de onze empereurs Romains, Auguste, Tibère, Claude, Domitien , Trajan ,
Adrien et Sabine, Marc-Aurèle, Vérus, Septime-Sévère, Alexandre-Sévère et
Dioclétien , et ceux de beaucoup de fonctionnaires Macédoniens et Romains,
tels que des généraux, des préfets d’Egypte, des tribuns militaires, des préteurs ,
des écrivains, des centurions, décurions et simples légionnaires. Ajoutons qu’il y
en a plusieurs, soit Grecques, soit Latines, qui sont écrites en vers.
Je m’occuperai seulement ici des principales inscriptions des deux dernières
classes, c’est-à-dire , de celles des Grecs et des Romains, en jetant un coup-d’oeii
rapide sur leurs époques, sur les parties des édifices où elles sont gravées, sur leur
destination et sur les conséquences historiques qu’on en peut déduire quant à
1 antiquité des monumens : c’est dans d’autres mémoires qu’il sera question des
inscriptions faites en égyptien, ou dans des langues différentes du latin ou du grec.
On ne traitera pas non plus ici de l’inscription Grecque du monument de Rosette.
Inscriptions tracées du temps des Grecs.
L e seul de tous les monumens Egyptiens où les rois Ptolémées aient fait mettre
eux-mêmes une inscription en leur nom, est celui de la ville de Qous, appelée
par les Grecs Apollinopolis parva. Elle a été placée sur le listel du couronnement
de la porte, au nom de Philométor, de sa femme et de .ses enfàns (i), à une
époque qui doit être comprise entre l’an 176 et l’an 144 avant Jésus-Christ. Les
autres inscriptions du temps des Lagides sont toutes faites par d’autres personnages
que les rois eux-mêmes.
Ainsi, avant le sixième Ptolémée , les rois n’avoient pas encore osé tracer
des caractères Grecs sur des édifices Egyptiens. On sait que les trois premiers
Lagides sont les seuls que l’histoire nous présente comme des princes recom-
mandables. Soter se distingua par sa sagesse et par sa fermeté, en maintenant
l’Egypte en paix et lui conservant sa religion et ses usages; Philadelphe, par son
amour pour les sciences et par les efforts qu’il fit pour approfondir les connois-
sances de l’antiquité ; Evergète, par sa bienfaisance et par cette affection pour
le peuple Égyptien qui lui ont valu son nom. Ces rois ont eu, à la vérité, quelques
guerres à soutenir; mais tous leurs successeurs ont vécu dans des dissensions
continuelles, des guerres de famille et des guerres étrangères. Le plus grand
nombre fut odieux aux peuples par des vices ou par.dés crimes, et tous par leur
tyrannie. Cependant, à diverses époques du règne de Philométor, il y eut quelque
tranquillité ; et c’est alors sans doute qu’on aura renouvelé la dédicace du temple
& Apollinopolis parva au Soleil.
Sous le même règne, on consacra de nouveau à Antée le temple SAntteo-
polis ; mais l’inscription qui nous l’apprend paroft avoir été tracée seulement sous
les Antonins, ou bien récrite sous ces empereurs, époque à laquelle on a fait
quelque travail au portique. Une inscription de quatre lignes étoit trop longue
pour tenir en entier sur le listel du couronnement. Peut-être aussi ce listel étoit-il
( i ) L’inscription a été copiée par MM. JoIIois et Devilliers.
déjà renversé. Les Romains ont pris le parti de la graver sur la frise ou architrave
dans l’endroit où étoit le disque ailé, de telle sorte que les caractères Grecs sont
à fleur de la pierre et au niveau des hiéroglyphes,.ainsi qu’on l’expliquera plus
loin.
Sous le même Philométor, les troupes stationnées à Ombos firent tracer une
inscription sur le listel d’une porte intérieure , dans une des salles du grand
temple. s Cette inscription marque leur reconnoissance envers les dieux Égyptiens,
et paroît annoncer la consécration d’un sanctuaire.
Les autres inscriptions tracées sous les Ptolémées appartiennent à de simples
particuliers qui sont venus rendre hommage aux temples les plus fameux de
l’Egypte : telles qu’une pierre trouvée à Canope, et consacrée à Isis (1) ; une
rapportée d’Edfoû, consacrée aux dieux du pays par un fonctionnaire de l’armée,
et que j’ai déjà citée ; celle que j’ai trouvée au Kaire, et qui est un monument
de gratitude d’un autre employé militaire envers Ptolémée Evergète II ; enfin
celles qui sont tracées sur le pylône du vieux temple de Philæ et sur un des
obélisques, et dont je ferai plus bas une mention particulière.
Avec la pierre de Rosette, voilà les principales inscriptions, soit publiques, soit
privées, qui appartiennent ou se rapportent d’une manière certaine au règne des
Ptolémées.
Inscriptions tracées du temps des Romains.
Sous les Romains, il a été tracé un plus grand nombre d’inscriptions publiques,
soit au nom des empereurs, soit au nom des villes et des personnages en
dignité. Celle à’Antoeopolis ou Qâou el-Kebyreh est au nom des Antonins; les
deux inscriptions gravées sur les temples de Denderah, l’une sur le listel de la
corniche d une porte isolée, l’autre sur le listel du couronnement du grand temple,
sont faites au nom et par l’ordre de la capitale de l’Egypte ; celle de Panopolis pu
Akhmym est l’ouvrage de plusieurs chefs militaires du temps de Trajan ; et celle
d Hermopolis magna ou Achmouneyn date des Antonins.
La première de ces cinq inscriptions, celle de Qâou, paroît annoncer que les
Antonins ont fait réparer une partie du temple d’Antée.
La seconde indique que, sous Auguste, on fit en l’honnetir d’Isis la dédicace
d un portique de Tentyris, aujourd’hui détruit. Peut-être alors ce portique étoit-il
déjà en ruine : on l’aura sans doute, à cette époque, réparé et consacré de
nouveau à la grande déesse.
La troisième; gravée sous Tibère, est une consécration nouvelle du protiaos
du grand temple en 1 honneur de Vénus. L ’objet de la quatrième, trouvée à
Panopolis, ne peut pas être connu d’une manière bien certaine, à cause de l’état
de ruine où est la pierre; et il en est de même de celle d'Hermopolis ou Achmou-
neyn, dont je nai pu copier que le commencement. •
Les Romains ont visité en foule les magnifiques tombeaux des rois de Thèbes;
(1) C ’esi M. Le Gentil qui l’a dessinée.