
double plafond, qui n a été exécuté que pour former une décharge semblable à
celle de 1 entrée de la pyramide w , et afin d’éviter que la chambre sacrée ne
fût' brisée par la charge supérieure.
Cette précaution n a pas été tout-à-fait inutile : plusieurs pierres de ce second
plafond sont fendues à une petite distance de leur portée, et les blocs de granit
qui les supportent, sont éclatés sur les bords, par le poids.des pierres posées en
déchargé sur 1 extrémité de ce plafond, et par celui de la masse supérieure ÎÇ
3. Le Puits.
Le puits Ji, dont I ouverture se trouve sur le palier à l’entrée de la galerie
horizontale, fixoit particulièrement notre attention. Il étoit intéressant de découvrir
quel motif avoit pu déterminer à faire dans’ le rocher une excavation
dune forme aussi irreguliere W, a vaincre les difficultés que présente un aussi
pénible travail que celui de briser et enlever le's fragmens d’une pierre dure, à
environ 6y métrés ô) de profondeur dans un espace aussi étroit que y96 millimètres
sur 650 M. Quelques mois avant de commencer les recherches, jetois
deja descendu dans le puits avec M. Alibert, au moyen d’un câble attaché à
une pièce de bois placée transversalement sur la partie supérieure. Je portois,
avec une lumtere, une boussole, un thermomètre et des instrumens pour
mesurer la profondeur et 1 inclinaison ; mais il ne m’avoit pas été possible de
calculer la longueur du cable pour une profondeur inconnue. La partie du
puits qui devoit etre la plus facile à descendre, puisqu’elle est taillée en forme
de degres dans une pente moins rapide que le reste, étoit obstruée par un bloc
de granit et deux grosses pierres calcaires qui ne laissoient que 271 millimètres
l'?‘l de passage, sur un peu plus de largeur. Cette difficulté surmontée,
et arrive a 1 extremite de mon câble, je n’étois pas encore au fond; cependant
il étoit difficile de délibérer long temps, ayant des pieds foiblement retenus dans
de petites cavités irrégulières de 30 ou 4 ° millimètres <s)'; ayant une main
embarrassée, une lumière dans ma bouche, enfin étant placé dans un conduit
qui approche de la perpendiculaire, et au milieu d’une atmosphère qui, se
renouvelant difficilement, devenoit à chaque instant moins propre à la respiration.
La difficulté de l’entreprise augmentoit le désir de réussir : je ne
balançai pas.
(1) Pl. 14, fig. 4. (3) p i . 1 4 ,% . 3.
(2) Nous avons trouvé dans la haute Egypte plusieurs (4) La partie creusée dans le roc parolt commencer
exemples de ces doubles plafonds. Au-dessus de la chambre au-dessous de la portion qui étoit murée dans le second
de granit au palais de Karnak (voyejla Description géné- plan vertical, c’est-à-dire, à la partie inférieure de l'enraie
deThébes, chap. IX , section v i n , par MM. Jollois trée de la grotte.
et Devilliers), il existe un double plafond. Une des pierres (5) 200 pieds.
qui le composent, est encore couverte d’hiéroglyphes (6) 22 pouces sur 24. Cette dimension ne permet pas
et provient d un ancien monument détruit. A quelle de ramasser un objet à ses pieds en se courbant ; on est
époque a du etre bâti un monument qui étoit renversé forcé de s’accroupir.
il y a peui-etre quatre mille ans, dans-un pays où le (7) 10 pouces.
sphinx conserve, à ia ir libre, une partie des couleurs (8) 1 pouce 6 lignes environ.
dont il étoit peint !
ÍA
Le dos appuyé sur la partie supérieure, la main sur un des côtés, et les pieds,
dans les petites entailles inférieures, je hasardai de descendre. Le but que je me
proposois d’atteindre, pouvoit être encore à une grande profondeur ; l’espace pou-
voit subitement s’élargir : si je perdois le point d’appui qui me soutenoit, j’étois
précipité dans le fond sans aucune ressource pour remonter, en supposant que
j’eusse été en état de le faire. Je fus mieux servi par le hasard que par un calcul
impossible; il ne me restoit que i4 mètres 1/2 E à descendre, le conduit
ayant une dimension toujours égale.
J’arrivai à l’extrémité, mais non pas au point où s’étoient arrêtés les ouvriers :
le fond étoit rempli de terre et de cailloux roulés; j’en remplis une de mes
poches; ensuite je pris toutes les mesures dont j’avois besoin. Mais déjà ma
lumière étoit pâle, ma respiration plus gênée; le thermomètre de Réaumur étoit
au-dessus de 25 degrés 1*1 ; et, quoique vêtu d’un simple pantalon et d’une veste
de ,toile, j’étois couvert d’une sueur abondante.
Pour remonter, j’employai les moyens qui m’avoient servi pour descendre;
lorsque je ressaisis mon câble pour parvenir à l’entrée, dont j’étois encore
éloigné de 33 mètres, il me sembla que je marchois sur une pente douce.
En descendant je m’étois arrêté dans une espèce de grotte jji qu’on rencontre
au-dessus de la partie du puits qui est inclinée, c’est-à-dire, dans la seconde
partie verticale. On avoit pratiqué cette excavation en enlevant des cailloux
roulés, dont quelques parties restoient encore attachées à la voûte; d’autres
étoient placés sous mes pieds : je m’y reposai en remontant; je comparai les
cailloux que j’apportois avec ceux-ci, et je m’assurai que ceux qui étoient au
fond provenoient de l’excavation de cette grotte.
Je formai aussitôt le projet de les faire retirer et reporter dans le lieu d’où ils
étoient sortis. Il étoit assez vraisemblable qu’une fois la grotte remplie, je ne
serois pas éloigné du point où l’on s’étoit arrêté, et que je pourrois découvrir
le motif d’un aussi pénible travail M.
Un de nos premiers soins fut de descendre dans la grotte, et de placer un de
nos Turcs dans le fond, et un second à l’entrée avec un interprète : j’avois fait
(1) 45 pieds environ.
(2) Chaque fois -que j’ai visité les pyramides, j’ai
constamment trouvé dans l’intérieur 22 degrés de chaleur
au thermomètre de Réaumur, quoiqu’il fut exté-
rieurçment tantôt à 10 et tantôt à 25 degrés.
(3) PI. 14» fig. 3, au point f.
(4) Je conjecture qu’en creusant le puits on avoit
rencontre un amas de cailloux roulés et de terre, de
4 pieds environ, interposé entre deux assises de pierre.
Pour empêcher i’éboulement, on avoit construit, en
moellons d’environ 8 pouces, un murmur les quatre
faces. Ceux qui sont descendus dans le puits les premiers,
ont percé ce mur dans l’espérance de trouver quelque
chose de précieux qui auroit été caché derrière. Ce
qu ils ont enlevé de terre et de cailloux a été précipité
au fond du puits, et l’a rempli jusqu’à une hauteur proportionnée
à la quantité qui a été enlevée. De là cette
excavation, à l’extrémité de laquelle on retrouve fassise
de pierre qui paroît répondre au sol de la fondation de
la pyramide.
Nous avions déjà observé (voye^ page 52, premier
alinéa) que, si.le parement extérieur est appareillé avec
beaucoup de soin, si les assises sont parfaitement horizontales,
les assises intérieures sont formées de blocs
irréguliers, tels qu’ils sont sortis de la carrière; et que
les vijles résuhant de ces inégalités sont remplis de blocage
et de mortier rustiquement fait avec des recoupes
de pierres.
II est possible que, pour économiser les pierres, les
constructeurs aient ainsi laissé des vides entre les assises,
et les aient remplis de cailloux mêlés de terre; ce qui
ne pouvoit nuire à la solidité d’une masse aussi énorme
que celle de la grande pyramide.