La malheureuse ville de Torre del Greco
a vu souvent le Vésuve couvrir de ses laves
son territoire et ses édifices. Si celle de 1794
engloutit toute sa partie occidentale , celle
de 1737 avaitravagé toute sa partie orientale.
j-iche réaction qui puisse jamais souiller les pages de
l’histoire, ont cru qu’ils n’en pouvaient trop effacer ln
uouvenir. En conséquence, les barbouilleurs de la rue
Catalane exposèrent un grand tableau oh S. Antoine *
armé de verges ., donnait le fouet à S. Janvier fuyant,
un drapeau tricolor dans une main , et dans l’autre un
paquet de cordes destiné aux royalistes. S. Antoine ,
qui n’était à Naples que le patron des chevaux et des
cochons , devint par décret royal celui des lazzaronA.
S. Janvier fut dégradé de son emploi de capitaine gé-,
néral de l’armée napolitaine, oh le roi n’était que son
lieutenant ; on le déclara déchu de son protectorat, et
le plus ridicule tribunal , s’il n’était pas en même tems
le plus atroce, lui fit sérieusement son procès, le condamna
comme jacobin, mit le séquestre sur son trésor
et ses biens, dont son ancien lieutenant s’empara sans
scrupule , au lieu d’en aumôner le pauvre S. Antoine,
le nouveau protecteur. Et c’est à la fin du 18.° siècle,
que dans le plus beau pays du monde et dans une des
plus grandes villes de l’Europe, ont pu avoir heu ces
farces stupides qui déshonoreraient les peuples les plus
sauvages? O pauvre espèce humaine! à quelles turpitudes
te livrent les jongleurs prétendus religieux , qui
depuis dix-huit siècles faveuglent et t’abrutissent pour
maintenir, à tes dépens, leur fortune et leur autorité.
Ü rfy a pas eu peut-être un période de cent
ans qui n’ait été fatal à ce pays par des trem-
blemens de terre, des pluies de cendres ou
des courans de lave : mais il n’est point de
péril avec lequel l ’homme ne se familiarise.
L ’éruption finit à peine, et déjà les habitans
élèvent de nouvelles maisons sur la lave qui
dans le même lieu vient de couvrir leurs anciennes
demeures. La plus triste expérience
île saurait leur faire craindre de se voir
ensevelis sous les ruines.qu’amène une éruption
qu’ils ont toujours le droit de croire
prochaine.. Tant que les bases du Vésuve
offriront des terres à la culture, elles y sont
d’une telle fécondité, que l ’homme , pour
jouir de leur propriété, méprisera toujours
le danger qui les menace. Dans l ’éruption
de 1737, décrite par Serrao, le principal
courant de lave, long de 7364 mètres (1) ,
après avoir occupé le couvent des Carmes
et l’église du Purgatoire, suivit son cours
jusqu’à la mer. Selon les mesures qu’on prit
alors, la masse de cette lave composait un
cube de 102,37096 mètres cubes (2). Son grain
est en général terreux ; cependant vers la fin
( 1) 3y8o toises.
(2) 1479^9^ toises cubes.