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- Un autre écrivain, cité dans les notes sur Norden, Ebn-Rodouân ( i ) , rapporte
«■ qu’on mesura de son temps la première pyramide, et qu’on trouva pour
» chaque face 4ao coudées d’architecte ou 500 coudées noires, » Il est fâcheux
qu’on n’ait point cité l’époque et les détails de cette opération. Quoi qu’il en soit,
voilà encore une confirmation du nombre de y 00 coudces poui la base de la
pyramide. Ce n’est pas un rapport fortuit que celui de ,{00 à 500 entre deux mesurages,
ou de 4 à y entre deux coudées, La plus petite des deux coudées, il est
vrai, porte ici le nom de coudée noire ; mais si la coudee darchitecte est bien
le pyk betady de 577 millimètres 7 , il s’ensuit qu’il y en avoit une autre, qui
étoit y00 fois au côté de la pyramide, qui étoit les 7 de la première, et avoit
462. millimètres.
J’ai déjà cité plusieurs témoignages des écrivains Arabes au sujet dés inscriptions
tracées sur Jes pyramides: tous tendent a détruire 1 idée, peut-etre tr'op lentement
admise, qu’if n’y avoit jadis aucun caractère sculpté Sur ces monumens, jusquà
en inférer qu’ils sont antérieurs à l’écriture Égyptienne. A la vérité, les auteurs
Orientaux, tels que el-Maçoudy (du X.' siècle), parlent d inscriptions Grecques au
nombre de celles qui étoient gravées dans l’intérieur de la grande pyramide en
lettres mousnâd et autres caractères. Selon el-Maçoudy , ,1’on né connoissüit pas
les caractères de ces inscriptions ; ce qui n a pas èmpeche plusieurs de ces auteurs
d’en publier des versions d’un sens absurde et peu dignes dêtre rapportées (2). Il
est préférable de continuer à citer leurs récits sur ce qui fut trouve dans la pyramide
par ceux qui y pénétrèrent les premiers : ces récits, en effet, peuvent nous
éclairer jusqu’à un certain point sur la destination du monument. Ainsi que nous
l’avons vu plus haut ( 3 ) , au temps du khalife Al-Marhoun, 1 ouverture actuelle
étoit déjà visible: mais il paroît constant qui! y fit faire les travaux nécessaires pour
pénétrer jusqu’à la salle centrale dite chambre du roi; on y trouva une cuve de
marbre.
Voici la tradition que rapporte el-Maqryzy, et dont je retranche tout ce qui
est évidemment de pure invention : elle ne trouve pas d application sur le plan
actuel, tel qu’il est connu, et qu’il est gravé dans notre ouvrage : « Les ouvriers
» trouvèrent une salle avec trots portes, qui donnoient chacune dans une piece
» particulière; chacune de ces portes avoit 10 coudées de haut sur y de large, en
» marbre poli et parfaitement appareillé, chargé de caractères. . . . Ils aperçurent
w à 10 coudées en face de l’entrée trois colonnes de marbre creuses. Dans Jinte-
» rieur se trouvoit la figure d’un oiseau ( servant de. talisman ). . . . En entrant
dans la chambre du milieu, on y trouva trois strades de pierres transparentes
y> et éclatantes avec trois morts enveloppés de robes : au-dessus de leur
» tête étoit une inscription On trouva dans une autre pièce. . . des caisses
» en pierre, avec des vases d’or supérieurement travaillés et enrichis de pierres
n précieuses. La troisième contenoit des cuves pleines d armes et d instrumens de
{ i } Médecin arabe ( Voyage d’Egypte et de Nubie, par Norden', édïiio'n de Lânglès, t. III, p. ¿86).
(2) Ibid. t. III, pag. 290, 292, 307, &c.
(3) Voyez ci-dessus, page 192.
» guerre : on mesura une épée qui avoit sept empans de long. . . Al-Mâmoun fit
» enlever ces objets ainsi que les colonnes, et l’on referma les portes (i). »
Ce n’est point dans la chambre du roi, dont l’appareil est si parfait et si intact,
qu’on peut supposer l’existence de pareilles portes. La chambré dé la reine présente
bien à la droite des traces d’une issue; mais je n’en ai vu, ni en face de l’entrée,
ni à la gauche. II faut donc admettre qu’il s’agit d’une autre pièce dont personne
n’a connoissance.
Du temps d’Ahmed ben-Touloun (au ix,c siècle ) on fit des fouilles dans la
pyramide, et l’on trouva un bassin ( en pierre ) rempli de dynârs , et sur lequel
étoit une inscription en caractères dits barthyques. Le titre de 'ces dynârs étoit
supérieur à celui de tous les autres (2).
Sans doute la réalité de ces découvertes ne repose que sur des traditions incertaines
: mais ce qui peut, selon moi, la faire présumer, c’êst le projet tenté à plusieurs
reprises de démolir les pyramides, et notamment la t r o is ièm e . Si les Arabes
ont en effet trouvé de l’or dans la g r a n d e pyramide, leur avidité a été excitée,
et ils ont dû faire des efforts pour en découvrir davantage. On avoit conseillé à
Al-Mâmoun de détruire une des pyramides ; mais il reconnut combien cette entreprise
étoit insensée et au-dessus de sa puissance. Sous Saladin on démolit les petites
pyramides voisines de la p r em iè r e ; enfin, sous le fils de ce prince, de grandes
dépenses furent faites pour la démolition de la pyramide revêtue de granit : j’ ai
dit plus haut, d’après A ’bd el-Latyf, quel en avoit été le résultat (3).
Ici je termine la citation et l’examen des faits que l’on doit aux écrivains
Arabes; ce qui me reste à citer de leurs récits trouvera place dans l’article relatif
à la destination des pyramides. Quelque peu de confiance que méritent les récits
exagérés de ceux de ces auteurs qui, au lieu de se borner aux seuls faits positifs,
se sont laissés aller à leur imagination, et bien que je n’aie pu toujours les dégager
du merveilleux qui les accompagne, je présume qu’on ne me saura pas mauvais
gré d’avoir recueilli et rassemblé ici les principaux faits de cette nature, comme
un supplément instructif aux récits des anciens auteurs et à la description de l’état
actuel des lieux : c’est au lecteur judicieux, déjà bien pénétré, par toutes les descriptions
précédentes, du vrai Caractère des monumens Égyptiens, à reconnoitre
ce qui sort des limites de la vraisemblance.
§• III.
De la Destination et de l'Objet des Pyramides.
D an s les d eux paragraphes p r é c é d a i s , j’ai eu l’o c c a s io n dé parler d e l’ép oqu e
a ttribuée par les auteurs à la co n s tru c tion des p y ram id e s , e t , en g én é ra l, d e cë
qui con c e rn e l’histoire d e ces m onum ens : je suis d o n c dispensé d e traiter de
( i ) Voyage d'Egypte et de Nubie, par Norden, édition (3 ) Voyez ci-dessus, p. 189 , et aussi le Mémoire sur
de Langlès, t.- I II, p. 304 - 30'$.' fa population ancienné et moderne de l'Egypte, page 124
(2) Jbid. p. 307. de ce volume.