om, 27. Elles ont d’abord om,3 de largeur; puis elles se rétrécissent jusqu’à un tiers; enfin
elles se terminent en une plaque circulaire de plus de deux tiers de largeur. Cette seconde
sorte de broderie est cousue sur ia tunique. II en est dé même de la troisième sorte. C e
sont deux bandes, 7, 8, p et 10 , qui entourent les manches vers leurs extrémités, laissant
entre elles le même intervalle qui se trouve entre la dernière et cette extrémité. Leur
largeur est de om,o 4 j .
La couleur de la tunique est un jaune-souci. Les broderies sont puce ou brun foncé :
leur dessin est vague, insignifiant, n’a aucun rapport à des objets naturels, ni à des
caractères d’écriture, ni encore moins aux hiéroglyphes. L’étoffe de la tunique a été
tissue au métier; mais les broderies paroissent avoir été faites â fils comptés, c’est-à-dire,
suivant les procédés de la tapisserie au petit point.
Q uant à leur nature, les chimistes ont reconnu que l’étoffe jaune de la tunique étoit
de matière animale. Dans les broderies, au Contraire, le tissu jaune ou le canevas est de
matière végétale; mais le fil brun est de matière animale. Il seroit téméraire de s’expli-4
quer d’une manière moins vague sur la nature de ces substances ; car il n’existe encore
aucun moyen de reconnoître à qui, de la brebis, de la chèvre ou du chameau, ont appartenu
les matières animales, ni de reconnoître lequel, du coton , du chanvre ou du lin , a
fourni la matière végétale.
A la tunique s’est trouvé joint le débris d’une autre étoffe de même couleur , mais plus
foncée, ornée d’une broderie semblable. C e débris est tissu de matière végétale. Il a de
hauteur om,4 , et une largeur égale. La largeur de la broderie est de om,2.
Ici se termine la description de ces précieux restes des Égyptiens. Voici ce que le
général Reynier nous a appris sur leur découverte, dans sa lettre du i 2 brumaire an x i :
J e ne p u is , d it - il, vous donner de renseignemens que sur le lieu où cette tunique a été trouvée. Afin
de le désigner plus clairement, je joins un croquis du terroir, que je fais de mémoire.
En frimaire an i x , je m’établis pendant trois jours à Saqqârah, avec quelques membres de l ’Institut
d’E g y p te , afin de visiter la partie du rocher Libyque appelée la plaine des momies, e t afin d’y faire des
fouilles. Les lieux des sépultures ont été tellement remués à la superficie, depuis les fouilles commencées
par les Grecs e t les Romains, et continuées depuis, que ce n ’est qu’après des recherches longues et bien
dirigées qu’on pourra en découvrir d’intactes. Les habitans du p a y s , craignant que les étrangers ne
découvrent les trésors qu’ils y supposent enfouis, s’appliquent à leur cacher les lieux d’où ils tirent les
objets qu’ils leur vendent ; ni les promesses, ni les menaces, ne purent les engager il nous donner des
renseignemens. Aussi nos fouilles ne nous procurèrent que quelques momies communes ou imparfàités,
et d’autres morceaux peu intéressans. Nous fumes donc bornés à la reconnoissance du terrain, et à former
des projets de fouilles plus considérables, qui auroient eu des résultats, plus intéressans,.si les circonstances
et d’autres obstacles n’avoient empêché de les effectuer. J ’engageai par l ’espoir du gain les habitans
des villages voisins à m’apporter tout ce qu’ils découvriroient; e t , quelques jours après, j’eus d’eux
une belle momie d’homme bien conservée dans un cercueil de bois de sycomore sculpté et p e in t, cette
tunique, des vases de poterie antique, ainsi que de petites statues et d’autres figures emblématiques de
terre c u ite , qu’on trouve dans ces tombeaux. Us me dirent qu’ils avoient tiré tous ces objets d’un caveau
rempli de s ab le , qu’ils avoient déblayé. Ainsi il paroît que cette tunique avoit été déposée avec d’autres
objets et avec les figures emblématiques que les anciens Égyptiens plaçoient à côté des momies. Si elle
avoit servi de vêtement à un ouvrier employé jadis aux inhumations, o u , dans des temps postérieurs, à
fouiller ces tombeaux, il n’est pas probable qu’elle fût chargée de broderies qui doivent avoir été réservées
aux classes supérieures à celles des ouvriers.
Je vous ferai observer sur ces broderies que les principaux habitans des villages portent en hiver des
robes de laine n oire, très-amples, et chargées sur le dos de broderies analogues à celles de cette tunique,
mais que le tissu et la coupe de ces robes sont très-diffèrens.
J e regrette bien qu’on n’ait pas fait les fouilles que nous avions projetées, particulièrement vers des
ruines que je présume être celles de Seraptum, et il un grand puits dont le déblai avoit été commencé,
et q ui, suivant les probabilités, aurait conduit à des caveaux de quelque grande famille.
Nous visitâmes aussi des pyramides situées au sud de Saqqârah, e t qui n’ont pas été bien observées
par les voyageurs : I une d’e lle s , qui est fort g rand e, est ouverte; ses corridors et pièces intérieures présentent
une distribution différente de celle de la pyramide de Gyzeh. Nous voulions y retourner avec des
échelles, pour examiner des salles où nous n’avions p u monter. Nous projetions aussi de déblayer le
conduit, encore ouvert, d’une autre pyramide plus intéressante que les autres; elle n’a , en e ffe t, été
visitée par aucun voyageur, parce q u e , d’après une opinion superstitieuse, les Arabes mêmes l ’évitent,
enfin parce que le revêtement des deux faces est encore conservé, et qu’elle est d’une construction un
p eu différente. Mais les événemens qui nous ont fait perdre une colonie aussi précieuse, ont empêché ces
recherches, auxquelles mes occupations militaires m’ont moins permis de me livrer que je l ’aurais désiré.
C e s renseignemens sont bien fo ib le s , &c.
Nous n’avons que des conjectures à présenter sur le temps où cette tunique a été tissué
et sur le personnage qui i’a portée.
A-t-elle appartenu à un Grec sous le règne des rois Macédoniens, ou à un Égyptien,
soit à la même époque, soit pendant les siècles qui se sont écoulés avant l’établissement
des Grecs en Égypte ? D ’abord, on ne peut croire qu’elle ait été à l’usage d’un Macédonien,
parce qu’elle a de longues manches. La tunique Grecque n’avoit en effet ordinairement
point de manches proprement dites : lors même qu’elle en étoit garnie, ces manches
n’atteignoient pas le coude, et celles de la tunique trouvée à Saqqârah descendent
presque juqu’au poignet ; elles ont om,4 de longueur.
D ’ailleurs il ne paroît pas que la tunique des Macédoniens différât de celle des autres
Grecs, non plus que leur chaussure, quoique leur chlamyde fût plus lon gu e , et qu’ils
portassent une coiffure particulière appelée causia. C ’est ainsi, en effet, que leur habillement
est caractérisé par Plutarque ( i ) dans la V ie d’A n to in e , lorsqu’il décrit l’habillement
dun de ses fils, de Ptolémée qu’il avoit déclaré roi de Phénicie, de Syrie, de Sé leu c ie .. .
«Il portait, dit-il, des crépides (chaussure propre aux G r e c s ), la chlamyde, et une causia
» ceinte du diadème ; car c’étoit le costume des rois qui avoient succédé à Alexandre. »
nroAe/xctioii Í6 K.pnma-1 ogq xsq xsLvtria. StaSv/íitroipópa MMo-pcnpiévov asjrvycLp h
trjuvn ctvr’ AAe^ctvâJoou fitLiriÀêav. D e même Hérodien ( 2 ) , peignant la folie de Cara-
caiia, qui vouloit ressembler à Alexandre, dit que « il paroissoit en public, portant
l’habillement Macédonien, coiffé avec la causia et chaussé avec les crépides. » Etgytiei Si
¡LUTOS dv MccxíJimxS o-ypñfiit,r i , xsuurlav re èm rn'r xrip«,Ativ <pépav, nçy xpirmSüci viniSbv/A,evoç.
Dans ce texte et dans plusieurs autres semblables, il n’est fait aucune mention de la
tunique. Nous croyons pouvoir en conclure qu’elle ne différoit point de celle des autres
Grecs, et qu e, par conséquent, elle n’avoit pas de longues manches. 11 paroît donc
évident que la tunique trouvée à Saqqârah n’a point été portée par un Macédonien, ni
par un Grec établi en Égypte.
Il est probable qu e, même sous l’empire des Grecs, les Égyptiens qui netoient point
attachés à leur service, conservèrent l’habillement propre à la nation. C ’est pourquoi, en
attribuant la tunique à un Égyptien , nous n’assignerons aucune époque précise; nous
dirons seulement qu’on ne sauroit remonter plus loin qu’au temps où, Thèbes ayant été
abandonnée, Memphis acquit un haut degré de splendeur. Alors sans doute on creusa les
( i ) Vitoeparallelæ, ed. Bryani, in -4..0, t. V , pag. 120. (2) Lib. IV , cap. xm .
A. TOME II. G g 2