
¿’¿te, et par conséquent avec l’observation du solstice! Cette longue ligne, qui
n’a guère moins de 120 pieds, est inclinée de 180 r (1) au nord; sur la ligne
est-ouest. Or, d’après les observations faites aux pyramides par les astronomes
Français en 1800, l’azimut du soleil au solstice d’été (le 22 juin) et au lever de
l’astre est de 71° 50', compté du nord, ayant égard à la parallaxe et à-la réfraction
à l’horizon : complément, 18” 1 o'; ce qui diffère bien peu de l’inclinaison de la ligne
du sphinx. L ’excavation pratiquée sur la tête a passé pour être l’ouverture d un
puits conduisant sous terre jusqu’à la g r a n d e pyramide; le fait est qu’il n’a quune
très-petite profondeur : mettoit-on là quelque signal pour servir d alignement, afin
d’observer l’azimut! ' , R
Comme je l’ai déjà dit, les diverses pyramides étoient ouvertes du côté du
nord ; le canal aboutissant à l’ouverture étoit toujours un couloir étroit, dirigé vers
l’étoile polaire, ou la région voisine du pôle. Il est difficile d expliquer par le hasard
seul ces singulières coïncidences.
On s’est demandé comment les Égyptiens s’y étoient pris pour orienter leurs
pyramides ; c’est une question qui mérite en effet qu on cherche à la résoudre. Il
est possible qu’ils se soient servis des levers et des couchers d une étoile, ou bien
des levers et des couchers du soleil au solstice, et meme à 1 équinoxe. Cependant
l’inégalité du sol n’admettoit pas une précision parfaite dans 1 observation des
ombres solsticiales ou équinoxiales. Comment donc se fait-il que I orientation de
la g r a n d e pyramide soit exacte, à quelques minutes près! Je dis quelques minutes,
parce qu’il n’est pas prouvé que la différence de 20', trouvée par M. Noueb, ne
puisse provenir en partie de la difficulté même de son observation (2). Les Égyptiens,
s’ils ont opéré par les ombres au solstice, étoient parvenus à savoir que les
quatre ombres solsticiales, opposées deux à deux, formoient une ligne droite très-
exactement. Or ce n’est que par des observations attentives, long-temps répétées
avec une extrême patience, qu’ils ont pu découvrir ce fait astronomique. Une fois
les directions de ces ombres assurées sur le terrain, il rie leur a pas fallu moins
d’attention pour tracer sur le sol les quatre ligries des faces du monument, sans
déviation sensible, et dans une longueur de 231 mètres [ 7 1 6ds *]. Ayant pris
des points à égale distance du gnomon, ils ont dû mener des parallèles et.de?
perpendiculaires aux lignes joignant ces points, et par conséquent mesurer ces
bases avec une grande justesse. - • -
Les deux ombres équinoxiales, d’après les calculs de M. Delambre (3), font
entre elles un petit angle qui peut produire sur la direction de la ligne méridienne
une différence de 7 à 14’ , ou moindre encore. Ainsi 1 une et I autre méthodes
ont pu fournir aux astronomes Égyptiens avec exactitude la direction cherchée.
Proclus, qui connoissoit l’astronomie Égyptienne, dit qu on peut tracer urie
méridienne par le moyen des ombres correspondantes ; c’est peut-être à 1 observation
des ombres solsticiales qu’il fait allusion. Suivant le même Proclus
( 1 ) Voyez A . D . chap. X V I I I , page pi. ment orientée ( Mémoire de Lacaille, dans le Recueil de
(2) Voyez Décade Égyptienne^ tom. I I I , p. 105. On l'Académie des sciences ).
sait que Chazelles fut envoyé en Egypte par l’Académie (3) Histoire de l'astronomie, p u M. Delambre, 1 .1." ,
des sciences, et qu’il trouva la grande pyramide parfaite- pag. 3 r*
Comment, in Tim. Plat. lib. i), les pyramides servoient à déterminer la longueur
de l’année.
Quant à la méthode par l’observation des levers et couchers d’une étoile, telle
que Sirius, Canope ou toute autre, les Égyptiens, s’ils l’ont suivie, ont dû tracer
sur le sol un alignement sur l’étoile à son lever, un autre sur l’étoile à son coucher,
et porter sur ces lignes une même mesure à partir du lieu de l’observation : la
perpendiculaire à la ligne qui joint les deux extrémités est une méridienne. La précision
seroit plus grande, en prolongeant les deux directions observées, et prenant
sur ces prolongemens une mesure égale : on a ainsi quatre points formant un rectangle,
dont les côtés sont orientés exactement. Enfin les Égyptiens ont peut-être
déterminé la direction cherchée par le passage d’une étoile au méridien du lieu.
Négligeant ce qu’ont rapporté plusieurs auteurs Arabes, savoir, que des observations
astronomiques ont été faites lors de la construction des pyramides, je
terminerai par une seule réflexion ce peu de mots sur les rapports de la g r a n d e
pyramide avec les connoissances astronomiques des anciens Égyptiens. Personne
ne conteste aux Égyptiens l’honneur d’avoir connu le vrai mouvement de
Mercure et de Vénus : comment n’auroient-ils pas été en état d’observer et de
déterminer la direction de la ligne méridienne ! et comment pourroit-on supposer
un seul instant que la direction des faces des pyramides sur les points cardinaux est
un résultat fortuit, et non celui de quelques observations célestes et d’une opération
scientifique ! Objecteroit-on que les auteurs Grecs et Latins n’en ont pas
parlé dans leurs récits ! Mais combien ont-ils omis d’autres faits curieux qui prouvent
les progrès et l’avancement des Égyptiens dans les sciences et dans les arts! Nous
croyons devoir borner ici nos recherches sur le but scientifique des pyramides, et,
à plus forte raison, passer sous silence l’absurde destination que certains auteurs,
abusant peut-être d’une fausse étymologie ( i ), leur ont assignée, c;est-à-dire, d’avoir
servi de greniers à blé. A l’égard du puits, nous ne pouvons émettre aucune conjecture
solide sur l’usage auquel il a pu servir. Conduisoit-il à un canal débouchant
sur la campagne! Communi quoi t-il avec un bassin recevant les eaux du
Nil! Enfin le puits que l’on connoît aujourd’hui est-il bien celui dont parlent les
anciens! Ce sont autant de questions que les découvertes futures résoudront
peut-être, mais qui sont encore enveloppées d’obscurité.
§. IV.
Considérations générales.
Il me reste à envisager les pyramides sous un rapport particulier, celui de leur
situation en Égypte. C ’est une considération d’où il peut jaillir quelques lumières
(1 ) Savoir, de irup^ç, froment, ou •jmpct/Mtvç (sous-en- logique et le voyageur Benjamin de Tudele, elles pa-
tendu apioç), pain de miel et de froment. Le moine Dicuil roissent désignées de la même manière. Voyez Recherches
ne désigne pas autrement les pyramides que par le mot de géographiques et critiques sur le livre De mensura orbis
greniers de Joseph : Septem horrea quæ sanctus Joseph terroe, pages 10, 14, 16 des prolégomènes, et page 24
fecerat...tanquam montes viderunt. Dans le Grand Étymo- du texte. Voyer^ aussi page 214, ci-apres.