
écrivains, et même, qu’il ait su distinguer et écarter les témoignages des voyageurs
inexacts! Si le cours du Nil dans la haute Égypte y est d’un degré trop à l’ouest,
on reconnoft, d’un autre côté, que la longitude de Soueys est parfaitement exacte,
ainsi que la latitude d’Alexandrie et de Canope. La distance d’Alexandrie à Péluse
est exacte aussi ; il en est de même de la position de Damiette par rapport au
Kaire. Mais Péluse et Soueys sont trop au nord de dix. minutes ; Alexandrie. Péluse
et Taposiris sont trop à l’est de dix-huit minutes, &c.'On ne peut donc regarder
comme superflue la publication d’un travail sur la géographie ancienne de l’Egypte.
En second lieu, la confusion des différentes époques de la géographie de l’Egypte
sur nos cartes n’est qu’apparente. Puisque la carte d’Égypte est peu chargée, ne va-
loit il pas mieux y porter ces différentes indications, que de le faire sur quatre ou
cinq cartes composées pour l’époque d’Hérodote et de Diodore, pour celles de
Strabon, Pline et Ptolémée, pour le moyen âge, pour les temps des Arabes et
les temps modernes! Avec une légère attention, il n’est pas difficile de discerner
ce qui appartient à chacune de ces époques différentes. On a donc cru devoir
appliquer ici toutes les désignations antiques, afin que les lecteurs pussent suivre
sur une même carte les descriptions des divers auteurs Grecs et Latins qui ont
traité de l’histoire de l’Égypte jusqu’au v i.c siècle de 1 ere vulgaire. Un simple
tableau classé par époques et par dénominations établira la distinction des «âges, et
complétera les notions fournies par la carte, dont la nomenclature fondamentale
est formée des anciens noms qu’ont transmis Hérodote, Diodore et Ptolémée.
Enfin, si l’on ne trouve pas ici tous les noms de lieux quelconques dont ont
fait mention les divers écrivains de 1 antiquité depuis les plus anciens temps jusqu’à
celui de la Table Théodosienne, c’est qu’il en est qui se rapportent à des lieux
dont la position est tout-à-fait ignorée. Il est même de ces noms dont 1 écriture
est très-incertaine; c’est pour ce motif que nous avons omis plusieurs noms de la
Table Théodosienne, évidemment corrompus. Plus de cinquante noms de villes et
de lieux sont cités par Étienne de Byzance, Héliodore, la Notice de 1 Empire, &c.
sur lesquels on n’a pas plus de lumières. D ’un autre côté, il existe en Égypte une
multitude de ruines sans application d’aucun nom antique ou moderne ; ordinairement
leshabitans les appellent d’un nom banal, Koum cl-ahmar, la montagne
rouge, parce que c’est à peu près la couleur des débris de briques dont étoient
formées les habitations ; nous avons posé sur la carte et désigné toutes ces ruines
et tous les vestiges d’antiquités, pour qu’on puisse étendre un jour la comparaison
de l’état moderne avec l’état ancien. L ’Index géographique de l’Egypte, ou Liste générale
des noms de lieux dé l ’Égypte, que nous avons inséré dans une autre partie
de l’ouvrage ( i ), sera d’un utile secours pour compléter ce rapprochement.
Les noms de lieux en copte n’ont été employés qu’en petit nombre ; il eut fallu
en quelque sorte une carte spéciale pour la géographie Copte.
Nous ne pouvons donner-ici que des indications sommaires pour chaque partie
du travail de la géographie comparée de l’Égypte , mais qui suffiront pour en faire
connoître les bases et la marche suivant laquelle nous avons procédé.
P L . R E L A T I V E S À L A G É O G R A P H I E C O M P A R É E .
I. É t a t p r é s e n t d e l ’É g y p t e ( t). Etendue, limites, superficie, positions astronomiques
des lieux ( 2) ; cours du Nil et ses variations, irrigation; nombre des villes et villages,
index géographique général, provinces et circonscriptions actuelles^)', population (4),
Ces bases sont le véritable fondement de la géographie ancienne.
II. E x a m e n d e s a u t e u r s , Distances des lieux, rapportées par les auteurs des divers
âges, et dans les anciens itinéraires; distances exprimant les grandes dimensions de
l’Égypte; distances à téquateur, ou distances astronomiques ; 2.° descriptions géographiques
des auteurs, propres à faire connci re la position et les noms des lieux, a défaut
de mesures expresses.
I I I . A p p l i c a t i o n d e s d i s t a n c e s s u r l e p l a n d e l ’ É g y p t e . Valeurs des mesures
anciennes, déduites des intervalles bien connus, et appliquées à tous les autres. Exactitude
de ces distances, quand on les prend sur la carte moderne, a vol d’oiseau, ou
en ligne droite; intervalles itinéraires. Ancienne carte topographique ou cadastrale
en Égypte , source des mesures citées par les auteurs Grecs et Latins.
IV. S u i t e d e l ’ a r t i c l e p r é c é d e n t . Canevas du plan de l'Égypte entière, du Delta et de
la basse Égypte ; sorte de réseau ou chaîne formée par des lignes ou bases continues,
d'au bout de l’Egypte à l’autre,
V. E m p l a c e m e n t d e s a n c i e n s l i e u x . Correspondance des lieux anciens et modernes, ou
nomenclature comparée ; détermination des chefs-lieux, des villes secondaires et de
troisième ordre, des stations, montagnes et autres lieux de la vallée, des golfes, ports
et îles de la mer Rouge et de la Méditerranée. Noms de lieux tirés des médailles.
Altérations diverses que les noms ont subies sous les Grecs, les Romains et les
Arabes. Noms conservés de l’antiquité. Tableau des noms classés selon les différentes
époques et dominations.
VI. D i v i s i o n s a d m i n i s t r a t i v e s . Circonscription des grandes divisions de l ’Egypte, des
nomes ou préfectures sous les anciens rois, les Perses, les Grecs et les Romains, des
évêchés sous les chrétiens, enfin des provinces Arabes comparées aux anciennes.
VII. B r a n c h e s d u N i l , c a n a u x e t e m b o u c h u r e s . Recherche des anciens bras du NU, des
canaux naturels ou artificiels existant à différentes époques, et des embouchures du fleuve ;
comparaison des branches du Nil suivant les différais auteurs. Lacs et eaux stagnantes.
VIII. E x a m e n d e s d i f f é r e n t e s c a r t e s a n c i e n n e s p u b l i é e s s u r l ’ É g y p t e . On essaiera
d’assujettir la carte de Ptolémée au véiitable plan de l’Egypte, qu’il semble
avoir méconnu (5); quant aux cartes que l’on pourrait, sinon construire exactement,
du moins couvrir de noms d'après Hérodote, Diodore de Sicile,
Strabon et Pline, elles sont, pour ainsi dire, toutes réunies dans les deux
cartes qui sont sous les yeux du lecteur.
L ’état présent de l’Égypte (I) a été traité dans des mémoires spéciaux (6) ; la
correspondance des lieux actuels avec les anciens (V) et 1 examen des cartes
( i ) P o u r l’année 1800. ( 3 ) Voyez l’Index géographique & c. E . M . tome I I ,
(2 ) Ces quatre points forment le sujet des publications z .r partie, page 78 7 .
de M. le colonel Jacotin et de M. N o u e t, astronome d e ( 4 ) Antiq. Mém. tout, I I ,p a g . 87.
l’expédition. ( 5) Toutefois, voyez ci-dessous page 158.
( 6 ) Voyc^ ci-dessus, notes ( 2 ) , ( 3 ) , (4 )-
A. T O M E II. V