
Hommes adultes.
. Militaires, Mamlouks et odjaqlis.................................................... 12 000.
Propriétaires ( 1 ) ................................................................................ 6 000.
Négocians.................. 4 000.
Ouvriers et maîtres ar tisan s . ..........................■................. 25 000.
Petits marchands détaillans c 000.
Autres marchands tenant les ca fë s . ....................................... 2 000.
Domestiques mâles, compris les esclaves [kaouâs, sâys,
saqqâ, farrach ) 30 000.
Manouvriers, journaliers iJÉ 000.
Femmes adultes et Enfans des deux sexes.
E n v iro n ................................................................................................... 2 0 10 0 0 .
T o t a l .......................................................... 3 0 0 0 0 0 .
Mais, si le premier calcul est trop foible, je regarde celui-ci comme trop fort :
il n’est point fondé sur un dénombrement effectif, mais sur des renseignemens
fournis par des Européens établis au Kaire; et cependant il est incomplet, puisqu’on
n’y fait pas entrer les esclaves en ligne de compte, bien que le nombre en
soit assez considérable, sur-tout celui des esclaves du sexe féminin. Toute personne
tant soit peu aisée a une ou plusieurs femmes noires à son service; il n’est
pas absolument rare d’en trouver jusqu’à six dans une seule maison ; enfin il n’est
pas possible qu’il y ait 6000 propriétaires mâles au Kaire (2) : tous ces nombres
doivent être réduits d’un huitième environ (3).
Heureusement nous avons une troisième donnée, plus probante que les autres,
et c’est à celle-ci que je m’arrêterai. Peu après l’établissement des Français au Kaire,
on a fait ouvrir, pour la première fois, des registres de décès; ces registres ont
été tenus avec exactitude pendant trois années; on y inscrivoit, avec la distinction
d’hommes, femmes et enfans, 1 âge des décédés, le sexe, et la nature de la maladie.
M. le docteur Desgenettes, médecin en chef, avoit mis avec raison une grande
importance à ces tables nécrologiques, soit pour l’avancement de la statistique,
soit pour reconnoitre la marche des maladies ou l’état de la santé de l’armée et
des habitans. Il résulte du dépouillement général que j’ai fait de ces différentes
tables, quen 867 jours il est mort 20985 individus; savoir, ^8p7 hommes,
5261 femmes, 11827 enfans : terme moyen par an, 8834 décès (4).
D ’après un renseignement antérieur à l'expédition Française, il mouroit au Kaire
environ 25 personnes par jour : 4 hommes, 6 femmes, 15 enfans ; ce qui fait
pour toute lannee 9125 individus, un peu plus que le terme précédent; ce qui
dénote que celui-ci ne pèche pas par excès, et que l’action de la peste n’a pas été
telle, qu’elle ait influé sur le résultat d’une manière trop sensible pendant les
(t) C e nombre paraît comprendre les gens de loi. (3) Descr. du Kaire, c. n i , S - iv ,£ . M . t . I I , 2.' part.
(2) En 1797 on comptait environ 4000 propriétaires, (4) Ces tables ont été commencées le 29 brumaire an 7 ,
savoir: 2000 odjaqlis, 1000 femmes, 1000 chelebis on fils et terminées le 15 messidor an 8, sans autre interruption
de famille, 500 cheykhs, 200 Mamlouks, 200 négocians que pendant les trois mois du siège du Kaire, en l’an 8.
et 900 autres individus, effendis, &c. ( Voyez la note C. ) ( Voyez la note C. )
trois années d’observation. D ’ailleurs l’excès du nombre des femmes est constant
dans chaque année: la première présente 1294 femmes et 898 hommes;
la seconde, 1376 femmes et 1003 hommes; la troisième, 2591 femmes et
1996 hommes.
Or la population est peu variable au Kaire; c’est beaucoup si l’accroissement
est d’un soixantième ou d’un cinquantième. On peut, d’après cela, estimer d’une
manière vraisemblable le nombre des naissances annuelles, et croire qu’il s’éloigne
peu de 9000.
Essayons d’appliquer à ces données la loi de mortalité : cette loi varie sans doute
un peu pour chaque pays; mais, quant à présent, nous ne pouvons faire usage que
de celle qui nous est connue, sauf à appliquer par la suite une correction.
On a reconnu qu’il y avoit dans une population stationnaire un rapport fixe
entre cette population et le nombre des naissances annuelles (1). Le nombre qui
exprime ce rapport est aussi égal à la durée moyenne de la vie (2). Ainsi, en multipliant
les naissances par le nombre qui exprime ce rapport, on connoît la population.
En France, le nombre des naissances annuelles est à fort peu près d’un
million. La quantité par laquelle il faut les multiplier se trouve en divisant le
nombre qui exprime la population connue d’une partie du pays, par le terme moyen
des naissances dans la même étendue. C ’est ainsi que M. Laplace a trouvé, en comparant
trois années du registre des naissances (3), sur une population connue de
2037615 individus, que ce rapport est en France de 28,352845. H en conclut
que la population de la France est de 28352845 individus.
En 1818, la population étoit regardée comme égale à 29217465 habitans, et
le nombre des naissances a été de 91435 t : le rapport de ces deux quantités est
3 1,9 environ, terme plus grand que le précédent; mais on ne doit pas s’en servir,
parce que ce rapport n’est sensiblement exact qu’en ayant égard à plusieurs années
consécutives. Je m’arrête, pour le Kaire, au rapport 29,3, un peu plus fort que
celui qui a été déterminé ci-dessus. Voici sur quoi je me fonde : le nombre que
nous cherchons n’est pas le même dans les villes que dans les campagnes, dans les
capitales que dans les villes du second ordre ; nous devons donc préférer pour le
Kaire, qui est une grande capitale, le rapport trouvé à Paris. Or ce nombre nous
est connu depuis peu d’une manière encore plus exacte. D’après le dénombrement
de 1817,1a population de Paris est de 713765 individus: en 1819, le
nombre des naissances s’est trouvé de 24344; H tient le milieu entre celles des
dernières années. Le rapport de ces deux quantités est à fort peu près 29,3.
C ’est par ce nombre que je vais multiplier 9000, nombre moyen présumé des
naissances annuelles au Kaire. Ainsi, en résultat, je trouve pour la population de
cette capitale 263700 individus (4 ). Ce qui confirme la justesse du résultat, c’est
qu’il tient un juste milieu entre les deux calculs par lesquels j’ai commencé, c’est-
à-dire, 253210 et 300000. Enfin on comptoit alors au Kaire 26000 maisons,
(1) Introduction à la théorie analytique des probabilités, (3) Ces trois années correspondent précisément à celles
par M. Laplace, pag. 91 et suiv. in-/f.°, 1820. des observations faites au Kaire.
-(2) Voyez, à la fin de ce Mémoire, les Notes et Eclair- (4) Paucton comptoit 600000 individus au Kaire.
cissernens, &c. ( note G). ( Traité des mesures, page 483. )