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matière lavée et dissoute dans l ’eau. Elles ne
contiennent pas ces morceaux détachés de
lave qui se trouvent d’ordinaire dans les éruptions
des matières non cohérentes, et n’ont
aucun des caractères qui dénotent les aggréga-
tions tumultuaires. Leur immense quantité et
leur position excluent également l’idée de
l ’infiltration. Formant non-seulement le fond
d’une vaste plaine, mais la charpente de
nombre de collines, et s’enfonçant à une
très-grande profondeur, ils ne peuvent pas
avoir été produits par l ’infiltration des eaux
pluviales au travers du lapillo et autres matières
pulvérulentes. Ajoutons que ces tufs
ne montrent aucune stratification, ce qui
serait arrivé s’ils devaient leur formation à
des pluies successives, mais la plus grande
tendance à la configuration prismatique.
Souvent d’énormes massifs de ces tufs sont
taillés par des lignes verticales qui induisent
à les prendre pour des aggrégats de prismes.
On en pourrait conclure que leur matière a
d’abord été molle, comme une terre*pâteuse
et détrempée dans l ’eau ; qu’ensuite, dans le
dessèchement et par l’effet de la retraite, se
sont formées ses divisions colonnaires. Mais
éloignant l’hypothèse des éruptions boueuses,
j’incline à penser que la majeure partie
des substances volcaniques qui forment le
fond de la plaine à la base de la tour de
Francolisi . et autour du mont Massico ,
doivent leur origine à des volcans sous-marins
fort antérieures à ceux qui formèrent les
collines dépendantes de la Roche-Monfine.
Les empreintes de coquilles et de poissons
qu’on trouve sur les cimes de Taburno et du
Matese, et en d’autres lieux delà Campanie
et de la principauté de Salerne , font croire
que dans des teins fort reculés la Méditerranée
a couvert les hauteurs de l’Apennin.
C’est alors que ces éruptions des volcans
sous-marins ont formé cette plaine sans pouvoir
s’élever à la hauteur des collines voisines
, dont les sommets étaient ceux de
rochers ou d’îles fort élevées au-dessus du
niveau de la mer. Lorsqu’il s’est ensuite
abaissé , d’autres volcans ont formé de nouvelles
collines, et leurs éruptions se sont ,
dans quelques endroits, mêlées avec celles
des volcans sous-marins. Il est certes improbable
que toutes ces substances soient sorties
des seuls cratères qu’on peut reconnaître au-
j ourd’hui aux environs de la Roche-Monfine ;
ainsi il est nécessaire de leur donner une