q u ’aujourd’hui. Cependant il n’est pas impossible qu’à l’époque reculée où Thèbes étoit la capitale et
jouissoit de sa plus grande splendeur, la Thébaïde fût beaucoup plus p eup lée, relativement, que la basse,
et même que la terre y fû t mieux entretenue et plus fertile. Aujourd’hui, le nombre des lieux habités
au-dessus du Kaire e s t , par rapport aux lieux inférieurs, à peu près comme 3 est à 4 ; il y en a environ
15 5 0 au-dessus et 2050 au-dessous ( i j .
V o ic i comment nous croyons par conjecture qu’on pourrait diviser la population de l ’Égypte pour
l’époque de ses anciens rois, en supposant qu’elle allât jusqu’à 6 millions, et l ’armée à 4.10000 individus;
et quelle serait la répartition de la terre entre les habitans, non pas comme possession territoriale
î puisque, selon D io d o r e , les ro is , les prêtres et les guerriers étoient seuls possesseurs propriétaires, et
que les laboureurs tenoient toutes les terres à loyer ) , mais comme superficie cultiv ée, superficie dont le
produit é toit nécessaire à la consommation des différentes classes.
Nous avons suivi dans ce tableau la division des classes d’habitans d’après le témoignage d’Hérodote,
parce qu’il est l ’auteur le plus ancien et le plus respectable, sauf cette remarque, qu’il a oublié les cultivateurs
, lesquels il faudra rang er avec les bouviers et les porchers, ainsi que les artistes ( ou hommes occupés
des arts ) , que nous mettons dans la catégorie des individus attachés aux collèges des prêtres : nous
joignons aussi à ces derniers les interprètes dont parle Hérodo te, parce qu’évidemment ils ne peuvent
point former une classe à eux seuls ; tellement que les sept classes dont parle cet historien se réduisent
en effet à cinq, s a v o ir : i . ° le s prêtres, interprètes et artistes; 2." les gens de guerre ; 3.° les cultivateurs,
pasteurs, bouviers e t porchers; 4 .° les marchands; 5.0 les mariniers. A u re s te , Diodore de Sicile divise
aussi IE g y p te en cinq classes, les prêtres , les guerriers, les cultivateurs, les pasteurs et les artistes, ne
parlant ni des marchands ni des mariniers. Le s deux premières classes possédoient, suivant lu i, les deux
tiers du territoire, et le ro i, le troisième tiers : mais il y aurait eu à ce compte près de 600000 guerriers
(2 ) , ce qu il est difficile d’admettre autrement que dans lés cas extraordinairçs.
Nous compterons plus d’un huitième en sus pour les femmes. A u res te, nous n’avons pas besoin
d’avertir qu’il n’est question ici que de la répartition probable de la population, mais non de la question
difficile et encore obscure des différentes castes Égyptiennes.
Composition et Distribution conjecturales de l'ancienne Population de l'Égyptc.
C LA S SE S D’HABITANS. P O P U L A T IO N .
N O M B R E
D’ A R O U R E S
par tête.
N O M B R E '
TOTAL
D’ A R O U R E S
affectés
à
la consommation
de
chaque classe.
Soldats...'........................
Prêtres, interprètes, artistes, &c..................................
Cultivateurs et pasteurs (bouviers, porchers), chefs
° ^ j
50 0 0 0 0 . 12 l’un dans l’autre 6000 000.
100 0000. 6000 000.
Pilotes ou mariniers / idem..............................................
Femmes adultes ( 4 ) .......................................
5 0 0 0 0 . 6 . 30000 0.
0 600 00.
Idem ( sexe féminin ) ( 5 )....................
Vieillards (sexe masculin) (6 ), chefs de famiiie.. . .
Idem (sexe féminin) (6)................................
9 40 0 0 .
106 000.
6 . 5 6 4 0 0 0 .
Pour le roi et sa famille, avec les principaux chefs militaires,
religieux et civils, un dixième du sol........... » 20560 0 0 .
T otaux........................................ 6000 000. t 20560 0 0 0 .
(1) Voyez ci-dessus la page 127, et le Catalogue général des
noms des lieux.
(2) Le tiers de 20560000 aroures, à 12 par tête, fait 571000,
(3) D’aprcs Hérodote.
(4) De onze ans à soixante-et-dix ans.
{5) De onze ans et au-dessous.
(6) De soixante-et-dix ans et au-dessus.
Note F , page 108.
Étendue et Superficie de la ville de Thèbes.
L es ruines de la v ille de Th èb e s sont enfermées à peu près dans un quadrilatère dont les angles sont
Kafr G irg y s et la porte du nord-ouest, sur la rive droite; la colline des tombeaux des rois et le petit
temple au sud du grand hippodrome, sur la rive gauche : le côté du nord traverse le village el-T ah tan y ,
où il y a des ru in e s , l’île d’O u rou zy eh , et passe près de Q oum ah ; enfin le côté du midi passe par le
v illa g e d’A bou-a’moud et traverse l’île el-Gedydeh. Le s ruines du palais de K a rn a i sont à environ
70 9 mètres du côté oriental; mais le côté de l’ouest est contigu aux limites des ruines : celles du
palais de L ouq sor sont à 6 ou 7 cents mètres du côté méridional. O n n e peut donc restreindre davantage
la superficie de la ville. Mesurée entre ces limites, elle renferme 3400 hectares environ. L a principale
diagonale du trapèze est d’environ 1 1000 mètres, ou la circonférence de 26000. A u reste, les
ruines du palais de Med-a’moud , qui sont à 3000 mètres plus lo in , n e sont pas comprises dans cette
étendue ; il en est de môme de l’hippodrome au sud de Louqsor.
C e tte superficie est égale à plus de 15000 aroures, ainsi q u e je l’ai déjà observé dans le Mémoire
sur le système métrique : il s’ensuit que la mesure de 3 700 aroures, citée par Etienne de Byzance
( d’après Caton l’ancien ) et par un scholiaste d’H omère, n’équivaut qu’à un quart des ruines de T h èb e s ;
e t comme il y avoir, selon m o i, une certaine mesure de 4 aroures, il est possible que ce passage se
rapporte à -3700. mesures de cette espèce, et non à 3700 aroures.
II n’y. a presque pas u n point dans cette étendue où l ’on ne puisse trouver des vestiges d’antiquités
en exécutant des fouilles : il faudrait seulement en déduire la largeur du N i l , p our avoir la superficie
jadis bâtie et habitée, c’est-à-dire environ 250 hectares; ce qui réduirait la surface à 3700 tétraroures.
Dans le Commentaire d’Eustathe sur Deny s le P é r ié g è te , au vers 2 4 8 , on voit que Thêhés avoit
4a o stades : Caton lui donnoit 4° ° stades de lo n g , ce qui est encore exagéré. L a lo n gu eu r , suivant
Strabon, étoit de 80 stades (1 ). Diodore de Sicile ( lib. 1 , c. 4 î ) est exact en donnant i 4o stades de tour;
c ’est en effet ce qu’on trouve dans les 26000 mètres. II ne faut donc pas accorder à T h è b e s , comme l’a
fait d’A n v ille , une longueur de i 4o stades, en interprétant le texte de Diodore un peu arbitrairement.
O n peut être curieux de comparer cette superficie avec celle de Memphis. C e n’est pas par les buttes
actuellement visibles qu on pourrait juger de celle-ci ; il faut faire usage des distances rapportées par les
auteurs, qui fixent la position de cette v ille par rapport à plusieurs lieux. Selon Pline, les pyramides étoient
à sept milles ± de Memphis, et aussi à six milles : il est évident qu’il s’agit de deux points différens,
savoir, 1 angle oriental et l’angle occid ental, vers le nord. Dans Etienne de B y zan ce , une autre mesure
de 120 stades, partant encore des pyramides, fournit un point du côté occidental des ruines, à la hauteur
d’A bousyr. L ’Itinéraire d’Antonin donne une distance de 12 milles entre Babylone e t Memphis; ce qui
tombe sur les ruines actuellement subsistantes. II en est de même de la distance de 20 milles, comptée
depuis les ruines de Letopolis. E n s avançant seulement de quelques centaines de mètres au midi des
huttes actuelles, on tombe sur 1 extrémité d une distance de 3 schoenes, donnée par Strabon à partir de l’origine
de la branche Pélusiaque. O r tous ces points se rangent à peu près sur les côtés d’un quadrilatère
arrondi, dont la longueur est de 10000 mètres env iron, et la largeur réduite, de plus de 3000 ,
ainsi la superficie revient à 5000 hecta res, c'est-à-dire beaucoup plus que Thèbès . O n pourrait la
réduire, en supposant que les deux distances de 6 milles et de 7 milles j-, rapportées par les auteurs,
sont défectueuses ; mais il n ’y a aucun m o tif pour admettre cette supposition, d’autant plus qu’on trouve
des vestiges d’antiquités à l’extrémité de ces distances : vers l’ouest sont les vestiges d’une d ig u e , et vers
l’est les ruines ou buttes de décombres de Manaouât {2).
Note G , pages 99, 100 et 110.
Principe dépopulation ; Rapport de la Population aûx Naissances et à la Mortalité'; Proportion
des Sexes ; Population absolue et relative de plusieurs contrées.
O n sait que pour dresser une table de mortalité il faut former un tableau des années o , 1 , 2 , 3 , 4
5 > & c - > et inscrire h c ô té , successivement, i.° le nombre des naissances, 2 .0 le nombre des enfàns qui
(1) C’est ce qu’on trouveroit dans une ligne dirigée deMed- (2) Voir plus loin la carte ancienne et comparée de. la fiasse
a’moud à l’extrémité du grand hippodrome. Ègypte.