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i .° la division du pays en haute et basse Egypte ( aujourd hui Sa'yd et Ryf ( i ) ) ,
ayant pour limites autrefois Memphis, et dans les temps modernes, Fostât et le
Kaire; 2.° la subdivision du pays supérieur enThébaïde et Heptanomide (2), confinant
ensemble au nord de Lycopolis ou Syout; 3 enfin celle de la bàsse Egypte
en petit et grand Delta, avec les deux régions à l’est et à l’ouest des bras du
fleuve, jusqu’au rivage de la mer Méditerranée.
Il n’est personne qui ne sache que chacune de ces parties de l’Egypte étoit
partagée en nomes ou préfectures ; mais quelle étoit la circonscription de ces
nomes! quels ont été leur nombre et leurs limites précises à chacune des époques
historiques, sous les anciens rois, sous les Grecs, sous les Romains, sous le Bas-
Empire! C ’est ce que personne n’a encore déterminé. Je ne présente donc le
travail dont on voit le résultat sur la carte, que comme un foible essai, susceptible
d'être modifié et amélioré par les découvertes ultérieures, et je ne puis y
attacher plus d’importance qu’il n’en mérite : ici je me bornerai à dire en peu de
mots quelle marche j’ai suivie.
Pour diminuer la difficulté qu’offre ce problème, j’ai considéré d abord 1 analogie
qui existe entre les divisions générales du pays dans les temps anciens et dans
les temps modernes : j’en ai conclu que la plupart des provinces avoient pu aussi
conserver les mêmes limites. Cette donnée, d’abord hypothétique, a été confirmée
dans l’application. C’est ainsi que la province d'Heliopolis correspond à
celle de Qelyoub, et que la même correspondance existe entre celles d Aphro-
ditopolis et d’Atfyeh, de Lycopolis et de Manfalout, de Crocodilopolis et du
Fayoum, d' Oxyiynchus et de Bahnase, d Hcrmopolis et d Achmouneyn (3)» êtc.
Ces divisions sont comme ineffaçables, puisqu’aujourd’hui même que de nouvelles
villes se sont élevées et sont devenues c h e f s -lieux, les arrondissemens ont
conservé le nom des anciennes métropoles; par exemple, les deux derniers que
je viens de citer, dans lesquels les villes de Beny-soueyf et de Minyeh ont succédé
à Bahnasé et Achmouneyn, mais sans changement dans les noms des provinces,
qu’on appelle toujours Oulâyet (ou Aqlym) Balmasé et Oulayet Achmouneyn.
Une seconde donnée m’a servi de guide; les digues et les canaux sont des divisions
naturelles qui ont existé de tout temps : il est presque impossible qu un territoire
formant un seul bassin, c’est-à-dire, placé entre deux digues transversales, et
arrosé en même temps lors de l’irrigation annuelle,ait appartenu à deux provinces,
à deux préfectures. Du moins, l’administration des nomarques auroit souvent été
embarrassée par la confusion des limites. A la vérité, les digues ont pu être
déplacées quelquefois par le laps du temps, selon Iexhaussement successif du
sol, et les variations des pentes de la vallée (4)-
En troisième lieu, les auteurs fournissent des renseignemens qu’on peut mettre
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( 1 ) C'est tome la basse Egypte, d’après Abou-I-fedâ ; Relation de l'Égypte d’Abd el-Latyf, trad. de M. de Sacy.
mais les auteurs Arabes ne sont pas d’accord sur l’étendue
du R y f : il comprend, selon les uns, le H a u f, partie
orientale de l’Égypte inférieure; selon d’autres, il en est
distinct. Voyez Recherches sur la langue et la littérature
de l ’Égypte, parM. Étienne Quatremère, et les notes delà
(2 ) Ouestâny, ou Egypte moyenne.
(3 ) Vo y.les chap. X V I , X V I I I ,X X et A X I I , A . D.
(4 ) V°ye1> sur .la distribution des eaux et le partage
de la vallée en bassins successifs, les Mémoires de
M. Girard dans les volumes d’État moderne.
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à profit, sur l’étendue, et l’importance relative de plusieurs anciens nomes; il en
est même dont ils définissent les limites de manière à les bien reconnoître.
La position des villes capitales qui donnoient leur nom aux préfectures, vient
encore au secours du géographe qui cherche les limites de ces provinces ; si l’on
observe, à peu près à égale distance de deux chefs-lieux, un canal important, une
digue de premier ordre, ou gesr soultâny comme disent les Arabes, on est porté
a penser que cette ligne a servi de démarcation aux deux nomes.
En général, et de préférence à des lignes arbitraires, on a choisi pour limites
le cours des bras ou des canaux du Nil. On a consulté aussi avec fruit la division
des évêchés et métropoles dépendant de l’ancien patriarcat d’Alexandrie. Telles
sont a peu près les considérations qui nous ont servi à tracer les limites probables
des anciennes provinces ( 1 ).
Il resteroit à expliquer pourquoi le nombre total des nomes ainsi tracés est
plus grand qu’à aucune époque de l’histoire en particulier ; mais, outre que ce
seroit aborder une longue discussion qui ne peut trouver place ici ( par le motif
déjà connu du lecteur ), je dois rappeler l’un des points de vue qui ont présidé
à la composition de cette carte, savoir, de rassembler à-la-fois les faits géographiques
de plusieurs époques différentes, persuadé que le peu de complication
de la carte, sur-tout dans la haute Egypte, permettoit de le faire;sans causer
de la confusion.
C est pour ce même motif que l’Egypte inférieure est partagée à-la-fois selon
les préfectures qu’indiquent Hérodote, Strabon, Pline, Ptolémée, et les nomes
des médailles, et selon les grandes divisions qui n’ont été connues que sous le
Bas-Empire, comme Ægyptus Prima et Sccunda, ayant pour capitales Alexandrie et
Cabasa; Augustamnica Prima et Secunda, chefs lieux Péluse et Leontopolis; Arcadia,
chef-lieu Oxyiynchus; Libya (2), &c.
L ’Egypte a eu dans les temps anciens 27, puis 36 nomes; plus tard, 48 et jus-
quà y7 différensnomes (3 ), sans compter deux annexes (les oasis ). La basse Egypte
seule a eu 1 o nomes d’abord dans les temps les plus anciens; 24 à 27 à une époque
plus récente, et plus tard 33, sans parler de plusieurs enclaves, et dépendances,
qui ne doivent pas être comptées pour des nomes à part, quoiqu’Hérodote leur
ait donné cette qualification. Ce n’est pas ici le lieu de faire l’énumération de tous
ces nomes, de les comparer ensemble dans les différentes sources historiques, et
d en assigner la position : je ne puis, à cet égard, que renvoyer aux deux cartes de
l’Egypte ancienne, et je passe à ce qui regarde les ramifications du Nil.
La difficulté de reconnoître sur les lieux et de'marquer sur la carte les branches
du N il et ses dérivations selon les anciens écrivains (VII) ne le cède pas à celle qui
( 1 ) 11 seroit facile, nous l’avouons, de modifier plu- (2 ) Voyez Ammian. Marcel!-. lib . XX, cap. X V I ; Notitia
sieurs de ces demarcations ; par exemple, celles du nome utriusque imperii ; Hierocl. Synecdemusj Oriens. chiistia-
Sebennytes etd’autres encore, quisemblent tracées un peu nus,- Varia sacra, Sic.
arbitrairement: c’est au temps à les rectifier. ( 3 ) D ’An vil le en compte53.