PREMI E R MÉMOIRE
aujourd’hui sont si légère^et si confuses, qu’il étoit entièrement impossible de les
représenter par le dessin avec quelque exactitude.
Pour y suppléer, nous transcrivons ici la feuille de notre journal où cette
recherche est mentionnée. Cette pièce étoit rédigée sur les lieux mêmes par fauteur
du présent Mémoire, alors secrétaire perpétuel de l’Institut du Kaire, et
président de l’une des deux Commissions littéraires envoyées dans la haute Égypte.
Ce procès-verbal étoit lu, chaque soir, en présence de tous les voyageurs, et
rectifié d’après leurs observations.
« Le 17 fructidor an 7 M septembre 1799 ] au matin, nous visitâmes les ruines
» d’Akhmym : on y reconnoît les vestiges d’un temple Égyptien. Des pierres
» taillées, de très-grandes dimensions, occupent le fond d’une enceinte, environ-
» nées de décombres. Nous vîmes une de ces pierres qui est peinte sur l’une des
» faces, et qui a été remarquée par le voyageur Anglais Pococke. On y distingue
» encore quatre cercles concentriques inscrits dans un carré ; les angles pa-
» roissent avoir été occupés par des figures peintes : nous avons compté douze
» divisions dans les deux cercles du milieu. Dans faire comprise entre la pre-
» mièrë et la seconde circonférence, on reconnoît, mais avec peine, douze
» figures d’oiseaux. L’aire qui suit contient des images effacées ; la dernière cou-
» ronne, qui n’est pas divisée, semble avoir contenu vingt-quatre figures humaines.
» Il est extrêmement difficile d’apercevoir les traces que l’on vient de décrire ; la
» face de la pierre où elles sont représentées est tournée vers la terre : je n’ai
» pu la voir qu’en m’introduisant au-dessous, avec un flambeau, dans une cavité
» singulièrement étroite. MM. Jomard et Lancret m’ont succédé dans cet examen;
» il a fallu renoncer à faire le dessin. »
Z . ° D I R E C T I O N D E l ’a X E D E S ÉDI F ICE S .
L es grandes pyramides de Memphis sont exactement dirigées vers les quatre
points cardinaux. Le côté du carré qui forme la base coïncide avec la ligne
nord-sud. La déviation de 17 minutes que l’on a observée, est si petite, que
l’on demeurera toujours incertain si elle doit être attribuée à l’erreur de la direction
primitive, ou aux dégradations que le temps a causées et qui ne permet-
troient point maintenant des mesures plus précises.
Quant aux monumens où se trouvent les sculptures astronomiques, ils ne sont
point orientés. A Denderah, l’axe du monument fait avec la ligne nord et sud
un angle d environ 17 degrés. A Esné, l’axe du temple du nord fait avec la
ligne nord-sud un angle de 43 degrés; et l’axe du grand temple fait avec cette
ligne nord-sud un angle de 71 degrés. Les Égyptiens ont presque toujours' disposé
les grands édifices par rapport au cours du Nil, en sorte qu’étant sur ce
fleuve on pût découvrir l’entrée du monument et jouir de son aspect principal.
3 . 0 CARACTÈRES DES SCULPTURE? .
Il seroit superflu sans doute de s’attacher à prouver ici que les édifices où
Ion a découvert les sculptures astronomiques, sont des ouvrages Égyptiens, et
SUR LES MO N UME N S A S T R O N OMIQ U E S . 8 3
qu’on ne peut les attribuer à aucun autre peuple : la collection que l’on publie
aujourd’hui, nous dispense de cette discussion. Il est évident que ce ne sont point
les Perses,.les Macédoniens, les Roiriains ou les Arabes, qui ont construit les
merveilles de l’Égypte, et ont élevé des temples aux dieux de. ce pays dans les
anciennes Villes de. Tentyris, de Latopolis et d’Hermonthis, ou qui ont peint les
sépultures des rois de Thèbes : ces villes et leurs temples étoient célèbres dès
la plus haute antiquité. Les principes d’après lesquels tous ces monumens ont été
fondés et construits, ceux que l’on a suivis pour les décorer; le style.des bas-
reliefs, où il n’y a point une seule trace du ciseau Grec; la nature des sujets qu’ils
représentent, l’exhaussement du sol, l’usage de peindre les édifices, les fragmens
que l’on trouve dans les fouilles ; le choix et l’emploi des pierres, les inscriptions
hiéroglyphiques dont elles sont couvertes, prouvent incontestablement que
ces ouvrages appartiennent aux Égyptiens.
Il ne peut y avoir rien de plus contraire à tous les témoignages de l’histoire,
que de supposer que les sculptures qui ornent les plafonds dans le portique et
dans l’intérieur des temples de Tentyris, dans les édifices sacrés de Latopolis,
dans le sanctuaire d’Hermonthis, ne se rapportent point à la religion, à l’astronomie
et aux sciences de l’Égyptei
On ne peut douter que dans les temps qui suivirent la première invasion des
Perses, et ensuite sous la domination des Lagides, les Égyptiens n’aient entrepris
quelques ouvrages accessoires ou achevé la décoration des monumens sacrés:
Nous en avons reconnu diverses preuves dans le cours de notre voyage, et notamment
à Philæ. Les vestiges des édifices les plus aiiciehs, de ceux qui datent,
pour ainsi dire, de l’origine de la monarchie, sonten quelque sorte confondus avec
les constructions des âges suivansi Les rois Macédoniens ne refusèrent ni leui*
protection ni même leurs hommages à l’antique religion de fi Égypte, dont la Grèce
avoit emprunté ses fables sacrées. La reconnoissance et l’adulation voulurent perpétuer
le souvenir de ces princes, et on leur attribua les honneurs divins. Dans ce
mélange de tant de monumens d’époques successives, il est très-important de remarquer
que tous ces ouvrages appartiennent exclusivement à fart Égyptien. On
n’y peut découvrir aucun indice des rites étrangers ou de fart Grec : ils sont dus
évidemment aux seuls artistes de l’Égypte. Les monumens mixtes sont rares et très-
faciles à distinguer. Quant aux constructions Romaines et aux sculptures qui les
décorent, elles ont un caractère entièrement différent. Enfin l’objet direct de nos
recherches n’est point d’assigner les dates respectives des ouvrages des Égyptiens,
mais de faire connoître les époques auxquelles se rapportent nécessairement les
monumens de leur science astronomique:
4 . \ 0 R Î G l f t È DU f cô D ÎACf UÉ GREC:
Il suit de Ces remarques générales -qu’après avoir découvert dans les sculptures
Égyptiennes les figures des douze constellations semblables à celles que tous
les peuples connoissent aujourd’hui, il est impossible de ne pas conclure que
cette division du ciel est un des élémens de l’ancienne doctrine de l’Égypte, et