
I j 4 E X P L I C A T I O N D E P L A N C H E S D ’A N T I Q U I T É S .
à lin ancien cadastre ou table topographique du pays, et qui ont etc rapportés
aux voyageurs par les indigènes, la plupart du temps en mesures mêmes du
pays, c’est-à-dire, en schcenes et en stades; ces nombres sont conformes aux distances
directes des lieux, mesurées sur la carte moderne. On peut faire la même
observation pour les distances en milles des itinéraires Romains, que je regarde la
plupart comme des nombres de grands stades Égyptiens convertis en milles
( à raison d’un mille pour 8 stades ) ; ces nombres, sauf ceux qui ont été dénaturés
dans les manuscrits, sont généralement exacts, pourvu qu’on les compte en
ligne droite ( i ).
Toutes ces distances ont été mesurées et comparées par moi sur la grande
carte topographique de l’Égypte à iin cent millième, laquelle, assemblée, forme
une grande feuille longue de 27^ sur 15''’ de large; et non pas sur une réduction
qui n’auroit pas permis d’apprécier l’accord ou les différences.
On objectera peut-être qu’en changeant le module des mesures, par exemple,
supposant des stades' de yoo au degré, au lieu de stades de 600 au degré, on
auroit des lignes plus longues d’un cinquième, et par conséquent de véritables
routes itinéraires. Mais le mille-Romain est nécessairement de 75 au degré; or les
mesures en milles sont exactes en ligne droite : ainsi un intervalle direct de dix
milles, par exemple, représente et suppose une mesure, directe aussi, de 80 stades
de 600 au degré. De plus, comment expliqueroit-on que les longueurs des chemins,
si variables, toujours modifiées par les circonstances locales, par les nombreux
canaux, et le défaut de ponts, étoient constamment et invariablement dun cinquième
en sus de la distance directe ! Il en est ainsi des mesures de stades.
Il suit encore de ce qui précède, que la suite des lignes dont il s agit forme
une espèce de chaîne ou de réseau, une sorte de canevas géométrique, presque
continu, dont tous les points feroient découvrir la place des anciens lieux, si elle
n’étoit pas connue par des ruines ou des vestiges. Par exemple, les deux extrémités
de l’Égypte, Syène et Alexandrie, seroient déterminées par les deux distances
de y000 stades et de 570 milles; le sommet du Delta, par les deux distances
d’Alexandrie et de Péluse à ce point, de 28 et 25 schoenes ; Heliopolis, par la
différence en latitude avec Syène, égale à 1820 plus 4860 stades, et sa distance
à Péluse, de 1500 stades; Thèbes, par sa distance au parallèle de Syène, de
1820 stades, et sa distance à la mer, de 6120 stades ; le fond du golfe Arabique
( vers Arsinoë ou Heroopolis ) , par les distances à Péluse et à la bouche
Pélusiaque, &c. Partant de ces points, on retrouveroit les points secondaires avec
la même facilité, au moyen des distances plus petites, puisées dans les sources
historiques, et l’on rempliroit graduellement tous les intervalles, à l’aide des
nombres tirés des itinéraires anciens.
Cette marche est nécessairement l’inverse de celle que nous avons suivie et
dû suivre, les noms antiques de la carte ayant été d abord inscrits sur les ruines ou
à côté des lieux modernes, et d’après des considérations différentes. C est en
( I ) Les mesures qui différent des distances vraies, pèchent ordinairement par défaut ; ce serait le contraire si ces
mesures étoient des distances itinéraires.
P L . R E L A T I V E S À L A G É O G R A P H I E C O M P A R É E .
portant sur les lignés qui joignent toutes ces positions, les nombres de stades
et de milles conservés dans les auteurs, que nous avons remarqué leur conformité
frappante avec les distances vraies des lieux. Nous croyons donc que l’on
reconnoîtra la réalité de ce fait, intéressant pour l’histoire de la géographie,
savoir, la conformité des nombres qui expriment les distances en stades et en
milles, avec le plan de l’Égypte. Par l’impossibilité de l’expliquer autrement, on
sera amené à. conclure que tous ces nombres sont empruntés à une ancienne
carte cadastrale ou topographique de l’Égypte. Nous espérons aussi que les cartes
suppléeront au peu de développemens de ces résultats, et que les géographes
reconnoîtront qu’ils ne sont pas sans fondement : bien des années de recherches
et de réflexions n’ont rien ôté de notre conviction à cet égard, et fo n t , au
contraire, de plus en plus confirmée.
Le trait ci-joint donne une idée de cette sorte de charpente de l’ancienne
carte attribuée par nous aux Égyptiens : les positions sont extraites de la carte
moderne, et les mesures sont fournies par les auteurs.
A l’échelle de — -— . 7500000
La question des circonscriptions administratives de l’Égypte ( VI ) est encore pleine
d’obscurités : autant il est aisé de reconnoitre à cet égard certains points incontestables,
autant il est difficile de généraliser les résultats. Tout le monde connoît,