dont le volcan a brisé quelques parties qu’il
lance dans ses éruptions? Le docteur Thompson
est d’avis que ce marbre n’est autre
chose que la pierre calcaire même de l’Apennin,
altérée et changée par le feu. Il se
fonde sur les observations qu’il a faites aux
fours à chaux de Castellamare , où la pierre
calcaire peut perdre ses couleurs, devenir
blanche, voir détruire son grain primitif,
et se régénérer sous la forme d’un marbre
blanc, d’un grain plus ou moins compact
et plus ou moins cristallisé. Cette opinion
qui au premier aspect peut sembler étrange,
devient assez plausible à l’inspection des
morceaux où l’on peut observer les divers
passages d’un de ces états à l’autre.
Si le marbre blanc du Vésuve est la pierre
calcaire de l’Apennin modifiée par le feu,
il paraît probable qu’il peut y avoir des
marbres calcaires, qui non-seulement aient
souffert l’action du feu, mais qui lui doivent
même leur texture et leur grain. Les
fameuses carrières du marbre de Carrare
pourraient donc être l’ouvrage du feu? Dans
cette hypothèse, on rendrait facilement raison
des cavités tapissées de cristaux réguliers
de quartz qui s’y rencontrent. D’autres
( *45 )
marbres présenteraient au besoin dès phénomènes
qui ramènent à l’idée d’un état
de fusion : tel est le verd antique lorsqu’on
considère les modifications de ses deux couleurs,
le verd et le blanc. Ce n’est pas que
les marbres calcaires aient eu une fluidité
pareille à celle des courans de lave; mais
il y a des raisons de croire que , dans l’état
primitif du globe, l’action du feu a été fort
étendue. Dans toute science il y a des idées
reçues comme vraies , d’un consentement
tacite et unanime : on n’ose s’élever con-
tr’elles , ni leur opposer des difficultés. Ces
idées cependant n’ont pas toujours été convenablement
discutées, mais les physiciens
les ont trouvées commodes pour l’explication
de beaucoup de phénomènes, et s’en
sont emparés sans examiner s’il n’y en
avait pas de plus raisonnables à. leur substituer.
Il en est de ces idées comme des
monnaies qui sont dans le commerce , et
n’ont pas la valeur réelle que leur prêtent
l’usage et l’opinion. Peut-être un jour serons-
nous convaincus que, dans la formation du
globe, le feu a plus agi qu’on ne le croit
communément ? Peut-être reviendrons-nous
aux systèmes de Buffon, de Leibnitz, de
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