les maisons et dévastèrent les campagne®
d’une des plus riclies et des plus florissantes
contrées. Pendant l'espace de quinze jours,,
ses malheureux habitans furent dans l ’incertitude
de leur destinée, et souvent forcés
de fuir au milieu de la nuit et de quitter
leurs habitations , pour sauver du moins,
leur vie. L ’aspect du plus léger nuage
répandait la terreur dans tous les esprits.
Quoique çes alluvions ne fussent que d’eaux
pluviales, elles avaient, avec l’inflammation:
du volcan, des rapports très-étroits que j’indiquerai
dans le chapitre suivant.
Ce n’est point encore ici que se termine
la série des calamités qui accompagnèrent
cette fatale éruption. Dans diffërens lieux
voisins de la montagne, il se développa de
fortes et homicides moffètes. Ces dangereuses
exhalaisons se manifestèrent non-seulement
dans la plus grande partie des caves des
maisons de Portici et de Résina, mais se
répandirent dans la campagne, où elles portèrent
la désolation en détruisant tous les
arbres qui étaient alors dans le plus bel état
de végétation. Il s’en montra dans les divers
chemins pratiqués pour monter au Vésuve,,
et elles y causèrent la mort de plusieurs ani~
maux* et même celle de quelques hommes;
C’était un bien lugubre spectacle que celui
de voir de vastes étendues de terres dans
tout l’éclat de la plus riche culture , que
les pluies de cendres n’avaient heureusement
point endommagées, devenir en peu
de jours la proie d’un autre fléau, et être
dépouillées de toute leur verdure et de leurs
arbres par l’action meurtrière des moffètes.
Un phénomène bien extraordinaire est que
cette vapeur méphitique qui détruit toute
végétation et fait périr en peu de jours les
racines des plantes et des arbres, ne fasse
aucun mal aux oliviers ni aux poiriers*
C’est-là un fait confirmé par tous les cultivateurs
de ce pays, et que j ’ai vérifié
maintefois, en voyant verds et dans toute
leur vigueur ces deux sortes d’arbres , au
milieu de la destruction générale de toutes
les autres plantes. Ce phénomène est digne
d’intéresser les savans qui s’occupent de la
physique des végétaux. Ayant examiné le
gaz de ces moffètes par les méthodes ordinaires
, je l ’ai trouvé composé de gaz acide
carbonique, de gaz azote avec quelque dose
d’acide sulfurique, comme le démontre le
précipité de la barite par la solution du