Suivant quelques auteurs, on compte en A n g le te r re , au pays de Galles et en É co s se , 87500 milles
carrés de superficie çw jte f page 1 37 ) ; selon d’au tres, 86940. L ’Irlande a en surface la moitié de l’A n g
leterre-et du pays de Galles réunis : total, environ 1 160 0 0 milles carrés. O r , la population des trois
royaumes étant p our 1811 d’environ 1 7 millions 7 ( voye^ pages 13 7 et 1 3 8 ) , c’est environ
150 habitans par mille c a r r é , ou 200 par mille g é o g rap h iq u e , et 1 152 par lieue carrée de 25 au
degré (1); c’est-k-dire , presque en sus de la population relative de la France en 1818 (2).
D ’après des renseignemens récens , I’Indostan renferme 800 habitans par lieue carrée, et la C h in e
8 8 0 , en admettant une population totale de 200 millions et une superficie de 225000 lieues carrées.
C ep en d an t Paucton supposoit dans ce dernier empire environ 1 o4-7 habitans par lieue. II est vrai que
lord Maca rtney, et d’autres en co re , attribuent k la C h in e une population encore plus forte : le p re mier
va jusqu’k estimer l’armée seule k 1800000 soldats. L a superficie, d’un autre c ô té , paroît plus
considérable : on la porte k 300000 lieues carrées. A in s i, avec la donnée de lord M aca r tn e y , q u i est
$ans doute e x a g é ré e , la population relative n’iroit qu’k m o habitans.
Note H , pages 113 et 115.
Sur un passage de Pomponius Mêla.
E t Theboe antiquoe ( ut Homero dictum est ) centum portas, sive ( ut alu a iunt) centum aulas habent,
totidem olirii principum domos ; solitasque singulas, ubi negotium exegerat, dena armatorum mi Ilia effundere.
Viginti mi/lia urbium Amasi régnante habitarunt, et nunc multas habitant ( 3 ).
A u lieu de corriger le sens de ce passage par le texte d’H om è re , comme cela étoit raisonnable,
Isaac Vossius a fait le contraire, et il s’est déterminé p our le sens le plus ex agéré . C e n’est pas
10000 hommes armés que l’on faisoit passer par chacune des cent portes de T h è b e s , mais 200 hommes
avec leurs chevaux et leurs chars. Vain em en t Vossius allègue le passage d’un scholiaste d’H omère,
d’après lequel Thèbes ( ou plutôt l’É g yp te ) avoit 33030 v illa g e s , e t qui dit que par chaque porte on
faisoit sortir 10000 hoplites, 1000 cavaliers e t 200 harmatelates. C e même scholiaste ajoute que la ville
avoit 3700 [ r i ' ] aro u re s , cent portes et 70 0 [■*■’ ] myriades d’hommes. E n e ffe t, comment imaginer
rien de p lus absurde q u ’une population de 7000000 d’individus rassemblés en É gyp te dans la même
enceinte , e t dans cette même v ille une armée de 1 120000 soldats!
II est vrai qu’Homère n e parle q u e des troupes montées sur des chars, et non de la totalité de
l’armée É g yp tien n e ; mais ce n’est pas un m o tif pour changer le nombre de 200 en 10000 : reste
toujours k d eviner quelle est la source où Pomponius Mêla a puisé ces 10000 soldats passant par
chacune des c en t por te s , si ce n’est pas iine exagération de l’auteur lui-même. Diod o re de Sicile
confirme le nombre des 20000 chars de gu e r re , quoiqu’il en explique l’existence d’une autre façon (4).
Note I , pages 106, 110 et 114.
Sur deux passages de Diodore de Sicile.
Pages 106 et 114. *
J e cite d’abord en entier le premier passage d’après le texte de W e s s e lin g , avec la traduçtion latine :
noXuciu^paina. <Tè 70 (vtv oruXatov rnXu •npoiryji laetrray rrwv }fCùQ/iÇo[Avuv 7 Q7mv n am tvv oixou/iévtiv, n f j x « ô ’ yfJaç
<As ouBtuoç 7B»x ctèXuv Jbxjti À«57S<3su * im ttzv ytp tS v ctp^ctlav ygovav t<r%t mhputç cd'ioXoypuç >(ctj irôXeiç trXétouç m v
fjLue/cûv }(çt] o>£1ct7ti<r%XÎûiv, à ç eu th 7 ç ivetyp&tpaïç opav etfjt KopdXjè^aie^ojzevov. E-sri «Te UroXefjuilis t o u A dytu mrXétouç
•mu ( 5 ) Te/.<ry.ve/tcùv nQtôpcH^tiauv9 au 70 irXnùoç JïdfiKptévnKev ia ç îu>v x d B ' n fa ç ygovav. T ou J's oup.untUTOç Xd S *rè
fteu •7rd.Xa.i0v <pd<rt yzyivévdf •neç/. ètridiuotas ( 6 ) fjtuptddkç , ytft x c tâ ’ nptaç Je ouk ix â r jo u ç etvcLj ( 7 ) . A10 touç
ctp’X/ûouç (hcLffiXÜç i< fio yu s i KO.TO. t»i» A ïyjvfjov tpya p u y tX d dttuputsn J ï k r n ç 71oXuyeteÀas xctidtnttudo&yTdç ,
(1) L’Angleterre et le pays de Galles ont 1619 habitans, (3) Pompon. Mêla, lib. 1, cap. 9 ; Hagce Comitis, MDCLVIlI.
l’Ecosse $66, par lieue carrée. Le mille carré Anglais équivaut ( 4 ) Diod. Sic. lib. 1, cap. 45 ; ed. Bipont. 1793 , tom. I.
à ~ de mille géographique, ou, plus exactement, à ; et la (y) T&ouvetoey, Co. M. Cl. 2 ; cateri *tçta%toav. N . Wess.
lieue carrée de z$ au degré fait 5,76 milles géographiques carrés. ( 6) OxmKootctç, margo Stephan. et Clar. 2.
(2) La France a plus de 1100 habitans par lieue. Voyez p. 136. (7) Vocahulum re/awoiav, quod vtilg. h i c inscritur, non agnosàdâva.'
nt t»ç ieuuTay jjç cltioXitmv u7iofj.vri[zeirTtL. ( Diod. Sic. Bibl. hist. lib. 1 , ca,p. • recensione
P . Wessel. Biponti, 179 3 , tom. I , pag. 89, )
OHm longe omnium populosissima terrarum per orbem cognitarum, et ad hanc cetatem nulli coeterarum
infcrior; memorabiles quondam vicos habuit et urbes ultra x i i x M ., ut in commentants sacris suo notatum
loto videre est. Ptolemoeo Lagi régnante , plures X X X M . recensitoe sunt : quoe frequentia adhuc constat. In
populi quondam universi censu septuagies contenu millia fuis se numerata dicunt, nec adhuc infra tricics cen-
tena millia censeri. Afultitudinc igitur hominum tanta adjutos esse reges tradunt, ut, tam arduis et mirificis
operibus constructis, immortalia mujestatis suoe monumenta relinquerent.
V o ic i comment s’exprime Wesseling au sujet de ces mots, 7av Tfnrpupiuu npiQp.iiQn(mu : « Marsham (Çan. )
»•avoit suivi ce calcul par pure conjecture; les manuscrits le rendent certain. Sous les Ptolémées, l’Egypte
>o prit un grand accroissement; sous Phijadelphe, le nombre des villes et bourgs excéda trente m ille :c ’est
» ce q u e prouve clairement Théocrite [ clarissimè s ig n ifc a t ] , idyll. x v i i , 82. » II cite k l’appui Caton
dans Étienne ( voc. Dio spo lis) , qui attribue k T h è b e s , avant les ravages des Perses , 33000 bourgs ,
wuttç, et 7 millions d’habitans ; ce que Diodore accorde pour l’Égypte avant l’empire des Lagides ( Annot.
P . Wessel. pag. 355 ).
Ici W e s s e lin g , critique si habile, semble se contred ire, puisqu’il a supprimé plus bas dans le texte
le mot TfieiKooiau : car, si c’étoit avant les Ptolémées que la population étoit de 7 millions, le reste de la
phrase, et non moins a présent, tomberoit sans application ; au lieu qu’en laissant 1f/unooiau 011 voit que
Diodore s’exprime très-naturellement : «Autrefois on avoit recensé 700 myriades [ 7 millions] d’hommes;
» d e notre temps il n’y en a pas moins de 300 myriades [ 3 millions ] . »
J’a jo u te , 1 .° que trois manuscrits seulement donnent 7f/opuptau, et les autres ( et il y en a un grand
nombre ) portent vft<r%xlav ; 2.0 que Wesseling cite ici de préférence le manuscrit Claromontanus pos-
terior, quand il le rejette plus bas k l’occasion du mot oxJa.Kooîets, au lieu de iirletnodas : ce qui donnerait
8000000 d’habitans pour l’ancienne É gypte.
Kciô’ rif/aç Se'ouK è^arjouç tfvaj tçiculogjw. « Si Diodore l’avoit entendu a in s i, dit W e s se lin g , la popu-
» Iation aurait décru prodigieusement pendant les guerres civiles. » C e tte réflexion, il faut en convenir,
est au moins singulière : il serait plus surprenant que la population se fût accrue. J e trou ve , au reste,
que la différence est trop g ran d e , c ’est-k-dire, que le premier terme est trop fort.
« L ’autorité de J o s èp h e , dit le critique, empêche d’adopter ce sens; car , sous Vespasien , il y avoit
» 7 5 0 myriades d’individus , sans compter les Alexandrins : Uirrt\y.ov\a. to.7ç ¡Tflcutotna.içpue^dJizç kvSpa-
» 7m v , i ï y a -mu ÀXè%a.vJ)>iiav KaroiKourmu. O r les habitans d’Alexandrie étoient au nombre de plus de
» 300 mille, comme il le dit x v n , 52. Mais cette opposition des deux auteurs cessera en éliminant bien
» loin le mot igiaxomau que n a pas vu Etienne dans toutes les copies. »
Ains i c’est pour amener Diod ore k être en harmonie avec J o s èp h e , historien un peu suspect,
qu’on enlève presque arbitrairement au texte un mot capital, Tpiaxoo-iav. N e seroit-on pas aussi fondé
k dire que ce mot a été omis dans les copies où 011 ne le trou ve point! car de toutes les erreurs des
copistes la plus naturelle et la plus fréquente est l’omission.
J e n e suis donc nullement frappé des argumens de W e s s e lin g , que je trouve extrêmement foiblés
ici ; bien lo in qu’ils soient c o n c lu an s , il y a contradiction entre les uns et les autres.
II me s em b le , en résumé , que le texte se réduit clairement k ces quatre faits :
1 .° Autrefois l’É g yp te a été le pays le plus peuplé de la terre ( relativement k son étendue ) ; elle a
possédé plus de dix-huit mille v ille s , ou b o u rg s , ou g ros villages.
2 .0 Sous Ptolémée fils de La gu s , on en a compté plus de trois m ille , comme de notre temps.
3.0 On dit qu’autrefois 7 millions d’hommes y furent dénombrés.
4 -° D e notre temps il n’y en a pas moins de 3 millions.
Tou s ces faits sont liés et conséqu ens. Ils sont en rapport avec l’histoire des révolutions du p a y s ,
et m êm e , k la rigu eur, admissibles, s a u f l’exagération du nombre des anciennes villes ou bourgades.
A u reste , il faudrait peut-être lire s eu lem en t, w>p.at ct^ioXoyaç ^ ttÔAwçttA««? tSu oKia>u%Xiav, c est-k-
d ir e , plus de huit mille bourgades et villes, en supprimant les mots pueiav naj.
I l i ' i l s
dt Ven. ; et Stephanus illud jam asterisco notavit. Valeat ergo, qui ppc
omnia hic turbans. ( Vid. not. )
Manuscrits cités par Wesseling : Coislinianus, du X V .0 siècle ,
le meilleur ; Claromontanus, du XU.C siècle, qui a servi à Henri
Etienne; Claromontanus posterior, duxv.e; Mutinensis, Leidensis>
Parisiensis, Vatican us, Venetus, c t beaucoup d’autres manuscrits
qui sont en fragmens. — Voyez la Notice des éditions de Diodore,
p a g e CLXVl.