particulier, ne peuvent remédier; car ils ne possèdent,
que je sache, aucun corps de forêts. Je pense
donc qu’avant 5o ans, eu égard à l’augpientation de
la population, aux défrichemens considérables qui
auront forcément lieu ; enfin à l'appauvrissement
du sol, résultat de l’altération du climat, les Etats
du centre, qui sont actuellement les plus garnis de
cette espèce de Chêne, seront ceux qui en fourniront
le moins, tandis qu’au contraire, dans le Kentucky,
le Tenessée, le Génessée et autres parties plus au
nord , où j’ai dit qu’elle étoit peu multipliée, elle
le sera beaucoup plus, et que très-probablement,
dans les forêtscpii existeront alors dans ces contrées,
elle remplacera en grande partie les essences qui les
composent aujourd’hui, et qui ne trouveront plus
dans la nature du sol assez de fertilité pour s’y reproduire;
ainsi, près de la rivière de Rennebeck,
au milieu des forêts,primitives, composées de Hêtres,
dé Bouleaux à canot, d’Erables à sucre et de Pins du
Canada, j’ai vu de petits cantons anciennement défrichés,
puis abandonnés, qui s’étoient naturellement
recouverts de Chênes blancs et de Çhênes gris,
tandis que dans la basse Virginie j’ai remarqué que
de mauvais Chênes rouges et des Pins , Pinus mitis
et Pinus' tceda, en grande abondance, remplaçoient
des arbres d’une meilleure qualité. Les vallons, au
milieu desquels circulent les rivières à l’est des montagnes,
sont, à quelques exceptions près, les seuls
endroits où pourroit se faire cette heureuse métamorphose
; mais ces terreins sont trop précieux pour
la culture, et l’on ne saurait en tirer un meilleur
parti.
Le Chêne blanc de l’Amérique septentrionale
peut-il être considéré çpmme une acquisition utile
pour l’Europe, et par, suite convient-il de. le multiplier
dans les forêts de l'Empire, au détriment
du Quercus pedunculata , qu même conjointement
avec lui ? Je ne le pense pas , et mon
opinion est fondée sur les renseignemens que j’ai
obtenus principalement de beaucoup de constructeurs
de vaisseaux américains , français et anglais
établis dans les Etats-Unis , et qui ont été à même
de travailler ces deux espèces de bois ; presque tous
sont d’avis, comme je l’ai dit plus haut, que le
Chêne d’Europe est préférable, parce que son grain
est plus serré et plus compacte ; cependant quelques-
uns croient que celui de l’Amérique régalerait en
bonté, si on ne le mettoit en oeuvre que lorsqu’il est
parfaitement sec, et si les pièces employées prove-
noient d’arbres venus autour des champs dans les
endroits fort anciennement défrichés. Suivant ces
mêmes personnes, la supériorité du Chêne blanc
se trouverait seulement dans son plus grand degré
d’élastjcité , qui le rend propre, lorsqu’il est encore
jeune ., à en faire des cercles pour les tonneaux. Mais
cet avantage ne saurait compenser son principal
défaut; et d’ailleurs les cercles du Châtaignier de
France sont bien préférables à ceux du Chêne d’Amérique
, parce qu’ils n’ont pas comme ceux-ci l’inconvénient
de pourrir aussi promptement, ce qui