fréquemment. Cette nuée s’étendit peu à peu
et couvrit bientôt le golfe, la ville et les
environs de Naples. Elle était formée d’une
grande abondance de ce sable fin qu’on
nomme cendre , et ne permit plus de voir
le feu du volcan. Le soleil, en s’élevant sur
l ’horizon , offrit un tableau peut-être encore
plus sombre. L’atmosphère chargée de cendre
le rendait plus pâle qu’il ne le paraît dans
les plus fortes éclipses, et un voile noir
semblait répandu sur tout le golfe et le
pays. A l ’extrémité de l ’horizon vers l ’ouest,
le jour se montrait plus clair, tandis qu’on
n’avait à Naples qu’une lumière plus faible
que le crépuscule , et l ’on aurait pu dire
avec Pline le jeune « Jam dies alibi3 illic
cc nox omnibus nigrior densiorque. a»
Pendant cette lugubre nu it, Pair fut parfaitement
serein et la mer tranquille : elle
n’éprouva aucune agitation, au moins dans
le golfe de Naples. La plus légère action
que le Volcan aurait pu exercer sur elle,
aurait dû sur-tout être sensible près de sa
base, et j’étais à portée de m’en apercevoir.
Son influence sur elle fut absolument nulle.
Tandis qu’une lave courait sur le flanc
occidental duVesuve, répandant deyant elle
la ruine.et la désolation, une autre s’était
fait jour au travers de son pendant oriental,
à une élévation un peu moindre et à une
distance un peu plus grande de son sommet.
Celle-là rie pouvait se voir de Naples. On
apercevait seulement une grande lueur dans
1 atmosphère , produite par le reflet de la
lumière qu’elle répandait. D’abord elle se
dirigea à l ’est, se détourna au sud, et descendit
dans le lieu appelé Cognolo ; là elle
trouva heureusement le vallon de Sorienta ,
large de 211 décimètres (1) , profond de
392 (2), long de 5 hectomètres et 282 décimètres
(3). Il présenta à la lave un lit où
«elle pût se répandre : mais cet espace rempli,
le volcan continuant à fournir de nouvelles
matières, elle s’étendit dans la plaine de
Forte près de Pozzelle, où elle se partagea
en trois branches. L ’une prit la direction
de Bosco, l’autre celle de Mauro, et la
troisième celle de la plaine de la Mulara.
Le cours de cette lave ne fut pas moindre
de 29 hectomètres (4) ; mais ayant toujours
(1) 65 pieds.
(2) 121 pieds.
(3) 1627 pieds.
(4) Environ un mille d'Italie.