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sée, et celle qui se trouvait répandue dans
l ’air s’étant dissipée , on commença à revoir
le Vésuve; mais son aspect dut surprendre,
car son sommet s’était écroule les jours
précédens, et sa bouclie s’était considéra:-
blement agrandie.
Il en sortait de grandes éruptions, toutes
différentes de celles auxquelles elles succédaient.
11 s’échappait du cratère d’épaisses-
nuées en forme de globes, d’un tel volume
qu’il remplissait toute l’ouverture de la
bouche. Leur surface paraissait grainue
comme celle d’un choux-fleur, et à mesure
qu’elles s’élevaient, elles semblaient se dilater
et s’étendre. Si le soleil les frappait,
leur contour irrégulier était blanc. Dans
le corps.de la nuée, on discernait des corps
doués d’une plus grande pesanteur spécifique
qui retombaient en bas ne pouvant suivre
leur ascension. A peine une nuée était sortie
de la bouche, qu’elle était suivie d’une autre,
en sorte que souvent le cône du Vesuve se
voyait couronné d’une multitude de ces
volumineuses nuées continuellement alimentées
et renouvelées par celles qui sortaient
de sa bouche, et qui s’élevaient à une
hauteur continuellement croissante et supé*
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rieure à celle de la montagne. Ces nuées
étaient composées de fragmens d anciennes
laves, de débris de scories et de cendres
projetées en l’air par la force de 1 explosion ,
et comme une éruption attendait a peine
l ’autre, l’immense quantité de pierres qui
se heurtaient en l’air, celle qui retombait
dans l’entonnoir , celle qui d’une prodigieuse
hauteur retombait sur les parois
extérieures du volcan, produisaient un bruit
capable de jeter l ’épouvante.
Tel fut l’état du volcan jusqu’au 5 juillet,
et pendant tout ce période de tems, un
autre météore causa des dommages incalculables
aux campagnes voisines du Vésuve :
ce fut la pluie, qui pendant quinze jours ne
cessa jamais, et fut le plus souvent si impétueuse,
qu’elle dévasta les meilleurs territoires
du Somma, d’Ottajano et de Bosco;
Si un nuage se montrait sur l’horizon, il
paraissait attiré par le volcan, et à peine il
en obscurcissait la cime, qu’on voyait descendre
vers sa base, avec un horrible fracas,
d’immenses fleuves. Ces torrens fougueux
d’une eau mêlée de cendres, renversèrent
les ponts , coupèrent les chemins , arrachèrent
et roulèrent les arbres, emportèrent