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Le Hêtre b la n c , paré d’un superbe feuillage, est
un arbre magnifique. Il est plus élancé et beaucoup
moins rameux que le Hêtre rouge. Ses feuilles, considérées
isolément, sont ovales , acuminées , lisses
en-dessus et en-dessous, avec des nervures parallèles
très-prononcées; elles sont légèrement bordées
de poils qui ont de 1 à 2 lignes (2 à 5 millimètres) de
Ion gueur. Cet arbre appartient à la classe de la
Monoecie.de Linnæus , dont les fleurs mâles et les
fleurs femelles sont séparées, mais placées sur le
même p ied; les premières sont disposées sur des
cliatons sphériques , suspendus par un pédicule
flexible et long d’environ 10 à 12 lignes ( 3 centim. 1.
Les fleurs femelles sont peu apparentes. A ces dernières
succèdent des fruits de forme ovale et héris^
sés de pointes courtes et flexibles. A l’époque de leur
maturité, ils s’ouvrent en quatre parties et laissent
échapper deux semences de forme triangulaire, couvertes
d’une enveloppe coriace.
Le tronc des Hêtres, même dans les vieux arbres,
est revêtu d’une écorce épaisse, d’une couleur grise ,
et qui est toujours unie et non fendillée jlomme celle
du Chêne et du Châtaignier; dans l ’espèce que je décrispa
proportion de l’aubier au coeur est très-considérable;
ainsi, dans des arbres de i 5 à i 8pouces(7|. à 5 décimètres) de diamètre, il n’existe souvent que 2
à 3 pouces ( 3 centimètres) de coeur. C ’est de la
grande blancheur de l’aubier que lui est venu le
nom de Hêtre blanc; car, comme je l ’ai remarqué
plusieurs fois, dans ce pays 011 distingue le plus ordi-
F A G U S S Y L V E S T R I S . m
nairementles espèces d’arbres du même genre , dont
le bois est employé dans les arts, par la couleur de
celui-ci, et non par la différence que peuvent offrir
les fleurs et les feuilles.
Quant aux propriétés que possède le bois du
Hêtre b lanc, j’en parlerai à l ’article suivant, où je
traiterai du Hêtre rouge , qui est beaucoup plus estimé
, et d’un usage beaucoup plus étendu.
Sur les bords de l’Ohio, et dans quelques parties
du Kentucky, où le Chêne est rare, et où par suite on
ne peut se procurer assez d’écorce de cet arbre pour
le tannage des cuirs, on lui substitue celle du Fagus
sylvestris , qu’on lève dans le courant du mois de
juin. Le cuir préparé avec cette écorce est très-blanc
et de bonne qualité. Cependant, les tanneurs du
pays avouent que le tannage fait avec l’écorce de
chêne, est préférable.
Dans l ’hiver, on apporte quelquefois, â Philadelphie
, du bois de Hêtre comme combustible , mais
la quantité en est trè s -p e tite , comparativement à
celui de Hickery et de Chêne; ce qui sembleroit faire
croire qu’il est peu estimé sous ce rapport.
Tels sont les résultats de mes observations sur le
Fagus sylvestris, arbre d’une grande beauté, mais
dont le bois n’est que d’un intérêt secondaire dans les
arts, et qui n’a aucunes qualités qui doivent le faire
rechercher des Européens.
P LANCHE VIII.
Rameau représentant les feu ille s et le fru it de grandeur fiatu-
l'elle, f ig . 1 , fr u it hors de son enveloppe.