très-embarrasé lorsqu’il s’agit de déterminer chaque
espèce, et de lui assigner des caractères propres et
différentiels. .
« J’ai cherché à disposer les différentes espèces
de Chêne d’Àmérique, suivant une série naturelle.
Poùr y parvenir, j’ai pensé d’abord que les parties
de la fructification me fourniroient des caractères
propres à établir cette série ; aucune ne m’en a offert
les moyens, et je n’ÿ ai trouvé que des distinctions
de peu d’importance, telles que l’attache des fleurs
femelles, tantôt presque sessiles, tantôt pédonculées;
la grosseur des fruits, leurs différentes époques de
maturité, etc. Il ne m’a pas été possible non plus
d’établir une distinction suffisante, d’après la structure
de la cupule. J’ai donc porté mes observations
sur les feuilles ; elles m’ont offert des distinctions
plus frappantes, et je m’en suis servi pour établir
deux sections dans ce genre. La première renferme
les espèces à feuilles mutiques, c’est-à-dire dépourvues
de pointes sétacées ; j’ai rangé dans la seconde
celles à feuilles, dont le sommet ou les découpures
sont terminées par une soie.
« L ’intervalle de temps qui s’écoule entre l’apparition
de la fleur et la maturité du fruit, n’est pas
le même dans toutes les espèces de Chêne; ce terme
de la fructification, que j’ai présenté d’abord comme
insuffisant pour établir les deux sections principales,
m’a paru néanmoins assez important pour l’admettre
comme caractère secondairé.
« Il est bien reconnu que toutes les espèces de
Chêne sont monoïques, et que dans le Chêne rouvre
( Quercus robur. Linn. ) et dans plusieurs autres espèces
, les fleurs mâles sont situées sur les jeunes
rameaux qui naissent au printemps, et que lés fleurs
femelles sont disposées sur ces mêmes rameaux au-
dessus des fleurs mâles. On sait aussi que les unes et
les autres sont axillaires; qu’immédiatement après la
fécondation, les fleurs mâles se fanent et tombent,
tandis que les fleurs femelles continuent leur accroissement,
et parviennent, dans lé cours de la même
année, au terme de la fructification. C’est-Ià la marche
ordinaire de la nature ; mais il n’en est pas de même
à l’égard de plusieurs espèces de ce genre, dans lesquelles
lés fleurs femelles, que l’on voit paraître au
printemps, restent un an entier sans accroissement.
Il est à présumer qu’elles ne sont pas fécondées dès
la première année , puisque ce n’est qu’après le
deuxième printemps qu’elles augmentent de grosseur
, et parviennent à maturité. Il y a donc Un intervalle
de dix-huit mois depuis l’apparition de la
fleur jusqu’au temps de la maturité du fruit. Ces considérations
m’ont fourni deux divisions secondaires ;
l ’une comprend les espèces que j’appelle & fructification
annuelle, c’est-à-dire, auxquelles l’intervalle
ordinaire de six mois suffit pour arriver au terme de
la maturité du fruit ; l’autre renferme les espèces
dont la fructification est bisannuelle, c’est-à-dire, dont
le fruit ne mûrit qu’au bout de dix-huit mois. Il faut
remarquer que, lorsque la fructification est annuelle,
elle reste toujours axillaire, tandis que, dans les