C’est principalement sur les îles nombreuses et assez
fertiles qui bordent les côtes, pendant plusieurs centaines
de milles, ainsi que sur la grande terre au
bord des lagons , autour des anses et le long des
criques, que le Chêne vert est le plus abondant,qu’il
acquiert son plus grand développement, et que son
bois est de meilleure qualité. Les îles de St. Simon,
de Cumberland , de Sapelo, et quelques autres qui
se trouvent entre les embouchures des rivières St.
Jean et Sainte-Marie, sont celles où j’ai observe
plus particulièrement cet arbre, dans le cours d’une
navigation de plus de i 5o lieues ( 700 kilom. )
que je fis, en pirogue, sur les lagons, à partir du
cap Canaveral dans la Floride orientale, jusqu’à
Savannah en Géorgie. Dans ce voyage , j’en vis souvent
qui se trouvoient immédiatement sur la plage ,
et d’autres qui étoient à moitié ensevëlis dans lès
sables des dunes, et q u i, quoique dans un sol sablonneux
et mouvant, c o n s e r v o ie u t une belle verdure
et une apparence de végétation vigoureuse,
résistant ainsi pendant des laps de temps considérables,
en hiver aux furies des tempêtes , et en été, à
l’ardeur d’un soleil brûlant. La hauteur totale la plus
ordinaire du Chêne vert est d’environ l\o à 45 pieds
( i 5 mètres ), sur 1 à 2 pieds (ffo centim. J de diamètre.
Ce n’est pas qu’il ne vienne beaucoup plus
gros; car monsieur S., président delà société d’agriculture
de Charleston S. G , m’a dit en avoir fait
abattre'un, qui avoit ¿4 pieds’ ( 8 mètres ) de circonférence;
il est vrai que cet individu étoit creux
intérieurement. Comme tous les arbres qui croissent
isolément, cet arbre a un sommet très-élargiet très-
touffu , qui repose sur une tige haute de 18 à 20
pieds ^ 6 mètres ) , mais qui le plus souvent, se
partage en plusieurs branches, à lamoitié de cette élévation
; de sorte que , vu dans l’éloignement, son aspect
ne ressemble pas mal à celui d’un vieux pommier
ou plutôt d’un vieux poirier. Ses feuilles considérées
séparément sont de forme ovale, coriaces ,
d’un vert foncé en-dessus et blanchâtres, en-dessous.
Elles restent plusieurs années sans tomber, et ne
se succèdent que partiellement les unes aux autres.
On remarque encore que, sur un grand nombre d’arbres
qui ont été plantés dans des habitations , ou
qui croissent dans des terreins assez frais , les feuill?
les sont dea moitié plus grandes, et que beaucoup
d’entre elles sont dentées. Elles le sont, au contraire,
presque toutes, et d’une manière très-prononcée,
dans le s tplants de deux ou trois ans.
Les glands du chêne v e r t , contenus dans des cupules
pédiculées, peu profondes et de couleur grisâtre,
ont une forme ovale-alongée, et sont presque
noirs. On assure que les Indiens en tiroient autrefois,
par expression, une huile qu’ils mêloient à leurs alignions
; peut-être même les mangeoient-ils, car, sans
être agréables au goût, ils n’ont pas une saveur âpre
et arrière, comme ceux de beaucoup d’autres espèces.
Dans certaines années, ils sont fort abondans. Ils
germent avec une telle facilité, que /lorsqu’il vient à
pleuvoir, à l’époque de leur maturité , peu de temps