Sent trouvés dans le massif même des roches
de l ’île, on ne pourrait pas expliquer leur
origine par l'hypothèse d’une grande, extraordinaire
mais passagère débâcle ; il faudrait
bien admettre le séjour de la mer sur ces
hauteurs, pendant tout le tems nécessaire à
la naissance et au développement de ces corps
marins q u i, à en juger par la grandeur des
trous qui les recélaient, devaient avoir acquis
toute la croissance qui leur appartenait;
mais comme ce massif était isolé et détaché
de la montagne , il ne peut servir à démontrer
le séjour de la mer à cette hauteur, il
réduit ainsi à rechercher du moins quelle est
la force qui a pu le soulever jusqu’à cette
élévation. N’ayant pu, dans aucun de ses
trous, trouver de fragmens des coquilles des
animaux qui les ont habités , il semble qu’il
doit avoir été exposé au frottement ou à
l ’action d’une cause qui a détruit ses parties
les plus tendres.
On trouve à cette même élévation dans
l ’xle , deux sortes de pierres, qu i, attendu la
localité, réclament l’attention du lithologue.
L’une d’elles est de couleur blanc-sale , avec
quelques petites parties de couleur cendrée.
Observée à la loupe, on la reconnaît pour un
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mélange de matière spatheuse en petits fragmens
le plus souvent irréguliers, mais tendant
quelquefois à la forme sphérique ; les
parties cendrées paroissent n’être que des
fragmens de corps marins triturés. Ces substances
sont unies par adhésion réciproque ,
sans aucun ciment, et laissent entr’elles beaucoup
de pores et de petits interstices. Cette
pierre se dissout entièrement dans les acides.
On en trouve des morceaux de divers degrés
de consistance, et quelques-uns décomposés
au point de se pulvériser sous les doigts.
L ’autre est une poudingue calcaire, compo-*
sée de petits cailloux roulés de figure sphérique
ou sphéroïdale, et précisément tels que
ceux qu’on trouve aujourd’hui sur la grève
même de l ’île. Ces cailloux sont réunis par
un ciment calcaire qui a souvent rempli les
interstices , mais qui n’a pas quelquefois
comblé tous les vides. Je me restreins à la
simple exposition des faits. Je laisse aux
géologues le soin d’en tirer les conséquences
et de leur assigner leur véritable place. S’il
y a des observations qui démontrent que la
mer a couvert les sommités de l’île de Caprée ,
il y en a d’autres qui font croire que son ni-
veauVélèye aujourd’hui, quoique lentement;