semaines, et qu’alors le bois n’est plus sujet à la
vermoulure.
Le Hêtre dure long-temps dans les lieux secs, et il
est incorruptible sous l’eau ; mais il s’altère promptement,
lorsqu’il est exposé aux alternatives de la sécheresse
et de l’humidité.
En Europe , où l’on n’a pas, comme dans le Nord
de l’Amérique ,' beaucoup d’espèces d’arbres telles
que les différentes sortes de Bouleaux e td’Erables,
dont les bois sont très-beaux et plus durables que
celui du Hêtre , on est obligé de se servir de ce
dernier d’une manière beaucoup plus générale: ainsi,
débité en planches plus ou moins épaisses , les menuisiers
en font des tables et des couchettes ; les
tourneurs , des v is, des rouleaux , des pilons , des
écuelles ; on en fait des sabots et des pelles à remuer
les grains. Dans la reliure dés livres , divisé
en feuillets très-minces, il étoit autrefois employé
au lieu de carton. Dans le Nord de la France, les
charrons en font des jantes de roues.
Aux Monts-Pyrénées, dans la vallée de Saint-Jean-
Pied-de-Port, les habitans en fabriquent des rames
qui s’emploient dans tous les ports de mer de l’Océan.
Ce bois est pliant et a du ressort, tant qu’il
conserve un peu de séve. Cependant, je crois que
pour ce dernier usage, rien n’égale le Frêne blanc
dont on se sert dans tous les Etats-Unis. Comme
bois de chauffage, le Hêtre est fort estimé , quoiqu’il
dure peu au feu. Ses cendres contiennent beaucoup
d’alkali.
Dans quelques cantons de la Belgique, et notamment
près du village dé Saint-Nicolas, entre Gand
et Anvers, on en fait des haies très-solides et d un
très-bel effet. Ces haies sont faites avec de très-jeunes
arbres, espacés de 7 à 8 pouces (21 à 24 centimètres),
inclinés en sens opposé, et croisés les uns sur les
autres, de manière à former des losanges de 4 k 6
pouces f ia à 18 centimètres). Ces jeunes plants, maintenus
pendant les premières années au point d’intersection
par une ligature d’osier, finissent en grossissant,
par se greffer ou se souder à cet endroit. Le
Hêtre qui souffre bien la taille au ciseau ou au croissant
, et qui pousse moins de gourmands que beaucoup
d’autres arbres, paroit très-bien remplir cet
objet. Comme ces sortes de haies doivent offrir un
grand degré d’intérêt à tous les cultivateurs des Etats,
du centre et du Nord des Etats - Unis, je rendrai
compte , dans le résumé qui terminera cet ouvrage ^
des détails relatifs à leur confection.
Dans les départemens de la ci-devant Normandie,
et principalement dans le pays de Caux, on borde
et on entoure, avec des Hêtres, les fermes et les
châteaux. Ces arbres placés sur la.même ligne, à
côté les uns des autres, et exposés à un air libre,
croissent plus vite, s’élèvent beaucoup et prennent
une superbe tige ; ils forment, dans les campagnes,
des rideaux verts d’un aspect majestueux, qui annoncent
et enclosent toujours un lieu habité.
Le Hêtre se multiplie facilement par'ses graines ,
qu’on peut semer depuis le mois d’octobre jusqu’en