nubie , dès que j’ai
vu dans les peintures et dans les sculptures les mêmes sujets que ceux des monu-
mens de Thèbes, et avec un cachet particulier qui montre plutôt les progrès de
1 art que son berceau, il ma ete démontré que la plupart des monumens de la
Nubie étoient postérieurs aux édifices de Thèbes, bien loin d’en avoir été les
modèles. Cette opinion paroit d autant plus fondée qu’elle concourt à expliquer
un passage dHerodote qui na pas été bien éclairci. L ’historien raconte, comme
nous lavons dit, que, sous Psamrnétique, 240 mille hommes, qui tenoient garnison
depuis trois ans a Daphnæ, Éléphantine et Maréa, irrités de n’avoir pas été
relevés depuis un si long temps, s’enfuirent tous en Éthiopie, au pays dit depuis
des Automoles, et que, les Égyptiens s’étant établis dans ce pays, les Éthiopiens