d’en avoir fait le triage et séparé les
bons des mauvais? Ne serait-il point à
desirer que les physiciens renonçassent
pour quelque tems à la gloire de
créer des théories, d’enfanter des systèmes
, et voulussent se borner à recueillir
des faits et à les bien vérifier ?
L ’exemple de Saussure doit éclairer
tous les physiciens. Personne , mieux
que lui, ne connaissait les grands phénomènes
géologiques. Dans l’an 1786,
il avait déjà traversé quatorze fois la
chaine entière des Alpes par huit passages
différens, et il avait fait seize
autres excursions jusqu’au centre de
cette chaine ; il a parcouru le Jura , les
Vosges , les montagnes de la Suisse
d’une partie de l’Allemagne, celles de
l’Angleterre, de l’Italie, de la Sicile,
etc. Depuis ce tems il n’a fait que
Voyager dans les montagnes. Il avait
promis plusieurs fois de donner une
théorie de la terre. Malheureusement
pour la minéralogie, il est mort sans
avoir le courage, je ne dis pas de la
publier , mais meme de l’écrire.
L’auteur d’un tableau qui présenterait
dans le même cadre les phénomènes
du globe, en y faisant distinguer
les certains des douteux, les généraux ■a
de ceux qui ne conviennent qu’à une
contrée, rendrait un grand service aux
sciences. Mais ce tableau devrait être
tracé de main de maître, et l’ouvrage
d’une tête sans préventions. Il s’augmenterait
annuellement des nouvelles
découvertes. Les phénomènes qu’on
aurait d’abord vu figurer parmi les
équivoques, prendraient place parmi
les véritables, ou disparaîtraient du