C 7° )
cirée unie aux laves erratiques de Patria,
formant un tout avec elles, est une véritable
lave. Ce n’en est point une portion décomposée,
la décomposition porte un tout autre
caractère. Quand elle provient du gaz acide
sulfurique, la lave affecte la couleur blanche
et le grain presque siliceux ; si elle est
due à l’action de Pair, de l ’eau , du soleil ,
la couleur reste presque la même, et le grain
devient pour ainsi dire terreux. Les morceaux
de cette lave erratique de Patria ressemblent
parfaitement au piperno , et je
crois toutes les laves de ce canton sorties
du cratère de Quarto. Dans l’été de l ’an 4
(1795), on prétend que le lac de Patria fut
le théâtre d’un étrange phénomène , celui
de la mort presque générale de ses poissons,
dont on fait monter le poids à 38,400 my-
riagrammes (i).On en chercha l’explication ;
l ’un supposa un tremblement de terre, l’autre
une exhalaison méphytique, le troisième le
feu du ciel tombé dans le lac : mais avant
d’imaginer tant et de si belles choses , il
fallait premièrement s’assurer que le fait
avait eu lieu. Sur quelles bases s’appuyaient
les calculs de cette mortalité ? Il y a bien de
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Papparence que le fait même restera toujours-
enveloppé d’un nuage impossible à éclaircir,
car il devint la matière d’un procès que l’art
de la chicane , poussé à Naples au dernier
degré de l ’imbroglio , n’était propre qu’à
couvrir d’obscurité. Ce n’était pas un simple
objet de curiosité pour la physique , c’était
une grave matière de finance.
En supposant la vérité du phénomène ,
le fermier du lac échappait à l’obligation
de payer le prix de sa ferme, qui montait
à une somme très-considérable ; aussi fit-il
les derniers efforts pour accréditer sa fable,
tandis qu’il riait en son ame de la bon-
hommie des physiciens. Depuis le prétendu
phénomène, j’ai visité deux fois le lac de
Patria ; j’y ai interrogé les personnes qui
avaient pu en être les témoins , et leurs
rapports ont été si contradictoires et si
vagues , que j’ai cru devoir douter du fait.
Les gens les plus raisonnables ont évalué
la prétendue mortalité du poisson à 2000
myriagrammes (r), et sa cause la plus simple
et par conséquent la plus probable, paraît
avoir été l’échauffement du fond vaseux du
lac , qui en divers endroits conserve à peine