un caveau (l) qui renferme un sarcophage de granit M de im,o68 S de hauteur,
sur 2m,675 ^ de longueur, et im, 133 h de largeur, parfaitement poli sur
toutes les faces, sans hiéroglyphes, et placé du nord au sud dans le caveau, dont
la plus grande dimension est, comme celle de la chambre sépulcrale de la grande
pyramide, de l’est à l’ouest.
Le couvercle, de 244 millimètres M d’épaisseur, porte deux pommeaux à
chaque extrémité, avec un rebord qui entroit dans le sarcophage ; il avoit été sou
levé et tourné, et la momie avoit été enlëvée.
6. Démolition d’une Pyramide.
Nous avions trouvé dans les hypogées de la haute Égypte une prodigieuse
quantité de momies bien conservées, des papyrus précieux, des antiques de
toute espèce en bronze, albâtre, serpentin'; en grès, en teffe cuite"et en bois:
ces objets sont décrits par M. Jomard dans son Mémoire sur les hypogees ■
Nous avions admiré dans les tombeaux des rois , dans la grande pyramide et
dans le tombeau que nous venions’de fouiller, divers sarcophages en granit; nous
possédions des ffagmens de caisses, d’enveloppes ou gaines en carton (s), dans
lesquelles des momies précieuses avoient été renfermées. Mais tous ces sarcophages
avoiënt été ouverts avant notre arrivée; nous navions pas trouve dé momies
intactes ni dans les caisses, ni dans les enveloppes en carton faites avec tant dart;
nous ignorions de quelle manière étoient placés dans les catacombes ces antiques,
ces vases, que nous trouvions disséminés, ou que les Arabes nous apportoient ;
nous n’avions point rencontré d’armes, d’oiitils, ni aucun autre objet en métal,
que de petites idoles coulées en bronze 'l0).
Comme nous avions la presque certitude de trouver une grande partie de ces
objets intacte, réunie dans un monument sépulcral,-dans un sarc'ophage qui nau-
roit pas été ouvert, nous prîmes la résolution de les chercher dans une des petites
pyramides, celle qu’on appelle’ la quatrième, qui ¿4 3 nietres^environ de base, et
qui est placée au sud-est de la troisième . mais il fallôit trouver l’ouverture de la
chambre sépulcrale, ou celle du puits qui y conduisoit ; elle pouvoit être à la
base comme au milieu de la construction. Quoique nous n’eussions pour ouvriers
(1) PI. iq , fig. 5 et 7. ' de toute espèce collés l’un sur l’autre, et formant un
. PI. 14, fig. 8. corps plus solide que le bois, dé 16 à 27 millimètres [6 à
{3)‘3 pieds 3 pouces 5 l i g n e s 10 pouces] d’épaisseur. Les gaines parfaitement unies en
(4) 8 pieds 2 pouces 10 lignes. dessus et en dessous sont couvertes, des deux côtés,
(s) 3 pieds 5 pouces 10 lignes. ; d’une légère couche de stuc , peinte ensuite de toute
(6) 9 pouces. sorte de figures et d’hiéroglyphes. Les couleurs ne sont
(7) A . D . lomt chap. IX . s c a . X . Voyez aussi le point encore altérées. La réunion des morceaux, qui
Mémoire de M. Rouyer sur les embaumemens des formoient cette enveloppe, étoit-faite comme celle de
anciens Égyptiens, Antiquités-Mémoires, tom.I.pag. 20p. nos boîtes ou étuis; ils étoient cloués ensemble avec des
(8) Description des tombeaux des rois, par M. Costaz, chevilles de bois. Voyei le Mémoire- ci-dessus de M. Jo-
A . D . tome chap. I X , sect. XI. . nutrd, A . D . tojji. / ." , chap. IX psecr. X.
(9) J’ai rapporté des fragmens de ces espèces de cartons (10) J’ai rapporté, sur un des masques en bois gravés à
faits sur la forme de la momie. Us ne sont pas confec- la fin du V .' volume d’Anliquités, planche 8) , des yeux
tionnés en papier haché, matière que les anciens necon- et des sourcils parfaitement coulés en cuivre, et dont les
noissoient pas, mais avec plus de cent morceaux de toiles contours sont également bien dessinés.
que
que les soldats composant notre garde, et des Turcs propres seulement à enlever
des terres ou peser sur des leviers, nous prîmes le parti d’abattre la pyramide
tout entière.
Chaque assise de pierre calcaire étoit d’un mètre ou un mètre et demi d’épaisseur
; toutes les pierres, dune dimension proportionnée à son épaisseur, pe-
soient environ - 6000 kilogrammes W. Nous dirigions nous-mêmes le travail, et
déjà nous étions arrivés à plus de la moitié de la hauteur, sans avoir trouvé
l’ouverture que nous cherchions, lorsque nous fûmes obligés d’abandonner l'entreprise
et de laisser à ceux qui viendront après.nous, le précieux avantage de trouver
ce qui nous eût dédommagés de tant de travaux et de peines inutiles.
7. Du Genre de construction.
Si les Egyptiens, en construisant les pyramides, ont voulu leur donner une
longue durée, on conviendra qu’il étoit difficile de mieux approcher du but
qu’ils se sont proposé d’atteindre. Que l’on considère la grande pyramide bâtie
sur un rocher élevé de près de 32 mètres au-dessus des plus grandes eaux
du Nil, sur un solide dont nous n’avons pas trouvé la base à 64 mètres de profondeur,
dans un désert privé de toute espèce de végétation, qui reçoit, chaque
année, pendant quelques heures seulement, sur une plaine aride et sous un ciel
toujours pur, une pluie bientôt évaporée par la chaleur constante du climat ;
que l’on songe à la température, qui ne varie que par une plus ou moins grande
élévation, mais sans aucun de ces passages successifs de l’état aqueux à celui de
glace, qui sont dans les climats tempérés une des plus grandes causes de destruction
; enfin, que l’on réfléchisse au volume du monument, qui a environ
1662628 mètres cubes $|| à sa construction soignée, à sa forme pyramidale, qui
ne permet aucun affaissement, aucun écart, on aura une idée des causes qui,
suivant I expression de M. Denon dans son Voyage en Égypte, semblent faire
rivaliser les pyramides avec la nature en immensité ainsi qu’en durée.
Les pierres les plus dures interposées dans Jes montagnes entre des couches
d’argile, de sable et de terre végétale, sont précipitées dans les vallées ; les terres
délayées par les pluies, les pierres tendres brisées par l’effet des gelées, divisées
par 1 accroissement des racines de plantes et d’arbustes, sont entraînées par les
torrens; peu à peu les montagnes s’affaissent, changent de forme, et quelques-unes
disparaissent : mais, si l’on examine.avec soin les pyramides, si l’on recherche les
causes de destruction qui peuvent attaquer ces montagnes factices, on concevra
difficilement comment une seule pierre pourrait s’en détacher ; encore moins à
quelle epoque la plus reculée elles n’existeront plus, si la main des hommes ne
les détruit pas.
Ges monumens, dans leur état actuel, présentent un aspect de dégradation qui
ne permet pas de croire qu’ils aient été construits tels que nous les voyons; la
première idee qui se présente, c’est que les gradins ont été couverts par des pierres
(1) 12 milliers de livres. (2) i o a pieds. (3) 8 669 305 pieds cubes.
A . T O M E I I . G